(Buffalo) Kent Hughes aura la chance, dans un peu plus d’un mois, de façonner l’avenir du Canadien à son goût puisqu’il détiendra deux choix de premier tour au repêchage, dont le premier au total. Ce sera toutefois plus compliqué avec un choix de premier tour dont il a hérité de l’ancien régime.

Ce choix, c’est évidemment Logan Mailloux, repêché au 31rang l’an dernier. Mailloux arrive au point où la plupart des espoirs de son calibre ont leur premier contrat en poche, mais lui devra être patient.

Hughes a en effet indiqué mardi ne pas avoir « l’intention » de négocier avec le défenseur pendant la saison morte.

« Logan est encore en évaluation, moins comme joueur de hockey que comme personne, comme membre d’une communauté, a expliqué Hughes, en visioconférence, dans le cadre du camp d’évaluation (le « Combine ») de la LNH en vue du repêchage. On va continuer à le surveiller pour s’assurer qu’il fasse tout ce qu’il a promis de faire pour s’améliorer comme personne. »

Le cas Mailloux est complexe. D’une part, comme l’a expliqué Hughes, il demeure essentiellement en probation en raison d’un crime de nature sexuelle qu’il a commis en Suède en 2020. Il avait d’ailleurs demandé aux équipes de la LNH de ne pas le sélectionner, mais Marc Bergevin l’a néanmoins réclamé au premier tour lors de son dernier repêchage comme directeur général du Canadien.

D’autre part, sur la patinoire, il a accumulé très peu de millage ces dernières années. En 2020-2021, il a joué 19 matchs, et ce, en troisième division suédoise. Et la saison dernière, il a été limité à 12 matchs avec les Knights de London. Il a raté la première moitié de saison en raison d’une suspension de la Ligue junior de l’Ontario (OHL) pour son crime, et s’est ensuite blessé à une épaule en mars, ce qui a mis fin à sa saison.

Comme Mailloux évolue au hockey junior canadien, le Tricolore a deux ans après son repêchage pour s’entendre avec lui, sans quoi l’équipe perdra ses droits. La date butoir est le 1er juin 2023.

Il reste beaucoup de temps, mais la situation contractuelle des joueurs du calibre de Logan Mailloux est généralement réglée à ce point-ci de leur cheminement.

Ainsi, on retrouve 20 joueurs issus du hockey junior canadien parmi les 50 premiers choix du repêchage de 2021. Dix-huit de ces vingt joueurs ont déjà signé leur contrat d’entrée dans la LNH. Les deux exceptions : Mailloux et un autre défenseur, Ben Roger, repêché au 49rang par les Sénateurs.

Mailloux tire de la droite et c’est plutôt mince parmi la relève du Canadien en matière de défenseurs droitiers. Justin Barron, acquis de l’Avalanche en fin de saison, est actuellement le seul espoir de l’organisation avec un réel potentiel pour s’établir dans la LNH.

Le dîner de bons

En attendant, Hughes et son équipe enchaînent les entrevues et les rencontres avec les espoirs en vue du repêchage, qui aura lieu les 7 et 8 juillet à Montréal.

La LNH a invité 96 espoirs à Buffalo. Ces jeunes se prêteront à des entrevues avec les équipes et subiront des tests physiques samedi. Ça, c’est pour la portion formelle de l’évènement.

En parallèle, les dirigeants du Tricolore iront aussi souper avec quelques-uns des meilleurs espoirs. Le confrère de LNH.com Guillaume Lepage rapportait lundi que Shane Wright et Logan Cooley, vus comme des candidats pour être réclamés au tout premier rang, ont rendez-vous avec le Canadien cette semaine. Dans le cas de Wright, le souper était lundi soir.

« Le souper, ça donne plus le temps de jaser, a rappelé Hughes. Les entrevues, c’est comme du speed dating ! Des fois, on a des questions, mais on a juste 15 minutes. Là, on a pu voir quelle sorte de personne il est. J’ai été impressionné. C’est un jeune homme mature et très intelligent. »

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Kent Hughes, directeur général du Canadien

L’exercice est d’autant plus utile qu’il n’existe pas de réel consensus sur l’identité du meilleur joueur disponible cette année. En plus des deux centres susmentionnés, l’ailier Juraj Slafkovsky est également vu comme une possibilité au premier rang.

Hughes a dit s’attendre à déterminer l’identité de son choix « au plus tôt au début juillet ».

« On a le temps de faire des recherches et on n’est pas pressés de prendre une décision, a indiqué le directeur général. Le Combine nous permet de voir la personne, pas juste le joueur. On connaît tous des gens talentueux dans leur domaine qui ne sont pas de bons gars d’équipe. »

Hughes a par ailleurs nié une information du média russe Sport Express voulant que le Canadien ait décidé de ne pas repêcher de joueurs russes cet été. « On n’a pas discuté des joueurs russes. On vient d’en passer un en entrevue cet avant-midi », a répondu Hughes.

Toujours le doute

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Carey Price

Il avait beau être question du repêchage et des espoirs, les questions sur le dossier Carey Price demeurent omniprésentes quand vient le temps de parler de l’avenir du Canadien. Le directeur général Kent Hughes a admis ne pas en savoir plus au sujet de son gardien. Il a précisé que le 13 juillet, journée de l’ouverture du marché des joueurs autonomes, était la date critique dans ce dossier. « Je ne pense pas qu’on a nécessairement besoin d’en savoir plus avant le repêchage. La seule vraie certitude, ce serait si on avait l’assurance qu’il ne peut plus jouer. Mais sinon, il faudra voir comment ça ira pendant la saison, avec les rigueurs du calendrier. Ce n’est pas tant le repêchage que le 13 juillet qui est la date critique, car s’il n’est pas là, on pourra le placer sur la liste des blessés à long terme et libérer de l’espace sous le plafond. »

Pas d’annonce

Hughes a aussi été questionné sur l’avenir de son entraîneur-chef, Martin St-Louis, dont la prolongation de contrat n’a toujours pas été annoncée. « Je ne suis pas inquiet pour les négociations, a assuré Hughes. On se concentrait surtout sur le repêchage, et Martin a accompagné ses enfants à un tournoi. Dans les prochains jours, on devrait être en mesure de régler le contrat. » Notons que la semaine dernière, de passage de l’émission balado Cam and Strick, Hughes avait tenu des propos similaires, suggérant qu’une annonce était imminente.