Pour la cinquième fois en vingt ans, le Canadien terminera parmi les pires équipes au classement de la Ligue nationale de hockey.

Voyons comment il s’y est pris les quatre fois précédentes pour se sortir du marasme les saisons suivantes.

Nous avons exclu la saison 2019-2020, où Montréal a terminé au 24e rang du classement général en cette saison pandémique et néanmoins participé aux séries éliminatoires.

2000-2001

24e

Fiche de 28-40-8

C’est la fin du règne du directeur général Réjean Houle, congédié en novembre avec l’entraîneur-chef Alain Vigneault. André Savard prend la relève de Houle et l’entraîneur du club-école des Citadelles de Québec, Michel Therrien, est promu dans la LNH à 37 ans.

À part Saku Koivu, 25 ans, un jeune Andrei Markov de 21 ans et José Théodore, 24 ans, le club est plutôt dépourvu de talent. Oleg Petrov, Martin Rucinsky, Brian Savage et Trevor Linden, tous désormais au début de la trentaine, mènent l’attaque, et la banque d’espoirs est maigre, outre peut-être Mike Ribeiro.

Savard procède à une phase de rajeunissement et obtient des Capitals un choix de première ronde, Richard Zednik, 24 ans, Jan Bulis, 22 ans, pour Linden et Dainius Zubrus. On repêchera le colosse Mike Komisarek, un défenseur droitier, au septième rang, et Alexander Perezhogin avec le choix obtenu de Washington et un certain Tomas Plekanec en troisième ronde.

André Savard embauche des vétérans l’été suivant, Doug Gilmour, Yanic Perreault, Joé Juneau, Donald Audette, de façon à rester compétitif en attendant l’éclosion des plus jeunes.

José Théodore connait la saison de sa carrière en 2001-2002, remporte les trophées Hart et Vézina, et malgré le cancer de Koivu, le Canadien participe contre toute attente aux séries et élimine même les Bruins en première ronde.

Chris Higgins s’ajoute à une bande d’espoirs prometteurs en 2002, mais le Canadien, encore jeune, ne se qualifie pas pour les séries en 2003 et André Savard est congédié pour accueillir Bob Gainey.

Celui-ci veut des résultats plus rapides et n’hésitera pas à échanger des choix et/ou des espoirs pour des solutions à court terme, surtout à l’aube du centenaire en 2009 où le choix de première ronde de 2008 est sacrifié pour Alex Tanguay et Ryan McDonagh échangé dans la transaction pour Scott Gomez.

Pendant son règne de six ans, Montréal participera aux séries cinq fois, atteint même le carré d’as en 2010 grâce à une performance héroïque du gardien Jaroslav Halak, mais se qualifie généralement par un poil chaque printemps.

2011-2012

28e

Fiche de 31-35-16

Cette saison désastreuse découle de la fin de règne de Bob Gainey. Son successeur Pierre Gauthier est en selle depuis plus d’un an, mais les efforts concentrés pour gagner la Coupe Stanley en 2010 ont mis en péril l’avenir de cette organisation.

Gauthier congédie l’entraîneur Jacques Martin en décembre, pour le remplacer par Randy Cunneyworth et entame une phase de réinitialisation en échangeant Mike Cammalleri, Andrei Kostitsyn et Hal Gill pour des choix au repêchage et/ou de plus jeunes joueurs.

Le nouveau propriétaire Geoff Molson n’attend même pas la fin de la saison pour congédier Gauthier. Sans surprise, Cunneyworth connaitra le même sort. Marc Bergevin s’amène de l’organisation des Blackhawks de Chicago pour remplacer Pierre Gauthier.

Le CH possède un joli trio de jeunes joueurs pour se relancer, Max Pacioretty, dont c’est la grande éclosion avec 33 buts à seulement 22 ans, P. K. Subban, 22 ans lui aussi, et Carey Price, 24 ans.

Montréal est toujours à la recherche de son gros joueur de centre et avec le troisième choix au total, mise sur Alex Galchenyuk même si celui-ci a raté presque toute la saison en raison d’une blessure.

Le lockout permet à Galchenyuk et un rare choix prometteur des dernières années Brendan Gallagher, de se faire la main dans les circuits mineurs (61 points en 33 matchs pour Galchenyuk à Sarnia dans la Ligue junior de l’Ontario à 18 ans et 20 points en 36 matchs pour Gallagher dans la Ligue américaine) avant de rejoindre le club pour le début de saison en janvier. Le général en défense, Andrei Markov, a aussi le temps de guérir de sa blessure de la saison précédente.

Ce club relativement jeune, dynamisé par l’arrivée de Bergevin, termine au 2e rang dans l’Est, 4e au classement général, et participera aux séries trois années de suite, avec même un carré d’as en 2014 !

Pacioretty, Subban et Price sont au sommet de leur art.

Mais la valeur de ce club est sans doute faussée par les performances de son gardien et une grave blessure à Price assombrit la saison 2015-2016.

