Le repêchage de la LNH retient évidemment beaucoup l’attention à Montréal puisque le Canadien détient le premier choix au total pour la première fois depuis 1980, mais il s’agira de l’un des aspects seulement du travail du directeur général Kent Hughes au cours de la période estivale. En voici six.

Contrat à Martin St-Louis (RÉGLÉ)

Le Canadien a confirmé sans surprise, mercredi matin, la mise sous contrat de Martin St-Louis pour les trois prochaines années. Non seulement l’ancien leader du Lightning de Tampa Bay possède-t-il de grandes connaissances, il a montré en peu de temps derrière le banc de rares qualités de pédagogue et de communicateur. Il fallait un tel homme dans un contexte de reconstruction. Cole Caufield et Alexander Romanov ont progressé de façon étonnante après son arrivée.

St-Louis contribuera peut-être, sans doute, à mieux faire paraître les choix du Canadien. Prenez Jesperi Kotkaniemi par exemple. Il a coiffé Nick Suzuki pour le poste de troisième centre de l’équipe en 2018 même s’il avait un an de moins. On a même renvoyé Suzuki dans les rangs juniors pour une saison supplémentaire.

Kotkaniemi a amassé 37 points à 18 ans seulement. C’est quand même digne de mention. Alexis Lafrenière a produit à un rythme de 31 points à son année recrue, et il a eu 19 ans en octobre. Un autre premier choix au total comme Lafrenière, Jack Hughes, aurait amassé 28 points sur une saison complète à sa première année.

Le Finlandais aurait-il évité une stagnation sous Martin St-Louis ? Ou avec une rétrogradation plus rapide dans la Ligue américaine ? Nul ne le saura jamais.

Réduire la masse salariale

Il s’agira d’une priorité importante pour Kent Hughes, dont l’équipe est coincée au plan salarial par trop de lourds contrats. Brendan Gallagher sera difficile à échanger à moins d’obtenir un autre joueur surpayé, donc le problème ne se réglera pas à l’aide d’une transaction. On peut seulement espérer le voir arriver dans la forme de sa vie au camp d’entraînement. Idem pour Mike Hoffman, même s’il lui reste seulement deux ans de contrat, contre cinq pour Gallagher.

Christian Dvorak, 4,45 millions pour les trois prochaines années, susciterait de l’intérêt dans l’Association de l’Ouest. Joel Armia, 3,4 millions pour trois ans, a peut-être contribué à hausser un peu sa valeur avec huit points, dont cinq buts, en dix matchs au Championnat du monde.

Il semble qu’il y a toujours espoir de voir le contrat de Shea Weber passer aux Coyotes de l’Arizona. Son salaire comptera pour 7,8 millions de la masse au cours des quatre prochaines années et il lui reste 6 millions à recevoir en salaire, soit une moyenne de 1,5 million par saison. Son contrat le rend très attrayant pour un club visant à atteindre le plancher salarial sans trop dépenser. Ne soyez pas surpris de voir Jonathan Drouin passer aux Coyotes dans une telle transaction. Loin d’être une affaire conclut, mais vous l’aurez lu ici en premier si jamais ça se produit. Montréal libérerait ainsi plus de 13 millions sur sa masse en prévision de l’an prochain.

Carey Price

Rien à gérer dans ce dossier avant la date limite des transactions, le 13 juillet, date butoir fixée par Kent Hughes. Si Carey Price est inapte à poursuivre sa carrière, le Canadien peut songer à la relève, sans pour autant se presser puisque les attentes ne sont pas grandes en prévision de l’an prochain. On peut toujours continuer à s’en remettre au tandem composé de Jake Allen et Samuel Montembeault, à qui on devra néanmoins offrir un nouveau contrat.

Le jeune gardien de 22 ans Cayden Primeau connaît des séries fantastiques dans la Ligue américaine, mais le plus sage serait de continuer à l’employer à outrance pendant au moins une autre année dans les mineures, comme les Blackhawks de Chicago l’ont fait sagement avec le Québécois Corey Crawford à l’époque.

Si Price annonce son intention de revenir au jeu, on peut gérer de la même façon aussi, en retenant Samuel Montembeault comme police d’assurance, quoiqu’il y aurait congestion à Laval si Price est en santé.

Régler le cas Jeff Petry

Jeff Petry a retrouvé le plaisir de jouer sous Martin St-Louis, mais sa situation familiale demeure complexe malgré la fin de la pandémie, semble-t-il. Du moins n’a-t-il pas affirmé avec conviction son désir de rester à Montréal lors de sa dernière interview de la saison.

Petry constitue-t-il le leader idéal pour les jeunes en défense ? Pas nécessairement. Ce vétéran de 34 ans a une valeur très faible sur le marché malgré une bonne production offensive en raison de son salaire annuel de 6,2 millions pour les trois prochaines années.

Mais se débarrasser de son contrat libérerait de l’argent sur la masse et permettrait à Kent Hughes de le remplacer, possiblement par Kris Letang si celui-ci ne s’entend pas avec les Penguins de Pittsburgh d’ici le 13 juillet. Le lien entre Hughes et Letang est puissant. Et celui-ci ne craindrait pas de soulever l’ire des fans des Penguins en rejoignant Montréal, contrairement à Patrice Bergeron, au cœur d’une rivalité beaucoup plus forte entre le CH et les Bruins.

