« Elle a une excellente compréhension de la game. Depuis qu’on est tout jeunes, j’ai réalisé à quel point elle avait le sens du hockey. Elle comprenait comment la partie se jouait. Elle va être excellente dans ce rôle-là. »

Ces mots sont ceux de Pier-Alexandre Poulin. Le frère de Marie-Philip.

Sa sœur a été embauchée mardi à titre de consultante au développement des joueurs pour le Canadien de Montréal. Un poste qu’elle occupera à temps partiel, pendant qu’elle conclut sa carrière de joueuse.

Au bout du fil, Pier-Alexandre Poulin raconte que sa cadette « met beaucoup de temps à regarder ses propres vidéos, à s’autoévaluer ».

photo patrice laroche, archives Le Soleil

Pier-Alexandre Poulin derrière le banc des Condors du cégep de Beauce-Appalaches

Il le sait, car elle lui en envoie souvent pour qu’ils en fassent l’analyse ensemble. Pier-Alexandre est entraîneur des Condors du cégep de Beauce-Appalaches.

« C’est une de ses qualités. C’est pour ça qu’elle continue de toujours pousser vers le haut. Elle voit des choses que pas tout le monde voit sur la glace », enchaîne-t-il.

Elle doit notamment se réinventer lorsqu’elle affronte des adversaires comme ses éternelles rivales américaines, expose l’homme de 34 ans.

« Quand elle joue contre les États-Unis, elle n’a pas un pouce. Elle doit trouver un moyen de se créer des pouces et de l’espace libre. Ce sont toutes des choses qui, je pense, vont l’aider dans ce rôle-là. Parce qu’elle est habituée comme joueuse à faire face à des défis semblables. »

« Une vision différente »

Danielle Goyette estime quant à elle que Marie-Philip Poulin « va apporter quelque chose de nouveau ».

« Parce qu’on ne pense pas toujours pareil, les femmes et les hommes », lance au téléphone la directrice du développement des joueurs chez les Maple Leafs de Toronto.

Elle va amener une vision différente pour les joueurs.

Danielle Goyette

Comme son frère Pier-Alexandre, Danielle Goyette note son attention aux « petits détails ».

« Elle veut être la meilleure dans tout ce qu’elle fait. Peu importe les joueurs avec qui elle va travailler, elle va les pousser à leur meilleur et essayer de faire de petits ajustements. »

Du respect pour ce qu’elle a accompli

De son côté, Danièle Sauvageau salue l’embauche du Canadien.

« S’il y a une chose pour laquelle je souhaite féliciter le Canadien de Montréal, c’est de reconnaître les compétences – que j’appelle transversales – qui font qu’on va oublier que Marie-Philip Poulin, c’est une femme, mais bien une joueuse de hockey. »

À ce niveau, le parcours de la quadruple médaillée olympique ne peut semer aucun doute chez qui que ce soit. Et son expérience va au-delà de ses grands buts et de ses encore plus grandes victoires, selon Sauvageau.

« Elle a fait l’équipe olympique à l’âge de 17 ans. Elle a été exposée à plusieurs entraîneurs. Elle a joué dans plusieurs pays, dans différentes circonstances. Elle a dû se remettre de blessure. Elle a été nommée capitaine, puis a dû porter sur les épaules le fait qu’elle était, jusqu’aux derniers Olympiques, la seule capitaine qui n’avait pas gagné avec le chandail de Hockey Canada. Elle a été capable de surpasser tout ça.

« Ce sont des expériences de vie et de joueuse que très peu de joueurs qui jouent présentement avec le Rocket ont connues. À la limite, je pourrais même dire que certains des joueurs du Canadien n’ont pas passé à travers certaines situations qu’elle a connues. »

Pier-Alexandre Poulin est du même avis.

« Les gars vont la respecter pour ce qu’elle a accompli dans le hockey. Je ne suis pas inquiet pour elle. J’ai vu dans le passé des gars dans le junior majeur prendre des photos avec elle. Elle va avoir le respect dont elle a besoin. »

Néanmoins, il va sans dire que Marie-Philip Poulin est issue d’un hockey féminin somme toute différent du hockey masculin. Moins robuste, le style de jeu chez les femmes compense par sa rapidité. « Pas de problème », croit Pier-Alexandre.

« Je pense que l’adaptation va quand même bien se faire. Les deux games sont quand même très similaires. Chez les garçons, ça s’en vient de plus en plus basé sur la vitesse et la vitesse d’exécution. »

S’ajuster à son rythme

Danièle Sauvageau parle de « bonne nouvelle ».

« Ça fait en sorte qu’on continue de regarder les femmes qui font du sport professionnel. On reconnaît davantage les propriétés que l’on développe lorsque l’on travaille comme femme dans un monde sportif. »

Danielle Goyette ajoute que le fait qu’elle fasse son entrée chez le Canadien à temps partiel lui permettra de s’ajuster à son rythme.

« Elle va apprendre un petit peu plus lentement au lieu d’arriver d’un coup sec et de commencer à travailler directement avec les joueurs en ne sachant pas à quoi s’attendre. »

« Quand elle va avoir fini de jouer au hockey, je pense que c’est là qu’elle va avoir un impact et savoir où elle s’en va. »

Ils ont dit

Ce qu’elle a fait avec le hockey féminin, c’est magique. C’est tellement une bonne personne, elle est le fun à côtoyer, c’est le fun que le Canadien fasse un move comme ça. On va dans la bonne direction, on est en 2022, et c’est le fun à voir.

Jean-Sébastien Dea, attaquant du Rocket de Laval

Marie-Philip Poulin, c’est une légende pour nous. Ce serait un honneur de travailler avec elle. C’est l’une des meilleures joueuses au monde. Pour nous, son flair offensif est incroyable. L’aspect psychologique qu’elle peut nous amener aussi. Elle vient du hockey, mais elle vient d’un autre monde un peu. L’acharnement qu’elle a eu dans sa carrière. Elle compte tout le temps en finale. Une joueuse comme ça, ça vaut de l’or dans une organisation. Ça aurait dû arriver avant, mais c’est très beau à voir.

Tobie Paquette-Bisson, défenseur du Rocket de Laval

C’est excellent pour l’organisation, c’est bon pour nous. C’est une joueuse excellente, c’est sûr qu’elle pourra nous aider et aider nos jeunes. C’est une excellente nouvelle. On est rendus là et elle a toutes les qualités possibles pour faire le travail. À Laval, on va la prendre et elle va nous aider à apprendre beaucoup de choses. On est très fiers de ça.

Jean-François Houle, entraîneur-chef du Rocket de Laval