Il y a toujours un petit quelque chose d’émotif quand on assiste au début de quelque chose, et à la fin de quelque chose d’autre.

À ce chapitre, les exemples sont nombreux.

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Bien des gens n’ont pas oublié la fin de David Lee Roth avec Van Halen, au milieu des années 1980, le genre d’évènement cataclysmique dont on ne se remet jamais. Même chose pour la fois où Eric Carr a pris la place de Peter Criss derrière la batterie de Kiss, et aussi, dans une moindre mesure, pour cette chaude journée d’août 1988 où Wayne Gretzky a choisi de passer des Oilers aux Kings, parce que madame allait ainsi pouvoir accumuler les Oscars comme Wayne les Coupes sous les palmiers (rien de tout cela n’est arrivé, en passant).

C’est un peu à tout ça qu’on pensait jeudi soir en voyant les Rangers de New York dominer les Penguins de Pittsburgh par la marque de 5-2, sur la glace du MSG.

Bien sûr, cette série est égale 1-1, et il n’y a rien de décidé. En fait, si ça se trouve, nous sommes dans l’incertitude la plus totale parce que ces deux équipes sont imprévisibles, parce qu’elles sont capables du meilleur comme du pire ; d’ailleurs, n’est-ce pas ce qu’Axl Rose affirmait autrefois, quand il avançait, caché sous son bandeau, que la seule chose que l’on peut prévoir, c’est l’imprévisible ?

Ça résume assez bien cette série.

Le temps n’attend personne

Dans un monde pas si lointain, ce serait peut-être déjà 2-0 Pittsburgh après deux rencontres, avec un score combiné de 10-1 pour les Penguins, et plus personne ne se poserait de questions.

Mais ces Penguins ne sont plus ceux de naguère.

Bien sûr, Sidney Crosby est toujours là. (Au fait, qui d’autre que lui a encore des yeux à la Maurice Richard ? Personne.) Malkin et Letang sont là eux aussi. Mais les représentants de Pittsburgh doivent faire face à un constat, le même qui a mené à la fin des Blackhawks et des Oilers et des Islanders et aussi du Canadien de Guy avant eux : le temps n’attend personne.

Crosby a bien récolté un but jeudi soir, mais ses coéquipiers de longue date ont été très discrets, notamment Malkin (aucun point, - 1) et Letang (aucun point, - 3). Le gardien Louis Domingue, le héros du premier match avec son porc épicé et ses brocolis, a accordé 5 buts sur 40 tirs.

Les Rangers, eux, sont à l’autre bout du spectre. Ils sont jeunes, ils sortent à peine d’une reconstruction (ce fut même annoncé dans les médias !), et c’est de manière un peu surprenante qu’ils se sont présentés dans le tableau des séries actuelles. Bref, les Rangers jouent avec l’argent de la maison, comme on aime dire entre initiés, et ils ont le vent en poupe.

Est-ce que cette affaire est déjà classée ? Bien sûr que non, et bien sûr que tout peut encore arriver. D’ailleurs, saviez-vous que David Lee Roth et Van Halen ont fini par se retrouver ? C’est bien pour dire.

Mais le temps de quelques minutes, jeudi soir, on a eu l’impression d’assister à quelque chose.

À quelque chose qui ressemble à une passation des pouvoirs.