(Denver) Rendons à Pierre-Édouard Bellemare ce qui lui revient : il a le don d’exprimer clairement ses idées. Prenez sa réponse sur Corey Perry.

« C’est un des joueurs qui m’ont donné de la difficulté. C’est un joueur qui te fait chier, il est toujours sur ton gardien, il trouve toujours le moyen de tomber sur ton gardien. »

Ça, c’était avant la saison actuelle. Après des années à jouer l’un contre l’autre, Bellemare et Perry font maintenant équipe chez le Lightning de Tampa Bay, et évoluent souvent au sein d’un même trio. Ce qui a forcément changé la perception qu’a Bellemare du numéro 10…

« Je ne l’aimais pas, mais je ne le connaissais pas dans un vestiaire. Il est respectueux, il pousse les joueurs à donner le meilleur d’eux-mêmes. Sa prestance impose du respect, mais il y a aussi les choses qu’il dit. »

Que tu sois le meilleur joueur ou le moins bon, il t’encourage de la même façon et ça, c’est magnifique.

Pierre-Édouard Bellemare

Perry se retrouve en finale pour la troisième année de suite, dans un troisième uniforme. L’an passé, il était avec le Canadien. L’année d’avant, avec les Stars. « Toute est dans toute », aurait écrit Voltaire dans une première version de Zadig, et ce bon vieux François-Marie pensait certainement à Perry, qui a perdu deux années de suite en finale contre le Lightning, et qui dispute maintenant cette finale avec le chandail à l’éclair.

« C’est bizarre. Du rachat de mon contrat à Anaheim à ma saison à Dallas, celle à Montréal et maintenant ici, ç’a été spécial, mais aussi plaisant. J’espère que la troisième fois sera la bonne », a-t-il résumé, mardi, lors de la journée des médias, au Ball Arena.

Perry est le deuxième joueur de l’histoire à disputer trois finales de suite pour trois équipes différentes. Le premier ? Marian Hossa, avec les Penguins de Pittsburgh en 2008, les Red Wings de Detroit en 2009 et les Blackhawks de Chicago en 2010. Après des défaites les deux premières fois, le Slovaque a fini par triompher avec les Blackhawks.

Perry n’est certainement pas productif comme le Hossa d’il y a 12 ans. Il a inscrit 40 points cette saison, et en totalise 8 en 17 matchs en séries. À la blague, on pourrait dire qu’il a simplement du flair pour deviner, neuf mois en avance, quelle équipe peut se rendre jusqu’au bout.

« Tu regardes surtout où tu vas cadrer le mieux », a-t-il rétorqué, mal à l’aise devant la question sur ses talents d’évaluateur. Plus tard, il ajoutera que le fait que le Lightning lui ait offert un contrat de deux ans a fait pencher la balance quand il était sans contrat, l’été dernier.

Photo Olivier Jean, archives LA PRESSE

Corey Perry avec le Canadien la saison dernière

Sauf qu’il n’y a pas de hasard dans la vie. L’an passé à Montréal, joueurs et entraîneurs vantaient sans cesse son influence, notamment dans la remontée du Canadien contre les Maple Leafs de Toronto au premier tour. Perry avait fait partie de ceux qui s’étaient levés pour rassembler les troupes.

« Il a été une ressource très importante dans le vestiaire pour les autres vétérans, mais pour nos jeunes aussi, a souligné Julien BriseBois, directeur général du Lightning. Il était un mentor pour les jeunes. Pour nos entraîneurs, il était aussi une personne-ressource pour discuter des stratégies. Il a fait la même chose avec moi. J’ai aimé mes discussions avec lui. Il a une grande expérience et c’est un gagnant. »

Presque un record

Effectivement, Perry est un gagnant. Il suffit de regarder tous les dessins sur sa fiche Elite-Prospects. On imagine le plaisir qu’aurait Marie Kondo à organiser son armoire à trophées.

Consultez la fiche Elite-Prospects de Corey Perry

Cela dit, Perry compte une seule bague de la Coupe Stanley, et il l’a remportée en 2007, il y a 15 ans. Dans l’histoire de la LNH, un seul joueur a attendu plus longtemps entre deux sacres : Chris Chelios, titré avec Montréal en 1986 et avec Detroit en 2002.

Chez l’Avalanche du Colorado, Darren Helm se retrouve pratiquement dans la même situation que Perry. Ce joueur de soutien a soulevé le gros trophée à sa toute première saison dans la LNH, en 2008. Il a atteint la finale l’année suivante, dans une cause perdante, et il est de retour en finale pour la première fois depuis.

Photo David Zalubowski, Associated Press

Darren Helm

On peut deviner que le Helm de 22 ans, qui s’est rendu en finale à ses deux premières saisons, ne pensait pas attendre si longtemps avant d’y retourner.

« Je savais assurément à quel point c’était gros, mais je ne comprenais peut-être pas à quel point c’était dur d’y retourner, a admis l’athlète qui a aujourd’hui 35 ans. Après 14 ans sans avoir eu cette chance, je sais maintenant un peu plus quel type de défi ça représente et à quel point il faut travailler fort pour y arriver. »