Des frais d’inscription réduits, des cours de patin au primaire, un meilleur encadrement du hockey féminin : le Comité québécois sur le développement du hockey au Québec a dévoilé jeudi un rapport axé sur le plaisir et l’accessibilité.

C’est accompagné d’Isabelle Charest, ministre déléguée à l’Éducation et responsable de la Condition féminine, que le président du comité, Marc Denis, a présenté le travail de son groupe.

Le rapport de 50 pages est signé par 16 autres membres, dont Dany Dubé, Guillaume Latendresse, Caroline Ouellette, Danièle Sauvageau et Jocelyn Thibault. En novembre dernier, le gouvernement provincial avait chargé les 17 experts de passer sous la loupe le système de hockey québécois.

Le Comité québécois sur le développement du hockey au Québec a formulé neuf recommandations au gouvernement Legault pour améliorer l’écosystème du hockey et proposer une meilleure méthode de développement des jeunes joueurs et joueuses d’ici.

Il est possible de résumer en quatre grands volets les conclusions proposées par le groupe d’experts.

Le hockey pour tous

L’une des priorités du groupe était de redonner au hockey la place qu’il mérite, pour que chaque Québécois puisse avoir un accès direct et privilégié à ce sport qui devrait être officiellement déclaré sport national du Québec, selon le rapport. Il s’agit d’ailleurs de sa toute première proposition.

Dans sa quête d’accessibilité, le Comité aimerait que le patin sur glace fasse partie du programme scolaire dès l’école primaire, afin de donner à tous les jeunes les bases nécessaires pour s’initier et jouer au hockey.

En conférence de presse, Mme Charest a souligné la baisse importante des inscriptions au cours des dernières années. « Le hockey est sur le point de changer et d’évoluer, pour le mieux. »

PHOTO ERICK LABBÉ, LE SOLEIL

Isabelle Charest, ministre déléguée à l’Éducation

L’un des points primordiaux du rapport, selon Marc Denis, est de donner au plus de familles possible le luxe de faire jouer leurs enfants au hockey, devenu une discipline de plus en plus coûteuse et inaccessible pour bon nombre de foyers à travers la province. Le Comité suggère de réduire les contraintes financières, structurelles, matérielles, temporelles et géographiques des familles. Il est question notamment de crédits d’impôt et d’initiatives établies pour réduire les coûts d’inscription, d’équipement et de transport.

Le hockey féminin occupe aussi une place importante dans le rapport. Le nombre de joueuses issues du Québec diminue dans les équipes nationales des différentes catégories. Pour y remédier, le groupe d’experts veut favoriser la promotion du hockey féminin et mieux encadrer le développement et le parcours des joueuses, en plus d’attribuer des postes névralgiques au sein de la structure de Hockey Québec à des femmes.

Le rapport propose aussi un meilleur accès aux joueurs de parahockey et de hockey adapté, en plus de favoriser l’accessibilité des peuples autochtones et inuit.

Pour le plaisir

Un autre axe d’une importance capitale pour le comité était de redonner le goût aux joueurs et aux joueuses de pratiquer le hockey pour le plaisir, tout simplement. L’accent a longtemps été mis sur le développement compétitif et « il faut recentrer nos attentes » a expliqué Marc Denis en conférence de presse.

C’est pourquoi il est proposé qu’avant l’âge de 13 ans, les jeunes jouent près de chez eux, sans avoir besoin de se déplacer dans d’autres régions, et que le contexte des matchs soit plus léger, approprié et polyvalent. Par ailleurs, toujours pour les jeunes de moins de 13 ans, le comité propose de « redéfinir le modèle compétitif », notamment en changeant le mode de classement et de statistiques, en éliminant des catégories trop compétitives et en modifiant le système de classement des joueurs.

Marc Denis a aussi évoqué le fait que l’une des propositions les plus importantes est la création de postes de conseillers techniques régionaux, pour superviser le hockey dans les différentes régions desservies par Hockey Québec. Puis, pour s’assurer que la mise en œuvre des différents principes évoqués.

Développer et garder les jeunes au Québec

Dans son rapport, le Comité a mis l’accent sur l’importance de développer les jeunes joueurs et joueuses du Québec. Beaucoup quittent le Québec pour aller vers d’autres provinces et d’autres pays, car passé un certain âge ou un certain niveau, les infrastructures québécoises sont insuffisantes pour de nombreux athlètes.

Par exemple, considérant que près de 14 % des joueurs de la Ligue nationale de hockey n’ont jamais été repêchés, il était primordial pour le groupe de Marc Denis de penser aux joueurs qui se développent plus tardivement et qui n’ont pas la chance, par exemple, de s’illustrer dans la LHJMQ entre 16 et 20 ans. C’est pourquoi ils ont ciblé le réseau universitaire. Sur 70 équipes universitaires au Canada, sept sont québécoises et deux sont issus d’écoles francophones ; les Patriotes de l’Université du Québec à Trois-Rivières chez les hommes et les Carabins de l’Université de Montréal chez les femmes. Le comité veut mieux encadrer les athlètes québécois jusqu’aux plus hauts niveaux.

Les niveaux M17 et M18 ont aussi été passés au scalpel et le rapport souhaite réorganiser ces catégories pour éviter le surclassement et pour développer les jeunes de manière équitable, notamment.

Créer un environnement sécuritaire

Le rapport a aussi pris soin de ne pas s’intéresser seulement aux joueurs, mais aussi à la structure. C’est pour cette raison que les experts consultés ont accordé beaucoup d’importance à la sécurité des jeunes, mais aussi des arbitres, des entraîneurs et des bénévoles, surtout au niveau mineur.

L’une des propositions est donc de mettre de l’avant un département de la sécurité et des officiels directement chez Hockey Québec.

Le comité s’est aussi penché sur les bagarres dans la LHJMQ et la dangerosité du sport à différentes étapes du développement et a proposé des avenues en matière de sensibilisation et de prise en charge des blessures et des commotions cérébrales.

Il suggère aussi d’installer des caméras de sécurité dans l’ensemble des arénas du Québec pour prévenir les pires incidents et pouvoir faire la lumière plus facilement sur des évènements violents ou qui ne correspondent pas aux codes de sécurité instaurés par Hockey Québec.

À la suite de la présentation du rapport, la ministre Isabelle Charest a affirmé « l’accueillir avec beaucoup d’enthousiasme », en plus de « s’engager à y donner suite rapidement ».