(Buffalo) Il est 15 h, le va-et-vient ralentit dans le hall où nous rejoint Shane Wright. La foule du 5 à 7 n’a pas encore envahi les lieux. L’environnement se prête parfaitement à une discussion d’une vingtaine de minutes. On se permet même de le retenir pour une photo.

« Désolé, je ne suis pas photographe professionnel, ça ne sera pas la photo du siècle », lui lance-t-on, pour justifier notre incapacité à gérer la lumière naturelle du jour.

« Pas de souci, je ne suis pas mannequin non plus ! », rétorque-t-il.

Alors voilà, Olivier Jean et David Gandy ne sont officiellement pas menacés dans leurs domaines respectifs.

Cette interaction confirme ce qui est perceptible en entrevue : Shane Wright est à son aise dans la joute médiatique. Structuré dans ses propos, jamais décontenancé par une question, toujours la bonne dose d’assurance dans ses réponses.

On devine que la douzaine d’équipes qui l’ont rencontré au camp d’évaluation ont gardé la même impression. « Un jeune homme mature et très intelligent », a dit de lui Kent Hughes, directeur général du Canadien.

Une question qui l’a pris de court ? « Une équipe m’a demandé combien faisaient 25 fois 25. Je n’ai pas pu répondre, admet-il. Une autre équipe m’a nommé six ou sept centres dans ma ligue et je devais dire s’ils étaient gauchers ou droitiers. J’ai eu tout bon ! »

Plus tôt cette saison, le Canadien s’était entretenu une première fois avec lui, par visioconférence. L’attaquant avait eu droit à la question classique du CH : quel animal te représente le mieux ? Réponse : un pygargue à tête blanche, « parce que je suis polyvalent et que cet oiseau peut chasser au sol et sur l’eau, qu’il peut courir et voler ».

Les deux extrêmes

La question des médias et de l’attention en général demeure essentielle lorsqu’on parle de Wright.

Il y a été habitué jeune, puisqu’il a reçu le statut exceptionnel dans la Ligue junior de l’Ontario. C’est une dérogation lui permettant de jouer dans l’OHL à 15 ans, que seuls John Tavares, Aaron Ekblad, Connor McDavid et Sean Day avaient eue avant lui dans ce circuit.

PHOTO FOURNIE PAR NHL.COM

Shane Wright

C’était de la pression, mais j’étais peut-être naïf, donc je ne m’en rendais pas compte au début.

Shane Wright

La pression est maintenant celle qui repose sur un possible premier choix. Repêchés respectivement en Floride et au New Jersey, Ekblad et Nico Hischier ne croulent peut-être pas sous cette pression.

Mais dans un marché comme Montréal, c’est différent. On parle encore de l’erreur du Canadien en 1980, la dernière fois que l’équipe a eu le premier droit de parole, qui a préféré Doug Wickenheiser à Denis Savard.

Le contraste est grand par rapport aux autres marchés qui avaient des chances d’obtenir le premier choix. Toute la saison, les Coyotes, qui jouent dans l’anonymat en Arizona, n’étaient pas bien loin devant le Tricolore au classement. Ils parleront au 3rang. Les Devils ont quant à eux obtenu le 2choix. Lors de notre passage à Newark en avril, aucun journaliste local n’a assisté à l’entraînement la veille du match.

Est-il prêt pour la pression d’une ville où un match intraéquipe attire 15 000 personnes au Centre Bell ?

« Je pense que oui. Ça vient avec la position dans laquelle je suis. De toute façon, peu importe où je jouerai, il y aura des médias. C’est sûr qu’il y en a plus à Montréal. Mais les fans adorent leur équipe, ils en sont fous. Il y a des attentes de victoire, mais c’est parce que les partisans veulent le bien de leurs joueurs. »

Reste à savoir s’il évoluera dans la folie de Montréal. Pour les raisons savamment détaillées par Mathias Brunet, Wright n’est pas un choix consensuel en tant que meilleur espoir de la cuvée 2022.

Lisez « Shane Wright ou Juraj Slafkovsky ? »

Contrairement à Patrick Roy quand l’Avalanche a repêché Nathan MacKinnon en 2013, Kent Hughes refuse d’ouvrir son jeu. Le Tricolore entretient le mystère en invitant Logan Cooley à souper, en passant une heure avec Juraj Slafkovsky mercredi.

Wright espère néanmoins que son nom sera le premier prononcé le 7 juillet.

« C’est mon but. Je suis super compétitif, je veux gagner, être le meilleur, donc je veux être repêché premier, dit-il. J’ai tout fait sur la glace pour montrer que je le mérite. Cette semaine aussi… C’est ce que j’ai répondu aux gens du Canadien quand ils m’ont demandé pourquoi ils devraient me repêcher. Ça serait un honneur d’être repêché premier. »

Lisez « Juraj Slafkovsky : pas de souper avec le Canadien, mais une deuxième entrevue »