À son premier départ des présentes séries éliminatoires, Jordan Binnington a joué nerveusement devant le filet des Blues de St. Louis, dimanche. Il a tout de même permis aux siens de niveler la série qui les oppose au Wild du Minnesota (2-2) grâce à une victoire de 5-2 à l’Enterprise Center de St. Louis.

Binnington, qui a remplacé Ville Husso, avait perdu ses neuf départs précédents dans les séries. Chancelant, il est parvenu à stopper 28 des 30 tirs du Wild, même si ça n’a pas été très joli dans l’ensemble.

La révélation de la saison 2018-2019 a notamment été incapable de maîtriser la rondelle sur le but de Matt Boldy, qui a réduit l’avance des Blues à un seul but, 3-2, en troisième période. Le jeu de position de Binnington devant sa cage a également laissé à désirer à quelques reprises.

Même si Marc-André Fleury a accordé quatre buts – le cinquième des Blues ayant été marqué dans un filet désert –, c’est grâce à lui si le Wild a conservé ses espoirs de l’emporter durant presque tout le match. Tandis que Binnington cherchait ses repères, Fleury jouait avec assurance après n’avoir accordé qu’un total de trois buts lors de ses deux départs précédents.

L’autre grand responsable des victoires du Wild lors des deuxième et troisième parties de la série a été Kirill Kaprizov, qui a marqué le but gagnant dans les deux joutes. C’est ce même Kaprizov qui a créé l’égalité, 1-1, dimanche, égalant ainsi une marque d’équipe avec un cinquième but au cours d’une même série. Puisqu’il y aura au moins deux autres parties entre les Blues et le Wild, les chances sont bonnes qu’il en réussisse au moins un ou deux de plus.

Le Wild devra probablement continuer d’obtenir d’excellentes performances de Kirill Kaprizov pour connaître du succès au cours des prochaines semaines, car sur papier, cette équipe n’est pas la plus impressionnante.

Kaprizov, Boldy et Kevin Fiala forment un noyau offensif intéressant pour le présent et l’avenir, et Mats Zuccarello, Ryan Hartman et Joel Eriksson Ek viennent tous de connaître la meilleure saison de leur carrière. Mais ce groupe pâlit en comparaison à celui des Blues, du moins sur le plan de la profondeur.

Chacun des neuf attaquants qui forment les trois premiers trios des Blues a marqué au moins 20 buts en saison. Leur « big 3 » en défense, composé de Torey Krug, Justin Faulk et Colton Parayko, a ajouté 31 filets.

Or, de ce groupe de 12 joueurs, seulement quatre ont fait mouche lors des quatre premiers matchs de la série : David Perron, Ryan O’Reilly, Jordan Kyrou et Vladimir Tarasenko. C’était le cas avant la rencontre de dimanche et ça s’est poursuivi. Kyrou et Perron ont marqué un doublé chacun et O’Reilly a inscrit le but dans un filet désert.

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Jonas Brodin (25) et David Perron (57)

Perron a connu de bonnes saisons lorsqu’il était dans la vingtaine, mais il est un bien meilleur joueur depuis qu’il est trentenaire. Le Québécois et O’Reilly se complètent à merveille, et il sera intéressant de voir si les Blues seront en mesure de garder Perron à St. Louis, lui qui pourrait devenir joueur autonome cet été.

Perron et Kyrou ont marqué à 54 secondes d’intervalle pour donner les devants 3-1 aux Blues en deuxième période, et c’est essentiellement à ce moment que la partie s’est jouée. Dominé 26-9 au chapitre des tirs au but alors qu’il restait 7 min 30 s à jouer au deuxième vingt et qu’il tirait de l’arrière 3-1, le Wild s’est toutefois bien battu durant le reste de la partie et a eu l’avantage 21-7 pour les tirs à partir de ce point.

Une défense amochée

Tôt ou tard, les Pavel Buchnevich, Brayden Schenn, Robert Thomas, Brandon Saad, Ivan Barbashev, Faulk et Parayko, qui sont tous à la recherche de leur premier but des séries, devront apporter leur contribution. Notons que Krug est quant à lui absent en raison d’une blessure au bas du corps. Craig Berube a indiqué que son absence pourrait être longue.

On remarque l’absence de Krug en supériorité numérique, notamment, mais les Blues possèdent un jeune joueur au style de jeu similaire. Il s’agit de Scott Perunovich, un choix de deuxième tour en 2018, qui a disputé son premier match depuis la mi-janvier, dimanche.

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Scott Perunovich (48) et Matt Boldy (12)

Perunovich se remettait d’une blessure à un poignet et c’est peut-être pour cette raison qu’il s’est surtout contenté de distribuer la rondelle lorsqu’il a joué en avantage numérique. Son talent offensif est toutefois évident et ses statistiques le confirment : il a totalisé 105 points en 115 matchs avec les Bulldogs de l’Université Minnesota Duluth, dans la NCAA, puis 22 à ses 17 premiers matchs dans la Ligue américaine cette saison…

Puisque Krug, Nick Leddy et Robert Bortuzzo manquaient tous à l’appel, Berube avait choisi d’utiliser sept défenseurs pour le quatrième match de la série. Le Montréalais Marco Scandella a toutefois quitté la partie en raison d’une blessure au bas du corps qui affaiblira encore un peu plus une défense passablement amochée.

Serré, mais pas serré…

La plupart des analystes s’attendaient à ce que la série Blues-Wild soit l’une des plus serrées et intéressantes du premier tour. On semble effectivement se diriger vers une série qui se terminera en sept matchs, mais on ne peut certainement pas dire que les quatre premières parties ont été très serrées (les matchs à sens unique sont d’ailleurs anormalement nombreux depuis le début du tournoi).

Après une victoire de 4-0 en ouverture, les Blues ont subi des raclées de 6-2 et 5-1. Le match de dimanche a été plus serré, certes, mais on a senti que les Blues remporteraient la victoire assez tôt dans une partie qui n’a pas offert un très grand spectacle, avouons-le.

Si l’une de ces deux équipes est confrontée à l’Avalanche du Colorado au deuxième tour, elle devra significativement élever son niveau de jeu afin d’être de taille.

On croyait que les Blues étaient les mieux outillés pour donner des difficultés à l’Avalanche dans un potentiel affrontement. En raison de leur profondeur, de leur style de jeu et du fait qu’ils ont l’expérience d’avoir gagné la Coupe Stanley il y a trois ans.

Mais en comptant la ronde qualificative de trois parties qui avait précédé le tournoi éliminatoire d’il y a deux ans, les Blues avaient une fiche de 3-13 dans les éliminatoires depuis leur conquête de 2018-2019 avant leur victoire de dimanche…

Cette victoire redonnera-t-elle confiance à Binnington ? Les nombreux marqueurs des Blues qui sont toujours à la recherche d’un premier but face au Wild recommenceront-ils à toucher la cible ? On le saura davantage après le cinquième match de la série, mardi soir (21 h 30) au Minnesota.