(Buffalo) Sur papier, Logan Cooley est répertorié à 5 pi 10 po et 174 lb. On s’attendait donc à un jeune homme relativement chétif (pour un joueur de hockey), mais c’est plutôt un garçon avec de bons os qui se présente pour l’entrevue, dans le lobby d’un hôtel du centre-ville.

« Il y a des gars qui grandissent encore jusqu’à 20 ans. J’espère prendre un pouce ou deux et atteindre 6 pi, mais Patrick Kane est encore dominant et il mesure 5 pi 10 ! », rappelle-t-il.

La mention de Kane est intéressante. Il y a 15 ans, l’attaquant devenait seulement le sixième Américain réclamé au tout premier rang du repêchage de la Ligue nationale. Il y en a eu deux autres depuis – Auston Matthews et Jack Hughes – et maintenant, Cooley espère s’ajouter à cette courte liste. La Centrale de recrutement de la LNH le répertorie au 2e rang des espoirs nord-américains, Cooley évolue au centre, là où le Canadien a besoin d’aide, et l’équipe le juge assez intéressant pour l’inviter à souper ce jeudi soir.

Et si nous avions, assis devant nous, le joueur autour duquel le Canadien tentera d’orchestrer sa relance ?

Un produit des Penguins

C’est à Pittsburgh, dans les terres de Sidney Crosby, que le parcours de Cooley s’est amorcé. Les Penguins mènent depuis plusieurs années un programme de don d’équipement pour initier les enfants au hockey, et c’est grâce à ce programme que Cooley a chaussé ses premiers patins.

« J’étais sur la glace avec Sidney Crosby, se remémore-t-il, encore incrédule. Mais j’avais 5 ans, je n’ai pas des tonnes de souvenirs ! Je savais qui il était, mais j’étais si jeune, j’essayais juste de rester en équilibre sur mes patins ! »

Les histoires des hauts choix au repêchage sont souvent celles de joueurs qui ont survolé la compétition toute leur vie, qui ont été les meilleurs partout où ils sont passés. Pas Cooley.

Que ce soit avec les Penguins Elite (son organisation de hockey mineur) ou avec le programme national de développement des États-Unis, Cooley n’était jamais le meilleur attaquant de son équipe, du moins jusqu’à la saison qui vient de s’écouler.

Un autre exemple : en décembre 2019, la firme International Scouting Services publie sa liste des 10 meilleurs espoirs en vue du repêchage de 2022. Une liste dominée par Shane Wright, mais où le nom de Logan Cooley n’apparaît pas.

Consultez la liste (en anglais)

« Il n’aurait même pas été dans le top 50 à cette époque-là ! réagit son agent, Brian Bartlett. Il a toujours eu l’intelligence, les habitudes de travail et le talent, mais il était petit. Même dans le programme national de développement, il était peut-être le quatrième ou cinquième attaquant de l’équipe.

« Il a donc montré une progression constante depuis ce temps. Ça explique pourquoi des gens pensent que son potentiel est plus élevé que celui de Wright. Wright a toujours été vu comme le meilleur espoir de son âge. Ce n’est pas le même type de progression. Logan a travaillé fort. »

Ce qu’il est devenu, au fil de cette progression ? Un attaquant vu par plusieurs comme le plus dynamique de la cuvée 2022. Cooley a beau être un partisan des Capitals de Washington, il admire Crosby et tente de s’inspirer de lui dans certains aspects de son jeu.

Je pense être assez bon en espace restreint, dans les coins et en fond de territoire.

Logan Cooley

Cooley est cependant conscient qu’il doit encore grossir s’il veut exceller dans la LNH. C’est pourquoi il se dit prêt à passer la prochaine saison à l’Université du Minnesota.

« Je veux jouer dans la LNH le plus vite possible, mais je veux aussi avoir un impact. Ça peut être difficile pour un joueur qui arrive jeune, surtout les matchs à l’étranger. Si j’ai besoin d’une année à l’université pour me développer et prendre du muscle, c’est correct. Mais si une équipe me veut tout de suite, ce serait aussi bien. Ça va dépendre de ce qui se passera au repêchage. »

Souper avec le Canadien

Le nom de Cooley revient de temps à autre quand il est question des joueurs qui ont des chances de sortir au 1er rang le 7 juillet prochain. Mais il fait néanmoins office de négligé.

À titre indicatif, le site Elite-Prospect répertorie les palmarès de 13 classements d’espoirs, de la Centrale de recrutement de la LNH à ceux d’analystes comme Bob McKenzie, Craig Button et Sam Cosentino. Aucun ne place Cooley au 1er rang ; tous, sauf un, le classent 2e ou 3e.

Consultez la fiche de Logan Colley (en anglais)

Sauf que Cooley est sur le radar du Canadien, une des quelque 15 équipes à l’avoir interviewé cette semaine au camp d’évaluation des espoirs. Et ce n’est pas simplement parce qu’il a déjà été coéquipier de Jack Hughes, le fils de Kent. « Je connais Jack assez bien, mais je n’ai jamais rencontré Kent », nous confiait-il, mardi. Notre rencontre se déroulait quelques minutes avant ladite entrevue.

« Tu connais Jeff Gorton et Kent Hughes, ce sont des gars assez faciles d’approche, a rappelé Brian Bartlett, mercredi. Logan et les gens du Canadien m’ont décrit la rencontre comme une bonne conversation fluide. »

Une conversation qui se poursuivra ce jeudi, au souper, sans Kent Hughes toutefois, puisqu’il a quitté Buffalo. Pour Cooley, ce sera un deuxième repas sur le bras d’une équipe cette semaine. Les Coyotes de l’Arizona, qui ne sont visiblement pas regardants sur les dépenses même s’ils joueront les trois prochaines saisons dans un aréna de quartier, l’ont aussi invité mardi. Ils détiennent le 3e choix.

Que faut-il interpréter de cette invitation ? Une simple stratégie pour brouiller les cartes ? Une rencontre préventive si jamais le Canadien reçoit une offre irrésistible pour reculer d’un rang ou deux ?

« Il ne faut pas exagérer la portée de ces soupers, prévient Brian Bartlett. Le Canadien va inviter quelques joueurs à souper cette semaine, et Logan va souper avec quelques équipes. Vous savez, ces gens-là doivent manger d’une façon ou d’une autre. Aussi bien trouver un prétexte pour mettre ça sur l’allocation de dépenses de l’entreprise ! »

Un espoir perdu

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Jacob Olofsson

Une équipe qui repêche un joueur établi dans une ligue européenne a généralement quatre ans pour s’entendre avec lui, avant de perdre ses droits de négociation. Mercredi était donc la date limite pour les espoirs du repêchage de 2018. Le Canadien a donc officiellement perdu les droits sur Jacob Olofsson, un attaquant que l’équipe avait réclamé au 2e tour (56e au total) en 2018. Olofsson compte 6 points en 25 matchs en première division suédoise cette saison et il a disputé 20 matchs en deuxième division. Le Canadien perd donc les droits sur un espoir du deuxième tour pour la deuxième année de suite, après Joni Ikonen (58e rang en 2017) l’an dernier. Ce n’est évidemment pas un dénouement idéal pour une organisation. Mais à la défense du Canadien, ce repêchage de 2018 ne semble pas en être un de profondeur à l’heure actuelle. Seulement quatre joueurs repêchés après Olofsson ont atteint les 50 matchs dans la LNH pour le moment.