(Syracuse) La soirée avait bien mal commencé pour le Rocket de Laval à Syracuse, mais elle s’est très bien terminée.

Gabriel Bourque, plutôt discret depuis le début de la série, a profité du bon moment pour réussir son premier but des présentes séries éliminatoires : en prolongation, et lors du cinquième et dernier match de la série, rien que ça.

Résultat : le Rocket élimine le Crunch en cinq rencontres, grâce à cette victoire de 3-2.

« Ça fait du bien de marquer un gros but comme ça, a dit Bourque en fin de soirée. Je suis fier des gars ; en troisième, on n’a pas lâché, c’est une victoire d’équipe et c’est mérité… Sur le but, je m’en retournais au banc pour effectuer un changement, mais Danick Martel m’a fait une super passe… j’ai frappé la rondelle, et ça a fini par rentrer. »

Ce coup de désespoir de la part de Bourque vient donc propulser le Rocket au tour suivant – les rivaux de Rochester ou Utica seront les prochains sur le chemin du club de Laval –, en plus de permettre au club-école du Canadien de gagner une première série depuis 2011 et la belle époque des Bulldogs de Hamilton.

Mais ça n’a pas été facile.

En partant, les joueurs du Rocket ont eu à composer avec les particularités de l’aréna War Memorial, une grange construite dans les années 1950 et qui vient avec ses cocasseries, entre autres une glace et des bandes qui provoquent de drôles de bonds de la rondelle.

Ensuite, le Rocket a eu à se remettre d’un très mauvais départ ; en milieu de deuxième période, c’était 2-0 pour le Crunch, et ça ne sentait pas très bon, tant pour le Rocket que dans les hauteurs de l’aréna.

Tout de même, en avantage numérique, Alex Belzile a pu faire dévier un tir derrière le gardien Maxime Lagacé – surprise, il était de retour ! – pour faire 2-1 Crunch avant la fin de la deuxième période.

Ce n’était pas terminé, et lors du deuxième entracte, Jean-François Houle n’a pas eu à faire une envolée oratoire à la Herb Brooks en 1980 pour fouetter ses troupes.

« J’ai pas eu à faire ça parce que les gars comprennent la situation, a expliqué l’entraîneur-chef du Rocket. On a plusieurs vétérans dans ce vestiaire, il fallait juste s’assurer d’être prêts, de donner une poussée. »

On a commencé à jouer avec vitesse à partir de la troisième période, comme on le fait souvent… C’est de même qu’on doit jouer.

Jean-François Houle, entraîneur-chef du Rocket

C’est à partir de cette troisième période, justement, que le Rocket s’est mis à imposer son rythme. Le club a lancé un total de 15 fois lors de cette période, et on a senti le vent tourner peu à peu… jusqu’au but égalisateur de Cédric Paquette, avec seulement 38,7 secondes à faire, alors que Cayden Primeau était au banc en échange d’un sixième attaquant.

Paquette a semblé attendre la rondelle pendant cinq minutes devant le filet… et elle a fini par arriver à lui, par le bâton de Rafaël Harvey-Pinard.

« Des fois, c’est comme ça, tu es seul devant le filet et tu attends et tu attends, a expliqué Paquette. Je pense que les joueurs du Crunch m’ont oublié, ils ne savaient pas que j’étais là. J’ai juste eu à faire dévier la rondelle… »

Et puis après tout ça, et après des montées dramatiques des deux côtés, des mises en échec et des gros arrêts, ainsi qu’un désavantage numérique en prolongation, les visiteurs ont fait un peu de magie. Avec 9 : 47 à faire à la prolongation, c’est Gabriel Bourque qui est venu trancher le débat, avec le but de la victoire. Les 4558 partisans du Crunch se sont levés d’un trait et dans le silence, pendant que les six ou sept partisans du Rocket derrière le filet se chargeaient du bruit.

Bien sûr que ce n’est pas fini et bien sûr que la route est encore longue, mais l’instant d’un soir, au moins, les joueurs du « petit » Canadien ont pu goûter à une sorte de petit triomphe.

Enfin.

« Moi, ce que je retiens, c’est notre force de caractère, on n’a jamais lâché, a ajouté Cédric Paquette. On a trouvé le moyen d’aller la chercher… Je le dis, les gars ici, ils ont du caractère. On savait qu’on pouvait y arriver. »