Letang a déjà 34 ans, mais il vient de connaître sa meilleure saison offensive en carrière avec 68 points en 78 matchs et aussi, surtout, servirait de mentor par excellence pour ses jeunes coéquipiers. Letang ou un autre, il faudra trouver un vétéran si Petry part, car Hughes a déjà annoncé son intention de ne pas utiliser plus de deux recrues en défense dans sa formation, à moins de cas de force majeure.

Marché des joueurs autonomes

À part Kris Letang ou un autre défenseur droitier d’expérience advenant le départ de Jeff Petry, il ne faut pas s’attendre à des embauches spectaculaires dans un contexte de reconstruction. Mais Hughes et Jeff Gorton cibleront peut-être quelques bons vétérans au rabais pour montrer l’exemple aux jeunes. Mais n’espérez pas un Nazem Kadri ou un Filip Forsberg, à moins d’une surprise de taille.

Le repêchage

On gardait le repêchage pour le dessert. La cuvée ne comporte pas de Connor McDavid ou de Sidney Crosby, mais le CH peut ajouter des joueurs importants à son organisation. Non seulement détient-il le premier choix au total, mais le 26e de la première ronde (obtenu pour Tyler Toffoli), le premier de la deuxième ronde au 33e, le 54e, en deuxième ronde, si les Oilers n’atteignent pas la finale, trois choix de troisième ronde, dont le premier de la ronde, et trois choix de quatrième ronde.

Le centre Shane Wright et l’ailier de puissance Juraj Slafkovsky semblent être les deux principaux candidats au titre de premier choix. Montréal a des besoins au centre, mais Hughes a déclaré mercredi qu’il choisirait le meilleur joueur disponible, peu importe la position. Quelques semaines plus tôt, il affirmait que la position de centre avait une valeur « ajoutée ». Il semble donc y avoir un léger changement d’optique à cet égard.

Le Canadien pourrait se permettre de bouder le centre pour miser sur l’ailier de 6 pieds 4 pouces et 220 livres rapide et habile pour compléter Suzuki et Caufield, par exemple, puisque Wright n’est pas le seul centre de qualité disponible.

Montréal a suffisamment de choix pour s’avancer parmi le top quinze et piger parmi un Marco Kasper, Noah Ostlund ou Cutter Gauthier, par exemple. Peu importe la stratégie du CH, de bons jeunes joueurs se grefferont à l’organisation et Hughes ne sera pas pressé de les faire accéder à la LNH. Ils pourront progresser à leur rythme.

Il s’agissait de la dernière chronique matinale de la saison. De retour dans un mois, dans la semaine menant au repêchage ! Prenez soin de vous et prière de débattre dans le respect d’ici la fameuse date du 7 juillet !

Le scandale étouffé

En concluant une entente avec la présumée victime d’un viol collectif, Hockey Canada croyait pouvoir étouffer l’affaire. Mais moralement, les dirigeants de cette institution peuvent-ils vraiment dormir tranquilles et laisser huit hockeyeurs poursuivre leur carrière si ces actes horribles ont bel et bien eu lieu ? Vincent Brousseau-Pouliot se penche sur le dossier dans nos pages éditoriales ce matin.

La jeune femme affirme avoir été agressée sexuellement par huit joueurs après un gala de Hockey Canada en 2018. Elle a poursuivi l’institution au civil pour 3,5 millions de dollars. On s’est entendu à l’amiable et si Rick Westhead, de TSN, n’avait pas dévoilé l’affaire quatre ans plus tard, personne n’en aurait entendu parler.

Parmi les huit agresseurs présumés, certains ne seraient pas des joueurs de l’équipe. Seize membres de ce club poursuivent leur carrière dans la LNH aujourd’hui, dont certaines superstars. Il ne faut évidemment pas se lancer dans une chasse aux sorcières, car plusieurs ne sont pas liés avec cette sordide affaire, mais souhaitons voir les autorités de la Ligue nationale de hockey aller au fond des choses.

Pendant ce temps, Logan Mailloux, dont le crime n’est pas excusable pour autant, mais qui a pris en photo le cuir chevelu de sa partenaire sans qu’on puisse identifier celle-ci au cours d’une relation sexuelle orale consensuelle, avant de s’en vanter à ses coéquipiers, doit bien se dire qu’il y a deux poids, deux mesures dans le monde du hockey.

À ne pas manquer

  1. Alexandre Pratt se penche lui aussi sur ce triste dossier de Hockey Canada dont on doit continuer de parler.
  2. Attendons-nous à ce que Kent Hughes se retire de la pièce lorsque la direction du Canadien interviewera son fils Jack, pressenti comme un espoir de fin de première ronde. Un texte de Guillaume Lefrançois !
  3. Quatorze buts ont été marqués lors du premier match entre l’Avalanche et les Oilers, mais le Colorado en a compté deux de plus. L’analyse de Miguel Bujold.