« Ce n’est pas un devoir, c’est un privilège. » C’est ce que répond Gaston Gingras lorsqu’on lui demande pourquoi il continue de contribuer au succès de la relève. Ce privilège est renouvelé depuis plusieurs années, alors qu’il transmet ses connaissances aux jeunes joueuses de hockey.

L’ancien numéro 29 a été le dernier à sortir de la patinoire après la première moitié de la journée de la Fête du hockey féminin de la Banque Scotia. Plus de 300 joueuses âgées de 7 à 16 ans ont eu la chance de parfaire leur jeu sur la patinoire du Centre Bell, samedi dernier.

Juste avant d’aller manger, Gingras a félicité chacune des jeunes filles du dernier groupe de la matinée. Il a même aidé les employés de l’aréna à bouger les filets pour laisser le conducteur de la Zamboni faire son travail.

Après plus de trois heures passées sur la surface glacée, l’ancien défenseur s’est assis dans le premier vestiaire disponible, a retiré casque et gants, et s’est installé pour jaser.

J’ai 63 ans, si j’en avais assez, je ne serais plus ici. Ma femme me demande toujours pourquoi je ne suis pas à la retraite. C’est parce que j’aime ça et ça me garde jeune !

Gaston Gingras

Sans un horaire aussi chargé, Gingras aurait peut-être passé le reste de la journée sur ce banc, dans ce vestiaire parsemé de bâtons au ruban rose, les patins toujours aux pieds, à discuter de ses deux plus grandes passions : le hockey et le Canadien de Montréal.

Depuis des dizaines d’années, il s’implique auprès de la relève. Participe aux activités du club. Organise des cours pratiques. Prend part à la tournée des Anciens Canadiens. Pour Gingras, redonner est une seconde nature.

Au cours de son après-carrière, il a pu aider une tonne de jeunes à progresser. Il a vu grandir sous ses yeux des joueurs qui sont aujourd’hui dans la Ligue nationale de hockey ou des joueuses qui ont remporté l’or olympique.

Qui sait si l’une des 300 joueuses présentes au Centre Bell ne deviendra pas la future Marie-Philip Poulin ? À sa manière, Gingras espère contribuer au développement et à l’épanouissement du hockey féminin. Il n’y a pas de doute, selon lui, que d’avoir accès à des joueuses modèles aussi disponibles, sincères et talentueuses que Mélodie Daoust, par exemple, ne peut qu’inspirer les jeunes joueuses d’ici.

C’est comme nous quand on regardait des joueurs de la Ligue nationale. J’espère qu’elles auront leur ligue professionnelle, pour que [le hockey féminin] prenne encore plus d’ampleur.

Gaston Gingras

Une longue tradition

Le monde du hockey a été attristé au cours des derniers jours d’apprendre la mort de Guy Lafleur. Le choc a encore été plus brutal pour les anciens joueurs du Canadien qui l’ont côtoyé.

Gingras a été son coéquipier pendant trois saisons. Même s’il s’agit d’une immense perte dont il sera difficile de se remettre, Lafleur aura réussi à sensibiliser une génération complète de hockeyeurs à l’importance de redonner. Que ce soit du temps ou des conseils.

« Dans l’autobus, les plus jeunes, on écoutait. Il avait tellement d’histoires et de connaissances », dit-il après avoir observé un moment de silence et pris une grande inspiration avant de commencer à parler.

Moi-même, je suis conscient de l’effet d’être un ancien joueur des Canadiens. Alors je m’imagine à peine ce que ça devait être pour une légende qui a toujours été consciente de ça.

Gaston Gingras

Des évènements comme la Fête du hockey féminin ont toujours eu une grande valeur aux yeux du Démon blond. Ça fait maintenant partie de l’ADN des Anciens Canadiens de prendre part à ce genre de journée. Une tradition qui a été instaurée par les plus grands, comme Lafleur. Cette génération n’a jamais tenu pour acquis le privilège dont elle bénéficiait.

« Les anciens vivent et s’impliquent encore dans la communauté et indirectement, on est tous des ambassadeurs du club. On est des Canadiens pour la vie. »

Le hockey change des vies

Plusieurs têtes d’affiche ont été conviées dans le cadre de l’évènement pour accompagner les joueuses au courant de la journée.

Mélodie Daoust, Sarah Lefort et Rebecca Leslie, de la Professional Women’s Hockey Players Association (PWHPA), se sont adressées aux jeunes filles et à leurs parents lors d’un panel organisé pendant l’heure du dîner dans les gradins du Centre Bell.

Daoust, triple médaillée olympique, a rappelé aux hockeyeuses la chance qu’elles avaient de pouvoir participer à un évènement de la sorte.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Mélodie Daoust

J’ai commencé à jouer à 5 ans et jusqu’à 16 ans, on était juste trois filles dans ma ligue. Je suis fière d’assister à des évènements comme ça avec plus de 300 joueuses.

Mélodie Daoust

Daoust a ajouté que le hockey a été un cadeau du ciel pour elle. D’une part, parce que le hockey lui a permis d’obtenir une bonne éducation, de se rendre à l’université et de terminer ses études. D’autre part, parce que c’est au hockey qu’elle s’est fait ses meilleures amies.

Elle a hâte qu’une ligue professionnelle voie le jour pour que les prochaines générations de joueuses de hockey puissent vivre adéquatement de leur passion et qu’elles soient récompensées à la hauteur de leur talent.

Des joueuses ravies

Entre les entraînements, il y avait autant de sourires que de participantes. Chaque joueuse avait l’air charmée et un peu intimidée par l’immensité du Centre Bell.

Il n’en demeure pas moins que cette journée était spéciale pour chacune d’entre elles et qu’elles en garderont un souvenir impérissable.

Par exemple, la jeune Olivia était presque sans mots d’avoir pu fouler la même glace que les joueurs du Canadien : « Ce que j’ai aimé le plus, c’est d’être sur la patinoire et de jouer sur la glace. C’est assez impressionnant. »

Pour Léa, s’entraîner aux côtés de Mélodie Daoust l’inspire à devenir championne de hockey, elle aussi : « C’est mon plus grand rêve, mais j’en ai plein d’autres ! »