Dans l’espoir de relancer rapidement l’équipe, Bergevin échange P. K. Subban pour un défenseur plus âgé, mais plus stable, Shea Weber, échange ses deux choix de deuxième ronde en 2016 pour le jeune vétéran Andrew Shaw et embauche un joueur autonome en provenance de la Russie, Alexander Radulov.

Malgré ces changements, et l’arrivée de vétérans costauds comme Steve Ott, Dwight King et Andreas Martinsen à la date limite des transactions, le Canadien est éliminé en première ronde par les Rangers de New York.

Avec Price et Weber qui avancent en âge, le DG du Canadien continue dans sa quête de succès à court terme en échangeant le meilleur espoir de l’organisation, le défenseur Mikhail Sergachev, pour Jonathan Drouin, et offre un pont d’or à Karl Alzner dans l’espoir qu’il comble la perte du grand Markov…

2017-2018

28e

Fiche de 29-40-13

Marc Bergevin avait de grands espoirs à l’aube de la saison et vantait son nouveau « comité » en défense constitué d’Alzner, Joe Morrow, David Schlemko, Jakub Jerabek et Brandon Davidson, mais la recrue Victor Mete s’est révélée meilleure que tous ceux-là. L’expérience avec Mark Streit et Ales Hemsky n’a pas duré dix matchs.

La saison a vite tourné au cauchemar et Bergevin s’est enfin résolu à entamer ce qu’il aurait dû faire deux ans plus tôt : un cycle de réinitialisation.

On a encore misé sur un grand joueur de centre avec ce deuxième choix dans le top trois en moins de six ans, Jesperi Kotkaniemi, échangé le jeune centre déchu Alex Galchenyuk pour Max Domi et envoyé le capitaine Pacioretty à Vegas pour un jeune Nick Suzuki, Tomas Tatar et un choix de deuxième ronde.

À la surprise générale, Kotkaniemi a éclipsé Suzuki d’un an son aîné, au camp d’entraînement, et mérité un poste à seulement 18 ans, Domi a été fumant, tout comme Tatar, Drouin, Danault et Gallagher, et le CH a peut-être grandi trop vite cet hiver-là en luttant pour une place en séries jusqu’à la fin.

La réinitialisation n’a pas duré très longtemps, donc. On a assisté à l’arrivée massive de vétérans au cours des deux années suivantes, Thompson, Edmundson, Perry, Toffoli, Staal, Merrill, Gustafsson, et ça a donné un surprenant parcours en séries à l’été 2021, mais le noyau était désormais usé à l’os.

Les deux piliers de l’équipe, Shea Weber et Carey Price, n’ont pas joué, ou à peine dans le cas de Price, Danault a quitté, Kotkaniemi n’a pas été retenu après avoir accepté une offre qualificative des Hurricanes (encore amer de sa mise à l’écart en finale), Paul Byron et Joel Edmundson ont manqué au moins la moitié de la saison. En bref, ce club était à l’agonie lors du congédiement de Marc Bergevin cet automne.

Patience cette fois svp !

Une tendance claire se profile lors de ces trois cycles : pour une foule de raisons, le Canadien n’est jamais allé au bout de son processus de rajeunissement. De sorte que les courtes périodes de succès ont toujours été interrompues par des saisons minables.

La nouvelle direction, menée par Jeff Gorton et Kent Hughes, promet d’être patiente et répète sa volonté de faire du Canadien une équipe de premier plan à long terme, moyennant des années difficiles de réinitialisation/reconstruction. Souhaitons qu’on ne répète pas les erreurs du passé après un an ou deux.

Pierre-Luc Dubois sur le marché des échanges ?

PHOTO TIMOTHY T. LUDWIG, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Pierre-Luc Dubois tente de déjouer Craig Anderson

Les négociations de contrat seraient difficiles entre les Jets de Winnipeg et Pierre-Luc Dubois, rapportait le très branché Elliotte Friedman dans son segment télé samedi. Dubois, 24 ans en juin, est en fin de contrat et les Jets détiennent encore leurs droits sur lui, mais il aura droit à l’autonomie complète dans deux ans. « Si les Jets réalisent qu’ils ne pourront pas s’entendre à long terme avec lui, il faudra surveiller la situation de près. »

Le Québécois, acquis des Blue Jackets de Columbus en retour de Patrik Laine et Jack Roslovic en janvier 2021, a marqué 27 buts et amassé 58 points cette saison. Winnipeg sera néanmoins exclu des séries, après avoir été éliminé en deuxième ronde par le Canadien l’été précédent, dans une série où Dubois avait obtenu trois aides en sept rencontres.

Les centres de 6 pieds 2 pouces et 205 livres doués offensivement ne courent pas les rues. Voyons ce que les Jets exigeront en retour s’ils ne parviennent pas à s’entendre avec lui…

Dubois touche 5 millions annuellement.

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