La réponse était on ne peut plus claire, et à la fois infiniment confondante.

La question, elle, était simple : y a-t-il une possibilité qu’on ait assisté au dernier match de la carrière de Carey Price ? La réplique de Martin St-Louis : « Aucune idée. »

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Dans un monde idéal, on l’aurait demandé au principal concerné. Mais apparemment, ça fêtait fort dans le vestiaire après cette victoire de 10-2 sur les Panthers de la Floride – une joute dont on ne retiendra probablement que le score, à moins qu’elle ne soit significative pour le gardien du Canadien, si vous voyez où l’on s’en va avec ça.

Tout ça pour dire, Price ne donnera sa version de l’histoire que ce samedi matin, à l’occasion du bilan de fin de saison de son club. Mais revenons à la question de base : est-il possible que le numéro 31 ait, sous nos yeux, effectué son dernier tour de piste ? La réponse est : oui, c’est possible. Le hasard a fait en sorte que la rencontre de vendredi ait été la dernière de Pierre Gervais, mythique gérant de l’équipement du CH qui tire sa révérence après plus de trois décennies passées à répondre à tous les caprices des joueurs et, surtout, à les écouter et à les connaître probablement mieux que quiconque.

Gervais n’a pas cherché à se défiler. « Je ne suis pas médecin », a-t-il prévenu. Mais à ses yeux, la fin du règne de Price est « une possibilité ». Le cas échéant, il se serait offert une sacrée fin de parcours, a-t-il ajouté. Avec raison.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

Carey Price

Pierre Gervais, encore : « Je lui souhaite tout ce qu’il y a de mieux, tout ce qu’il désire. Ce gars est incroyable, il a traversé beaucoup d’épreuves. Il a travaillé tellement fort hors glace, j’espère qu’il connaîtra un bon été, qu’il fera le point avec les médecins sur ses blessures. J’espère qu’il pourra jouer encore quelques saisons. »

Et de répéter : « Je l’espère. »

Inédit

Loin de nous l’idée de chercher des indices là où il n’y en a pas. Mais il y avait quelque chose d’inédit à voir Price, pendant le jeu, avec une quinzaine de secondes à écouler et alors que la rondelle circulait dans son territoire, envoyer la main à sa femme et à ses enfants, bâton sous le bras. Évidemment que le coussin de 8 buts et l’absence totale d’enjeu lui donnaient parfaitement le droit de prendre ça mollo.

Mais s’il n’y avait que ça. Toute l’année, la question s’est posée. Peu de temps après sa nomination, à la fin du mois de janvier, le directeur général Kent Hughes se disait incapable d’affirmer avec conviction qu’on reverrait son gardien sur patins. Dans les dernières étapes menant à son retour au jeu, Martin St-Louis a répété qu’il « écoutait Carey ». Que c’est lui, et lui seul, qui déterminerait à quel moment il se sentirait prêt à sauter dans l’action.

Son retour a duré quatre matchs. Après la défaite de 6-3, samedi dernier à Ottawa, il était mal en point. On lui a donc donné cinq jours de congé, au cours desquels il a notamment consulté le spécialiste qui avait procédé à son opération au genou l’été dernier. Ce n’était pas un examen en règle, dit-on. Ce qui en est ressorti ? « Aucune idée », nous a encore répondu Martin St-Louis, vendredi matin, quelques heures avant le match.

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Cole Caufield

« C’est Carey qui conduit l’autobus », a-t-il imagé.

Les joueurs, malgré eux, ont contribué à alimenter le mystère. « On veut lui donner une victoire, ce sera notre but », a dit Chris Wideman. « On veut aller chercher la victoire pour Carey, pour Pierre Gervais et pour Guy Lafleur », a renchéri Jordan Harris.

Rien n’exclut que cette sollicitude ait été destinée à épargner à Price de partir en vacances avec une fiche de 0-5. Ça reste quand même de grands épanchements pour une fiche de consolation de 1-4.

L’ascendant qu’exerce Price sur ses coéquipiers et même sur ses adversaires se décrit mal en mots. Pour citer le sage Yannick Marjot : faut le voir pour le croire. « Quand il est dans le vestiaire, tu sens son énergie », a suggéré Cole Caufield après la rencontre.

On ne se perdra donc pas en hypothèses et en suranalyses sémiologiques, car peut-être bien que tout ce beau monde s’attend réellement à compter sur un Carey Price frais et dispo au prochain camp d’entraînement. Et on n’a pas pourchassé Martin St-Louis pour des précisions après qu’il eut affirmé être « content pour lui que ça se finisse comme ça ».

Était-il question de sa saison ? De sa carrière ? La remarque serait valable dans les deux cas.

Ce qu’on sait, c’est que, depuis 15 ans, on ne s’est jamais ennuyés quand il était question de Carey Price. On sait aussi que ça ne changera jamais.

En hausse : Cole Caufield

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Alexander Romanov et Colde Caufield

Trois buts, comme un point d’exclamation en conclusion d’une saison hors du commun. La rondelle filait à 130 km/h sur son premier but… sur un lancer du poignet. Il n’a pas fini de nous impressionner.

En baisse : Jonas Johansson

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Jonas Johansson

Une rare extravagance dans cette rubrique. Pas vraiment de mauvais élève dans une victoire de 10-2, alors aussi bien se tourner vers le pire joueur sur la glace, soit le pauvre gardien des Panthers. Il se souviendra longtemps de cette soirée.

Le chiffre du match : -6

Le défenseur Matt Kiersted, des Panthers, n’avait disputé que 16 matchs dans la LNH, cumulant un différentiel de -6. Après son 17e match, le voilà à -12.

Ils ont dit

C’était très cool. J’aurais préféré qu’on n’accorde pas 10 buts ! J’ai grandi dans le nord de l’Ontario, il y avait beaucoup de partisans du Canadien. C’était le joueur préféré de mon père. C’est dommage qu’il nous quitte si jeune. Mais quel joueur il était.

Andrew Brunette, entraîneur-chef des Panthers, au sujet des « Guy, Guy, Guy » criés par la foule après le 10e but

C’est bizarre. J’ai toujours cru en des forces supérieures, les dieux du hockey. C’est rare que t’en comptes 10. Je suis très content pour Guy.

Martin St-Louis

Je ne mentirai pas, c’est pas mal cool. C’était une soirée plaisante pour tout le monde, une belle manière de finir.

Cole Caufield

Avec Lundell, on se disait peut-être, mais pas tout à fait prêts. Pour Forsling, on était prêts à l’utiliser, mais le match nous a échappé tellement rapidement que nous avons laissé tomber.

Andrew Brunette, au sujet de sa décision de laisser Anton Lundell et Gustav Forsling au banc pendant tout le match

En début de saison, personne dans notre équipe ni dans la ligue ne visait le trophée des Présidents. C’est bien comme exploit, mais je peux vous assurer que, dans notre vestiaire, personne n’a même mentionné ce trophée.

Ryan Lomberg, des Panthers