Puisque la transparence est désormais l’apanage de l’organisation du Canadien, Jean-François Houle n’a pas caché ses couleurs à l’aube des séries éliminatoires de la Ligue américaine : « On a eu 72 matchs pour mettre l’accent sur le développement, maintenant c’est le temps de tout faire pour essayer de gagner… »

La déclaration de l’entraîneur en chef du Rocket de Laval en a fait sursauter plusieurs. Les séries éliminatoires constituent généralement un contexte idéal pour développer les jeunes joueurs de l’organisation.

Certains des héros de la Coupe Stanley de 1986 ont fait leurs armes avec les Canadiens de Sherbrooke en remportant la Coupe Calder un an plus tôt : Patrick Roy, évidemment, mais aussi Stéphane Richer, Brian Skrudland et Mike Lalor.

Carey Price s’est fait un nom une vingtaine d’années plus tard en remportant à son tour la Coupe Calder, avec les Bulldogs d’Hamilton, quelques semaines après la fin de sa carrière junior.

P. K. Subban, David Desharnais, Max Pacioretty et Ryan White ont eu des séries éliminatoires très formatrices avec Hamilton en 2010, alors dirigé par Guy Boucher. L’entraîneur des Bulldogs s’en est d’ailleurs servi comme tremplin pour accéder à la Ligue nationale de hockey.

Or, le contexte est bien différent à Laval cette saison. Cette première participation aux séries depuis des lunes ne permettra pas aux meilleurs espoirs de l’équipe de se développer puisqu’ils sont ailleurs.

En défense, Alexander Romanov, 22 ans, appartient à la LNH. Jordan Harris, 21 ans, n’est pas admissible puisque son contrat a été signé avant la date limite des transactions (on ne lui a pas offert de contrat d’essai de la Ligue américaine de façon à lui permettre d’écouler une année de contrat de Ligue nationale). Justin Barron, 20 ans, est blessé, et Kaiden Guhle, 20 ans également, participe aux séries éliminatoires dans la Ligue junior de l’Ouest, tout comme Arber Xhekaj en Ontario avec les Bulldogs. Logan Mailloux, premier choix de 2020, se remet d’une intervention chirurgicale à l’épaule et son stage junior n’est pas terminé de toute façon.

Le Rocket se retrouve donc avec une défense composée de Xavier Ouellet, Sami Niku, Corey Schueneman, Tobie Bisson, Louie Belpedio et Tory Dello. Il n’y a aucun défenseur de moins de 25 ans dans le groupe (on semble souvent oublier que Schueneman aura 27 ans en septembre).

Mattias Norlinder, 22 ans, vient de rejoindre le Rocket après l’élimination de son club suédois, Frölunda. Mais voilà un jeune homme qui a abandonné le navire en décembre, alors que déjà il ne s’imposait pas dans la Ligue américaine.

Même si certains entretiennent encore de l’espoir à son endroit, on voit mal Houle tasser l’un de ses vétérans en défense, de tous les combats du début à la fin de la saison, pour un Norlinder, et on voit mal aussi Kent Hughes placer son entraîneur dans une position impossible dans son vestiaire en lui imposant sa recrue.

Même devant le filet, il n’y a pas de faveur à faire. À sa troisième année professionnelle, Cayden Primeau, 22 ans, a été le gardien le plus prometteur pendant quelques saisons, mais très inégal à Laval cet hiver, et mauvais lors de ses rappels dans la Ligue nationale.

Le vétéran de 32 ans Kevin Poulin, anciennement des Islanders de New York, a eu à commencer la saison dans l’ECHL avec les Lions de Trois-Rivières, mais il a été fumant en fin d’année. Houle doit y aller au mérite. Il ne faut pas abandonner pour autant dans le cas de Primeau, mais il sera désormais en lutte avec les espoirs Frederik Dichow, fraîchement mis sous contrat par le puissant Frölunda, Jakub Dobes, l’un des meilleurs gardiens de la NCAA, Joe Vrbetic, toujours dans les rangs juniors à North Bay, et qui sait, un nouveau gardien acquis par le CH cet été si Carey Price ne revient pas ?

