Quand Martin St-Louis est arrivé à la barre du Canadien, en date du 9 février, les joueurs au maillot tricolore se sont tous mis à parler d’un temps nouveau. Mais aujourd’hui, 35 matchs plus tard, l’époque d’un temps nouveau semble déjà révolue.

Parce que les chiffres disent tout ce qu’il y a à dire : non, il n’y a rien de vraiment nouveau dans ce Canadien, qui se comporte essentiellement comme le Canadien de Dominique Ducharme le faisait, si on fait abstraction des victoires morales et du nombre de fois où le club est « passé proche »… avec le même résultat.

Ainsi, au moment où le Canadien se prépare à son avant-dernier match de la saison, prévu mercredi soir à New York contre les Rangers, c’est une série de neuf défaites consécutives qui plombe l’équipe. Une telle enfilade d’insuccès est du jamais-vu dans l’histoire du club depuis la modernité du hockey, les casques protecteurs et les masques de gardien.

En fait, il faut remonter à janvier 1940 pour trouver une telle série noire dans le grand livre d’histoire de l’équipe. Plus tôt cette saison, le Canadien avait connu une série de huit défaites, du 24 janvier au 13 février, et si on ajoute les deux défaites (en prolongation) des 20 et 22 janvier, cette sécheresse-là sans victoire avait duré le temps de 10 rencontres. Est-ce pire ou mieux que celle-ci ? À vous de juger.

Avant de se faire pousser vers la sortie, Ducharme avait amorcé l’année 2022 avec une formation amincie à Sunrise, en Floride, et ses 12 matchs de la présente année, du 1er janvier au 8 février, ont mené à un dossier de 1-8-3, pour une récolte de cinq maigres points. Ce sont des statistiques similaires que St-Louis vient de cumuler à ses 12 derniers matchs en avril, avec une fiche de 2-10, pour un total de 4 points.

Cette modeste récolte vient trancher avec les élans d’enthousiasme exprimés de la part des vétérans les plus intransigeants envers Ducharme cet hiver, dont Jeff Petry. Le 28 février, le vétéran défenseur avait parlé du « plaisir de venir à l’aréna », entre autres révélations.

« Regardez ce qu’on fait maintenant, avait-il alors ajouté. On joue bien mieux défensivement. On a éliminé la zone grise où le défenseur ne pouvait pas aller, une fois passé un certain point. Ce changement, cette demi-seconde, donnait du temps aux autres équipes et permettait à un de leurs joueurs de se retrouver à découvert. Maintenant, dans les trois zones, on est tout le temps sur un adversaire. C’est difficile pour un rival quand il n’a pas le temps de trouver le jeu parfait. On force les équipes adverses à faire un jeu. »

« Au jour le jour »

Malgré tout ça, les trois mois de St-Louis derrière le banc montréalais vont se conclure avec un seul de ces mois qui aura pu mener à une fiche gagnante, celui de février, où le nouvel entraîneur avait obtenu un dossier de 5-3 et 10 points en 8 rencontres.

Ce n’est pas vraiment mieux au chapitre des buts accordés, et le retour de Carey Price, en date du 15 avril, n’a pas permis de mener à une nette amélioration devant le filet. En quatre rencontres (quatre défaites), le gardien de 34 ans affiche une moyenne de 4,04 et un taux d’arrêts de seulement ,853.

Il faut ajouter à cela de nouvelles interrogations au chapitre de sa santé. À plusieurs reprises lors de son dernier match, celui de samedi soir à Ottawa, Price a donné l’impression d’avoir du mal à se déplacer et à se relever, et il n’était même pas en uniforme lors du match suivant, celui de dimanche soir au Centre Bell.

Avec seulement deux matchs à l’horaire d’ici à la fin de cette saison à oublier, il est permis de se demander si on le reverra ou non.

« On a écouté Carey depuis son retour, et c’est ce qu’on a fait aussi samedi, a tenu à dire St-Louis après le match de dimanche soir. Il ne pouvait pas être sur le banc [dimanche], et il sera évalué de nouveau [lundi]. On a un entraînement qui est prévu mardi, et on va y aller au jour le jour avec lui. »

Au moins, Price a reçu une bonne nouvelle lors de la journée de lundi : c’est lui qui est nommé parmi les joueurs du Canadien dans la course au trophée Bill-Masterton, qui récompense annuellement le joueur de la LNH qui s’est le plus illustré pour sa persévérance, son esprit sportif et son dévouement au hockey.

Ce qui ne vient toutefois pas faire oublier des séries de défaites, surtout quand elles sont historiques.