Andreas Dackell contre un choix de huitième tour. Aaron Luchuk et un choix de septième tour contre Matthew Peca. Andrew Sturtz et un choix de cinquième tour contre Mike Reilly.

Depuis le retour de la LNH à Ottawa, en 1992, les transactions ont été bien rares entre les Sénateurs d’Ottawa et le Canadien de Montréal. Avant l’échange de Dackell, en 2001, il faut remonter à 1933 et 1934. Les droits d’Albert Leduc avaient d’abord été vendus aux Sens par le Tricolore, puis rachetés quelques mois plus tard.

Aussi bien dire qu’aucun coup d’éclat n’a eu lieu à ce jour entre les deux formations. Et si l’histoire s’apprêtait à changer ?

Différents médias, notamment La Presse, par le truchement de son journaliste Mathias Brunet, ont écrit que le Canadien tentait activement de devancer son deuxième choix de premier tour, actuellement établi au 26rang, afin de se rapprocher du top 15, peut-être même du top 10.

Pourrait-il même tenter de se hisser jusqu’au 7rang, détenu pour l’heure par les Sénateurs ?

Vous ne lirez pas ici que c’est chose faite. Le directeur général du Canadien, Kent Hughes, a dit mercredi qu’il parlait « à tout le monde », mais qu’il ne pouvait rien dire « pour le moment ».

Son homologue chez les Sénateurs, Pierre Dorion, était autrement jasant. Il ne tente pas de cacher qu’il est prêt à utiliser son choix de premier tour pour améliorer son équipe.

Bruce Garrioch, qui couvre les activités pour l’Ottawa Sun, a écrit au cours des derniers jours que le club était à la recherche d’un ailier droit pour épauler Tim Stützle. Le journaliste, d’ordinaire bien informé, a ajouté mercredi soir que le nom de Josh Anderson aurait été au centre de discussions entre les deux rivaux de la division Atlantique.

Dorion n’a pas spécifiquement commenté ces hypothèses. Et il a servi le refrain de circonstance dans l’éventualité où il s’exprimerait bel et bien au micro, ce jeudi soir au Centre Bell.

« Si on garde le choix, on sait qu’on obtiendra un très bon joueur, a-t-il dit à la douzaine de représentants des médias réunis autour de lui, mercredi matin. Pas un gars qui jouera dès la saison prochaine, mais certainement un défenseur de niveau top 4 ou un attaquant top 6 qui aura un impact d’ici deux, trois ou quatre ans. »

Voilà pour ça. Du reste, le message est clair comme de l’eau de roche : « Tout le monde sait qu’on veut gagner. »

« L’étape suivante »

Ce n’est pas juste Dorion qui le dit. Ses deux plus grandes vedettes, le défenseur Thomas Chabot et l’attaquant Brady Tkachuk, qui est aussi son capitaine, lui ont signifié, à la fin de la dernière saison, qu’ils s’attendaient à ce que leur équipe passe à « la prochaine étape ».

Lire ici : commencer à gagner, et à gagner pour vrai. Après avoir atteint la finale de l’Association de l’Est en 2017, les Sénateurs ont raté les séries éliminatoires par une marge appréciable au cours des cinq dernières saisons.

Le club a, dans l’intervalle, fait le plein d’espoirs de talent. L’heure est aujourd’hui venue d’entourer les jeunes surdoués de vétérans pour que cette longue reconstruction porte enfin ses fruits.

« Depuis qu’on est arrivés ici [à Montréal], on a eu beaucoup de discussions, a confirmé Dorion, mercredi. Pas juste pour le choix de premier tour, pour d’autres choix, aussi. »

Ce n’est pas un secret qu’on essaie de s’améliorer, d’amener des joueurs qui ont un certain profil, de l’expérience.

Pierre Dorion, directeur général des Sénateurs d’Ottawa

Combien d’équipes lui ont déjà fait signe ? « Plusieurs », a souri le DG, qui n’est pas disposé qu’à laisser aller des choix au repêchage de jeudi. Des joueurs sélectionnés au cours des dernières années pourraient aussi être sacrifiés.

Dorion ne se berce pas d’illusions : Ottawa n’est pas la destination la plus prisée des joueurs vedettes du circuit qui atteignent leur pleine autonomie et qui, par conséquent, peuvent s’entendre avec l’équipe de leur choix. Ses jeunes atouts, nombreux, prennent donc une importance encore supérieure.

« L’année dernière, on a essayé d’avoir des joueurs autonomes pour pourvoir des postes à certaines positions, mais les joueurs de 27, 28 ou 29 ans, ils veulent gagner, a dit Dorion, lucide. Si on veut attirer des joueurs autonomes, on doit faire tout un pitch. Je ne connais pas beaucoup de joueurs qui rêvent de venir prendre leur retraite à Ottawa… »

Un journaliste lui a demandé à la blague s’il croyait que Claude Giroux était encore trop jeune pour prendre sa retraite. La question n’était pas anodine, alors que le nom du Franco-Ontarien de 34 ans, qui a terminé la dernière saison avec les Panthers de la Floride, est lié aux Sénateurs par de multiples rumeurs.

Souriant, Dorion a rappelé que Giroux était « encore la propriété d’une autre équipe » et ajouté qu’il se garderait de faire d’autres commentaires.

Et le Canadien, dans tout ça ? Négocier avec une équipe de sa division n’est pas un tabou, a insisté le gestionnaire, ajoutant qu’il avait « toujours eu une bonne relation avec Kent [Hughes] et Jeff Gorton ». Avec Hughes du temps que celui-ci était agent, il a négocié plusieurs contrats, a-t-il dit.

« J’ai beaucoup de respect pour ce que font les deux hommes. Si un échange peut aider nos deux équipes, c’est sûr qu’on va le considérer sérieusement. »

C’est peut-être la dernière fois qu’on parle d’Andreas Dackell et d’Aaron Luchuk, finalement.