(Saint-Hyacinthe) « La balle est dans notre camp. » Pour Jocelyn Thibault, directeur général de Hockey Québec, c’est maintenant au tour de sa fédération d’organiser sa « révolution ».

Hockey Québec a tenu son assemblée générale annuelle, samedi, dans un hôtel de Saint-Hyacinthe. Il a notamment été question du rapport du Comité québécois sur le développement du hockey, formé par le gouvernement Legault et présidé par Marc Denis.

Le document, déposé début mai, proposait pas moins de 190 pistes de solution pour relancer le hockey dans la province. Son point focal : « prendre le plaisir au sérieux », soit s’assurer de « remettre les jeunes au centre des priorités », dixit Marc Denis.

Ce dernier corrobore le propos du DG de Hockey Québec.

Moi, ce que je souhaite, c’est qu’on prenne la balle au bond. Le hockey a besoin de leadership. Et le leadership, c’est à vous autres de le prendre.

Marc Denis

La ministre Isabelle Charest, notamment responsable du loisir et des sports, se disait « d’accord » avec les recommandations dans une vidéo préenregistrée et diffusée au début de l’assemblée, samedi.

Mais la session parlementaire vient tout juste de se terminer. À la rentrée, le Québec sera en période électorale. On ne peut donc s’attendre à ce que de grandes décisions, financières ou structurelles, soient prises d’ici le début de la prochaine saison de hockey dans la province.

Cela dit, Hockey Québec planche déjà sur des « actions concrètes » pour cet été. Entre autres chantiers, il souhaite une « campagne de mobilisation nationale ».

« Une affaire qui me préoccupe beaucoup, c’est la sécurité psychologique des joueurs et joueuses, souligne Jocelyn Thibault à La Presse. Toutes les histoires qu’on a entendues cet hiver, les propos racistes, homophobes, les gestes d’agression… On manque un peu de moyens financiers, mais on aimerait sensibiliser les gens à l’échelle provinciale sur ça. »

« Il faut qu’à l’automne, on frappe. Il faut que ça change. »

Les grands pans de la « réinvention » souhaitée par Hockey Québec ne se mettront donc pas en branle tout de suite. Il fallait s’y attendre, dit Yve Sigouin, le président de la fédération.

« On comprend la situation politique. […] De notre côté, on va travailler. Il y aura sûrement des choses sur lesquelles on va travailler tout l’été. Dès que le gouvernement revient à l’automne, on sera prêts à travailler avec eux. »

« Fédérer tous les joueurs »

Pour Marc Denis, il faut tout de même s’assurer que le rapport ne soit pas mis de côté.

« Pour moi, il y a une grosse différence entre prendre le temps d’analyser ce qu’on dépose et le tabletter, explique-t-il en entrevue avec La Presse. Il y a quand même beaucoup de matériel. On a ratissé large. »

Le président du Comité québécois sur le développement du hockey en avait énoncé les grandes lignes lors de sa présentation. On veut « plus de joueurs et de joueuses ». On souhaite « les garder plus longtemps ». En plus de leur « fournir un meilleur environnement ».

L’enjeu de la rétention est revenu au premier plan à plusieurs reprises au cours de la matinée. Trop de joueurs quittent le hockey après l’adolescence, faute d’avenues pour jouer.

Yve Sigouin souhaite « fédérer tous les joueurs de hockey de la province ». Pour s’assurer d’avoir « une relation de haut en bas ».

La solution pourrait aussi passer par le hockey universitaire. Il n’y a que trois équipes québécoises masculines (UQTR, Concordia, McGill) et trois féminines (McGill, Concordia et Montréal) dans le réseau actuel. Ce qui crée un exode de « cerveaux » vers la NCAA américaine.

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Marc Denis, président du Comité québécois sur le développement du hockey, et Isabelle Charest, ministre responsable du loisir et des sports.

« On trouve qu’il y a un trou là », explique Marc Denis.

« Le but, c’est d’arriver avec une ligue universitaire éventuellement », assure Stéphane Auger, responsable du développement et des opérations hockey du RSEQ.

C’est une des recommandations les plus imposantes sur le plan financier énoncées dans le rapport. Est-ce qu’un tel investissement pourrait devenir un frein à l’application de cette idée ?

« Ça dépend à quel niveau ils veulent s’impliquer, souligne Auger. […] Mais l’intérêt est là. »

« Idéalement, ce serait le plus tôt possible, répond-il aux questions sur un échéancier potentiel. À moyen terme, certainement. On commence déjà à travailler à ce niveau-là. »

Pour Yve Sigouin, « les bottines doivent suivre les babines » au niveau du gouvernement. Une notion partagée par tous.

« C’est sûr qu’il y aura des affaires qui ne verront pas le jour, concède Marc Denis. On ne frappera pas pour 1,000. C’est impossible. »

Est-il déçu que les recommandations n’aient pas encore été mises en branle par la CAQ ?

« Il n’y a pas de déception encore, dit-il, avant d’afficher un sourire espiègle. On s’en reparle dans un an ou deux. »