(Denver, Colorado) Jon Cooper est un orateur fabuleux et encore une fois, l’entraîneur-chef du Lightning de Tampa Bay a trouvé les mots justes pour exprimer ce que tous ceux qui ont passé leur vendredi soir devant leur télé ressentent.

« Est-ce que cette série était destinée à se rendre à six ou sept matchs ? Mets-en [damn right]. Ces deux équipes sont beaucoup trop bonnes. »

Parce que, oui, nous aurons droit à au moins un autre duel entre ces deux grandes équipes. Ondrej Palat a brisé l’égalité avec six minutes à jouer en troisième période et le Lightning a évité l’élimination en l’emportant 3-2 face à l’Avalanche du Colorado, vendredi, dans un Ball Arena assourdissant.

Décidément, Palat a le don de se lever quand l’enjeu le commande. Avec son tir sur réception en plein milieu de l’enclave, il a inscrit le 12e but gagnant de sa carrière en séries.

Chez les joueurs actifs, seuls Joe Pavelski (14) et Evgeni Malkin (13) en totalisent davantage que celui dont la carrière en Amérique du Nord a commencé au pays du Roy Jucep.

« On blague toujours avec lui, on l’appelle Sneaky P [le rusé], et il trouve toujours une façon de briller, a raconté le joueur de centre de Palat, Steven Stamkos. C’était un but tellement important. Ça nous permet de prolonger notre saison. »

L’attaquant tchèque, ignoré à ses deux premières années au repêchage, avant d’être réclamé au 208e rang en 2011, continue à faire regretter les 29 autres équipes qui composaient alors la LNH.

PHOTO DAVID ZALUBOWSKI, ASSOCIATED PRESS

Ondrej Palat

Du grand Sergachev

Parlant de regrets… Difficile de ne pas penser aux regrets que peut avoir eus Marc Bergevin en échangeant un jeune Mikhail Sergachev il y a cinq ans, presque jour pour jour. L’ancien DG du Canadien adorait les défenseurs robustes et costauds, et c’est ce qu’offre Sergachev, en plus de patiner comme le vent.

Le Russe s’est imposé en plaquant Nathan MacKinnon – rien de moins – en plein milieu de l’enclave, quelques instants après que le Lightning a ouvert la marque. Nazem Kadri a aussi eu droit à une rencontre sans amour avec le grand Russe. On pourrait ajouter l’attaque à deux contre un qu’il a neutralisée, et une kyrielle d’autres jeux.

« Tu dois être dur contre leurs meilleurs éléments, a rappelé Cooper. Toute la soirée, il a bien défendu notre territoire, il a annulé plusieurs jeux en fond de zone. Tout le monde aime se porter à l’attaque, lui aussi. Mais que fais-tu quand tu n’as pas la rondelle ? C’est là qu’il a vraiment excellé ce soir. »

Les unités spéciales, enfin

L’arbitrage continue à faire jaser. Deux jours après avoir fait rager le Lightning et ses partisans sur le but gagnant en prolongation, les officiels ont cette fois provoqué la colère des partisans de l’Avalanche. Colère qui s’est manifestée par beaucoup de huées, et par une bouteille lancée sur la patinoire en milieu de match, après qu’une rondelle dégagée par Nick Paul a abouti dans les gradins.

Le karma n’a visiblement pas pris congé en ce jour férié chez nous. L’Avalanche a écopé d’une pénalité pour avoir eu trop de joueurs sur la patinoire en fin de match, limitant la pression sur le Lightning pour les trois dernières minutes. « Ça ne devrait pas être une histoire », a répondu Cooper.

« Je ne commencerai pas à commenter l’arbitrage, a lancé Gabriel Landeskog, capitaine de l’Avalanche. Ils peuvent continuer à le faire, mais nous, on va se concentrer sur notre jeu. »

Cela dit, dans les quatre premiers matchs, peu importe ce que les arbitres pénalisaient ou laissaient passer, ça ne changeait rien : les unités spéciales du Lightning étaient atroces.

Cette fois, elles ont résisté aux deux avantages numériques du Colorado, en plus d’inscrire un but à quatre contre trois, résultat d’un superbe échange entre Stamkos et Nikita Kucherov.

Avec de bonnes unités spéciales et avec du jeu défensif serré, le Lightning se donne donc la chance de retourner devant ses partisans. Cette équipe vise une troisième Coupe Stanley de suite, et remporte un match où elle risque l’élimination pour la quatrième fois depuis le début de cette incroyable séquence.

Les plus vieux membres du noyau, les Stamkos, Palat, Kucherov, Hedman et Andrei Vasilevskiy, en sont à leur quatrième finale ensemble, après celle de 2015. C’est sans oublier des vétérans comme Corey Perry et Patrick Maroon, qui refusent de faire autre chose que jouer au hockey en juin.

« Ça se voit dans ce vestiaire. Les gars font tout pour gagner, même s’ils sont maganés. Nous voulons gagner », a martelé Perry.

Venant d’un gars qui a terminé ses deux dernières finales en regardant l’autre équipe festoyer, on ne peut douter de sa sincérité.