(Rochester, État de New York) Les rues du centre-ville étaient bien tranquilles en ce mercredi matin. La tentation de faire 1 + 1 était grande quand on a eu vent qu’il y avait un métro en ville. Et si tout le monde était simplement engouffré dans le réseau souterrain ?

Fausse alerte. Le vieux métro de Rochester ne passe plus depuis 1956. Les mauvaises langues diront qu’on attend aussi longtemps à la station Fabre un dimanche soir, mais n’allons pas là.

Toujours est-il que les vestiges dudit métro sont visibles à certains endroits du centre-ville et constituent une attraction en soi pour quiconque visitant Rochester pour la première fois.

Le tronçon le plus spectaculaire – et visible – est celui sous le pont de la rue Broad. Heureux hasard : c’est tout juste à côté du Blue Cross Arena, domicile des Americans.

PHOTO GUILLAUME LEFRANÇOIS, LA PRESSE

L’ancien tunnel du métro, sous la rue Broad. À gauche, le Blue Cross Arena.

La « visite » se fait à la bonne franquette. Le panneau offrant des explications a déjà eu meilleure mine, et à l’approche de la clôture qui empêche de tomber dans le tunnel, les effluves d’urine nous font regretter ces moments où on était congestionné.

Cela dit, la vue est impressionnante, et les rayons de soleil qui se faufilent dans les arches embellissent le portrait.

PHOTO GUILLAUME LEFRANÇOIS, LA PRESSE

Le panneau explicatif a déjà eu meilleure mine.

Un autre accès aux anciens tunnels se trouve sur le terrain du Dinosaur Bar-B-Que, un de ces estaminets où vous pouvez avoir à peu près tout le règne animal dans une seule assiette. Sauf que la porte est cadenassée, et le patron n’a pas autorisé l’achat d’un coupe-boulons aux fins de cette carte postale, donc ce sera pour une autre fois.

Plus sérieusement, le simple fait qu’une ligne de métro a été construite par ici nous rappelle que Rochester a déjà fait partie des métropoles du pays.

L’infrastructure a été inaugurée en 1927, à une époque où la ville se classait régulièrement parmi les 25 villes les plus populeuses des États-Unis. En 1940, la population s’établissait à 325 000 âmes, ce qui lui valait le 23e rang au pays.

Or, au recensement de 2014, on rapportait une population de 210 000 habitants, chassant Rochester des 100 plus grandes villes du pays pour la première fois de son histoire. Malgré la présence de géants comme Kodak et Xerox, la ville n’a pas échappé à l’exil des populations blanches des centres urbains vers les banlieues, phénomène qui a frappé les États-Unis de plein fouet à compter des années 1950.

L’avenir des vieux tunnels du métro demeure nébuleux. Pour l’heure, ils servent d’abris pour des itinérants et de terrain de jeu pour graffiteurs et explorateurs urbains.