À l’attaque, il aurait été illogique de demander à Cole Caufield, déjà l’un des meilleurs attaquants à Montréal, de rejoindre Laval pour les séries. Voilà pourquoi on ne l’a pas renvoyé dans la Ligue américaine par un geste administratif à la date limite des échanges pour lui permettre d’être admissible aux séries du Rocket. Il n’a rien à gagner dans la Ligue américaine.

On a aussi choisi de donner toutes chances à Ryan Poehling de se faire valoir dans la LNH jusqu’au dernier match. Idem pour Michael Pezzetta, 24 ans, au mieux un joueur de quatrième trio, qui a disputé 51 matchs dans la Ligue nationale et seulement huit dans la Ligue américaine cette saison.

Les jeunes Joshua Roy et Riley Kidney, mis sous contrat par le Canadien ces dernières semaines, sont en séries éliminatoires dans la LHJMQ et, à moins d’une surprise, seront de retour dans les rangs juniors l’an prochain. Jan Mysak, choix de deuxième ronde en 2021, participe aux séries éliminatoires de la Ligue junior de l’Ontario avec les Bulldogs d’Hamilton en compagnie d’Xhekaj.

Sean Farrell, Luke Tuch, Blake Biondi, Rhett Pitlick, Ty Smilanic et le défenseur Jayden Struble appartiennent toujours à leur club de la NCAA et ne peuvent disputer des matchs chez les pros.

Reste donc à Laval Rafaël Harvey-Pinard, 23 ans, et Jesse Ylonen, 22 ans, tous deux membres du premier trio du Rocket.

Harvey-Pinard peut encore nous surprendre, il n’a cessé de le faire ces dernières années, mais on l’identifie à titre de joueur de soutien au sein d’un quatrième trio s’il atteint la Ligue nationale. Ylonen se développe bien, mais on ne le qualifie pas d’éventuel ailier offensif de premier plan. Peut-il pourra-t-il un jour faire sa niche au sein d’un troisième trio.

Emil Heineman, acquis dans l’échange de Tyler Toffoli, est dans l’entourage de l’équipe, mais il se remet d’une blessure et il évite toujours le contact à l’entraînement.

Dans le contexte, on peut bien laisser Jean-François Houle le plaisir de coacher pour gagner…

Timide appui envers Bruce Boudreau

PHOTO CRAIG LASSIG, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Bruce Boudreau

Même si Bruce Boudreau a redressé la barre à Vancouver, les nouveaux dirigeants de l’équipe, le président Jim Rutherford et le directeur général Patrick Alvin, recruteur européen chez le Canadien de 2002 à 2006, n’ont pas exactement manifesté une profession de foi à son endroit.

Boudreau, fiche de 32-15-10 en relève à Travis Green, congédié par le DG déchu Jim Benning, n’a pas été congédié, mais on ne veut pas lui accorder de prolongation de contrat. Boudreau peut donc se prévaloir de son option pour 2022-2023, mais il peut aussi s’entendre avec l’équipe de son choix d’ici le 1er juin.

« Il sait qu’on veut le revoir, a déclaré le Rutherford. On lui a signifié avant la fin de la saison. Il connait notre position. Il a fait un travail fantastique, mais pas pendant une saison complète et on aimerait travailler avec lui sur certains aspects pendant une année complète. »

Bruce Boudreau a 67 ans. Il a été entraîneur en chef pendant neuf ans dans la Ligue américaine, puis pendant quinze ans dans la LNH avec quatre équipes. Si on prend encore le temps de l’évaluer…

À ne pas manquer

  1. Un magnifique camp avec le CH ; une saison de 50 buts et 119 points dans les rangs juniors ; un premier contrat professionnel ; le premier rang de la division par Sherbrooke. Joshua Roy a raison de parler d’une saison parfaite jusqu’ici. Katherine Harvey-Pinard s’est entretenue avec lui.
  2. Le record d’Usain Bolt est-il menacé ? Bruny Surin croit que oui. Il s’en est ouvert à Simon Drouin.
  3. Le bon vieux Corey Perry a encore constitué le cauchemar du gardien Jack Campbell, cette fois avec le Lightning de Tampa Bay. L’analyse de Simon-Oliver Lorange.