(Denver, Colorado) On dit souvent des athlètes d’élite qu’une de leurs grandes qualités est leur constant désir d’amélioration, cet état d’esprit qui fait en sorte qu’ils ne sont jamais satisfaits. Après trois ans dans la LNH, Cale Makar fait déjà partie des athlètes d’élite et on comprend mieux sa mentalité.

L’Avalanche a beau mener cette finale 1-0, Makar a gaffé dans le premier match et il le sait.

En fait, c’est lui et son partenaire, le très fiable Devon Toews, qui ont été coupables sur le jeu. Remarquez que c’était contre Nikita Kucherov, un des attaquants les plus créatifs du circuit. Mais sur cette séquence, Makar et Toews ont mal paru.

Nonchalance ? Mauvaise lecture de jeu ? Marsouinage sur la patinoire ? Laissons plutôt Makar lui-même analyser la séquence, qui s’est conclue par un but d’Ondrej Palat.

« Il y avait pas mal trop d’espace entre eux et nous, puis ils ont fait leur jeu en croisé, a décrit Makar, après l’entraînement de vendredi au Ball Arena. En temps normal, nous gardons un bon écart, nous suivons notre joueur quand il arrive à la ligne bleue, mais comme notre écart n’était pas adéquat, nous avons reculé. Je savais que Kucherov allait tenter la passe à Palat s’il réussissait à contourner Toews. J’ai juste été paresseux… C’était peut-être un moment d’égarement mental de ma part. Il ne faut pas que ça arrive. »

Photo Ron Chenoy, USA TODAY Sports

Cale Makar (8) devant les journalistes répond à leurs questions

Makar peut se consoler : ça n’arrive pas souvent à son duo, de telles bévues. L’Albertain peut déjà être considéré comme le meilleur défenseur offensif de la LNH, mais son jeu d’ensemble est nettement plus assuré que celui d’autres talents similaires au même âge, par exemple Erik Karlsson.

Toews, lui, est la force tranquille du duo. Il a terminé la saison à + 52, et au cours des deux dernières saisons, il affiche un rendement de + 81, ce qui lui vaut le premier rang dans la LNH pour cette période, loin devant Elias Lindholm (+ 71), deuxième.

Lorsqu’ils sont ensemble sur la patinoire, les indicateurs sont démentiels. En saison, à cinq contre cinq, l’Avalanche a marqué 55 buts avec le duo Toews-Makar sur la patinoire, contre 24 buts accordés. Cela les situe au deuxième rang des tandems de la LNH pour le ratio buts marqués/buts accordés.

Pas de tirs

Si Makar a été très dur envers lui-même au sujet du but de Palat, il l’a moins été au sujet de son apport offensif.

Son duo a été limité à un seul tir au but, réussi par Toews, et aucun point. Cela ne veut pas dire qu’ils ne créaient rien. Makar a tenté neuf tirs, mais trois ont raté la cible et six ont été bloqués par les patineurs du Lightning, dont un par Mikhail Sergachev à la suite d’un courageux plongeon dans les dernières secondes de la troisième période.

« On a vu ça à quelques reprises en séries contre Cale, a rappelé Jared Bednar, l’entraîneur-chef de l’Avalanche. Je me souviens d’un match contre Nashville où ils bloquaient toujours ses tirs, mais il n’a pas lâché et a fini par marquer en prolongation. »

Bednar fait ici référence au match no 2 de la série contre les Predators, match dans lequel Makar a été crédité de 12 tirs cadrés (!), en plus de 11 autres tentatives (!!) bloquées par des patineurs de Nashville.

« Les joueurs du Lightning sont très bons pour bloquer des tirs, a rappelé Makar. Mais même quand ça arrivait, nos attaquants étaient généralement efficaces pour récupérer les rondelles. »

C’est là une observation fort pertinente de Makar, parce que justement, c’est de cette façon qu’Andre Burakovsky a marqué en prolongation. Sur la séquence, le tir de J.T. Compher est bloqué par Victor Hedman, mais Valeri Nichushkin récupère la rondelle pour la remettre à Burakovsky, qui marque le but payant.

« J’ai essayé de bloquer le tir, de m’assurer que la rondelle ne passe pas derrière moi, mais ils sont revenus et ont fait le jeu, a analysé Hedman. Ce genre de jeu, ça arrive, mais en général, il est préférable d’essayer de se mettre dans la ligne de tir. Ils ont fait un jeu rapide et ont marqué. Il faut mettre ça derrière nous et continuer à bloquer des tirs. »

Cette série était vue comme un duel entre Makar et Hedman, considérés par beaucoup comme les deux meilleurs défenseurs de la Ligue nationale. C’est d’ailleurs la première fois depuis 2001 (Raymond Bourque contre Scott Stevens) que deux finalistes au trophée Norris s’affrontent en finale. Le premier match l’a toutefois démontré : même si leur impact sur un match est largement positif, il n’est pas impossible de marquer contre eux !