Si certains congédiements sont parfois hostiles et difficiles, c’était tout le contraire dans le cas de Joël Bouchard. Le Québécois n’a aucune amertume et explique la situation simplement par un « concours de circonstances ».

On apprenait mercredi soir que Joël Bouchard et ses deux adjoints avec les Gulls de San Diego, Daniel Jacob et Maxime Talbot, avaient été remerciés par les Ducks d’Anaheim.

De retour au Québec, Bouchard n’a pas hésité à répondre à l’appel de La Presse, jeudi matin. « Je vais super bien. Ç’a été super bien fait », lance-t-il d’entrée de jeu.

Les trois entraîneurs se doutaient bien de quelque chose. L’organisation des Ducks est en pleine période de changements. Le directeur général, Bob Murray, qui était en poste depuis plusieurs années, a quitté l’organisation en octobre. Puis Pat Verbeek a été embauché en février.

Bouchard, Jacob et Talbot sont des victimes du changement de plan.

Honnêtement, on savait un peu que ça s’en venait. On s’est parlé pendant 20 minutes, c’était très cordial, on a échangé sur des dossiers. Il y avait un respect mutuel. Pat nous a dit à quelques reprises qu’on était professionnels.

Joël Bouchard

« Ce n’est pas facile, mettre du monde dehors, je l’ai déjà fait. Ce n’est pas le fun. On lui a dit : “Pat, on ne se connaît pas, c’est normal.” Il ne nous connaît pas vraiment non plus. »

Joël Bouchard rappelle qu’il est arrivé « dans l’ère Bob Murray ». Quand le contrat de Bouchard avec le Rocket de Laval est venu à échéance, le 1er juillet 2021, Murray a été le premier à lui passer un coup de fil.

« Quand ils m’ont appelé le 1er juillet, on avait un plan, raconte-t-il. J’étais bien à Laval, je n’étais pas malheureux. C’étaient mes boys. On avait bâti quelque chose en trois ans. C’est un concours de circonstances, les raisons qui m’ont amené à Anaheim, et c’est un concours de circonstances, les raisons pour lesquelles je suis parti. »

« À la fin de la journée, on est allés là avec Bob Murray. Bob avait un plan. Ce plan était ce qu’il était. Il y a Pat Verbeek qui arrive. Lui va mettre son plan en marche, sa structure. Et honnêtement, il a du travail à faire. »

Un challenge

Quand Joël Bouchard a décidé de quitter Laval l’an dernier, après trois saisons comme pilote du Rocket, il souhaitait « vivre une nouvelle expérience, apprendre autre chose ». Et c’est ce qu’il a fait.

Ça m’a forcé à me dépasser dans une situation différente. Ce n’était pas la même affaire à San Diego qu’à Laval. Un moment donné, dans la vie, tu sors de ta zone de confort. C’est ce que j’avais décidé de faire et je regrette zéro.

Joël Bouchard

Ça n’a pas été une saison de tout repos dans le sud de la Californie. Le changement de directeur général a chamboulé bien des choses. La COVID-19 aussi.

« Étant donné que Bob était quand même en charge de tout, c’étaient des alignements effilochés par moments. Avec la COVID, on ne l’a pas eu facile, nous non plus, parce qu’on l’a eu sur deux temps. Ç’a été six semaines de rotation, nos gars ne l’ont pas tous eu d’un coup. Des gars des Ducks l’ont eu après. On a joué des matchs à 18 [joueurs], mais on avait beaucoup de profondeur. »

À un certain moment, les deux meilleurs marqueurs de l’équipe étaient deux défenseurs transformés en attaquants. Les entraîneurs ont dû trouver des solutions tout au long de la saison.

« On se donnait une chance à tous les matchs, on ne se faisait jamais déclasser, on était tout le temps là. Mais des fois, il manquait peut-être un petit but ici et là. »

Les Gulls ont finalement accédé aux séries avec une fiche de 28-33-7 : « Pour nous, c’était tout un accomplissement », dit Bouchard. L’équipe a ultimement été éliminée en deux matchs par le Reign d’Ontario.

La suite

Quelle est donc la suite des choses pour l’homme de 48 ans ? « Je vais passer du temps avec les gens que j’aime, que je n’ai pas vus depuis longtemps avec la COVID, répond-il. Il y a beaucoup de monde qui n’est pas venu me voir, mes parents n’ont pas voyagé. »

« C’est un peu bizarre parce que j’ai reçu plein de textos de gens qui me disent qu’ils sont désolés, raconte-t-il. Mais je ne suis pas comme ça. Je suis pas mal plus déçu quand l’équipe perd. Dans la catégorie des déceptions, c’est très bas pour moi. »

Au fil des années, Bouchard a été propriétaire, directeur général, entraîneur. Il a travaillé comme directeur général du Mondial junior. Il possède aussi une Académie de hockey. La liste de ses réalisations est longue. « J’aime beaucoup coacher les joueurs, je suis passionné, laisse-t-il entendre. On verra ce que le futur va m’amener. »