Jamais n’avait-on assisté à un tel scénario dans l’histoire de la Ligue nationale de hockey. Jamais trois joueurs de la même équipe n’avaient-ils été repêchés en première ronde, hormis bien sûr les membres du programme de développement américain.

Non seulement Owen Power, Matthew Beniers et Kent Johnson ont-ils été les premiers, mais ils ont été repêchés dans le top cinq en juillet 2021...

Les Wolverines de l’Université Michigan ont perdu les trois simultanément, ce week-end, à la suite de leur élimination aux mains de Denver et de l’espoir du Canadien Brett Stapley lors du tournoi du Frozen Four.

Les trois feront vraisemblablement leurs débuts dans la LNH cette semaine, le défenseur Power, premier choix au total, avec les Sabres mardi soir, tout comme le centre Beniers, deuxième choix au total, avec le Kraken, et l’ailier gauche des Blue Jackets, Johnson, cinquième choix au total, contre le Canadien mercredi.

La reconstruction des Sabres de Buffalo dure depuis une éternité, mais on voit mal comment ils pourraient rater leur coup désormais, avec, en défense, Power, 6 pieds 6 pouces et 215 livres de vitesse et de talent, Rasmus Dahlin, un autre premier choix au total, en 2018, 6 pieds 3 pouces, 210 livres, déjà 44 points cette saison, et Henri Jokiharju, 22 ans, un autre choix de première ronde dont c’est finalement l’éclosion, obtenu des Blackhawks de Chicago il y a quelques années pour Alex Nylander, qui est toujours dans la Ligue américaine à 24 ans.

Power, 19 ans, 32 points en 33 matchs à Michigan, membre de l’équipe canadienne au Championnat mondial junior, mais aussi de la formation olympique, fera la paire avec Jokiharju mardi. Dahlin retrouvera l’ancien partenaire de Jordan Harris au sein de l’équipe junior américaine, Mattias Samuelsson, un autre géant à 6 pieds 4 pouces et 227 livres, repêché au début de la deuxième ronde, 32e au total, en 2018.

Buffalo regorge déjà de talent à l’attaque, avec Tage Thompson, 24 ans, le premier centre du club, 58 points en 70 matchs, obtenu dans l’échange de Ryan O’Reilly, Dylan Cozens et Casey Mittelstadt, sans oublier Peyton Krebs et Alex Tuch, obtenus contre Jack Eichel, et les autres dans l’ombre, entre autres Jack Quinn, huitième choix au total en 2020, fumant dans la Ligue américaine avec 54 points en 37 matchs.

Buffalo devra néanmoins attendre une année supplémentaire avant de voir le gardien québécois Devon Levi. Celui-ci disputera une autre saison à Northeastern dans la NCAA.

Les Sabres repêcheront aussi dans le top dix cette année et détiennent aussi les choix de première ronde des Panthers de la Floride et des Golden Knights de Vegas. Ils avaient aussi repêché deux fois en première ronde l’an dernier avec un choix des Flyers obtenu pour le défenseur Rasmus Ristolainen.

Beniers, 19 ans, 43 points en 37 matchs avec les Wolverines, est déjà au centre du premier trio à l’entraînement avec le Kraken de Seattle, entre Ryan Donato et Jordan Eberle.

Ceux qui ont suivi la dernière participation de Cole Caufield au Championnat mondial junior avec l’équipe américaine, en 2021, se souviendront de lui. Beniers, alors âgé de 18 ans, formait un trio avec Caufield et la jeune star du Wild du Minnesota, Matt Boldy, mais la chimie n’avait jamais pu s’établir entre les trois.

La reconstruction pourrait prendre du temps à Seattle, puisque le Kraken n’a pas accumulé les choix au repêchage comme les Golden Knights à leur entrée dans la Ligue, mais ils repêcheront vraisemblablement dans le top trois cette année et détiennent quatre choix de deuxième ronde cet été.

Les débuts à Columbus de Kent Johnson, 37 points en 32 matchs à Michigan, membre de l’équipe olympique canadienne comme Power, concrétise l’impressionnant virage jeunesse du DG Jarmo Kekalainen cet été.

Johnson peut aussi jouer au centre, comme à l’aile. Il est d’abord reconnu comme un passeur. Johnson entamera sa carrière à l’aile. Il s’entraînait avec le centre Justin Danforth, un vétéran des ligues mineures ou européennes pour l’essentiel de sa carrière, avant de percer la formation des Jackets cet hiver, et Oliver Bjorkstrand.

Le jeune homme aura de la compagnie puisque le défenseur des Wolverines, Nick Blankenburg, 23 ans, vient de s’entendre avec le club à titre de joueur autonome.

Johnson ne sera pas le plus jeune à l’attaque. Le deuxième choix de première ronde en 2021 (12e au total, en retour Columbus a cédé son 32e choix au total), Cole Sillinger, a percé la formation à seulement 18 ans. Ce jeune colosse de 6 pieds 2 pouces a amassé 24 points en 70 matchs au centre du troisième trio.

Sillinger a pu être repêché grâce au choix de première ronde obtenu des Blackhawks de Chicago pour Seth Jones.

Cette transaction a aussi permis à Columbus de mettre la main sur le jeune défenseur offensif de 21 ans, Adam Boqvist, 8e choix au total en 2018, et le choix de deuxième ronde en 2021 de ces mêmes Hawks a servi d’appât pour obtenir le défenseur Jake Bean.

Kekalainen détient aussi le premier choix des Hawks cette année. Son propre choix se situe au douzième rang et celui de Chicago au septième. Les Hawks perdront leur choix à moins de remporter la loterie et de détenir l’un des deux premiers choix. Si c’était le cas, ils transféreront leur premier choix en 2023.

Cette rencontre, mercredi à Columbus, sera doublement intéressante pour ceux qui n’ont pas seulement le CH à l’œil.

Brett Stapley a-t-il gagné assez de points ?

PHOTO BRIAN FLUHARTY, USA TODAY SPORTS

Brett Stapley

Les plans initiaux du Canadien ne tendaient pas vers une embauche de Brett Stapley, 23 ans, un choix de septième ronde de l’équipe en 2018. Ses performances en séries de la NCAA changeront-elles la donne ? Ce centre de 5 pieds 11 pouces et 177 livres a marqué en demi-finale et en finale et contribué à la conquête de ce prestigieux tournoi. Il a terminé la saison avec 43 points en 41 matchs.

Le jeune homme a vu sa carrière universitaire marquée par une sérieuse blessure l’an dernier, où il avait disputé seulement 13 matchs. Le directeur du développement des joueurs chez le Canadien, Rob Ramage, s’en était d’ailleurs voulu de lui avoir jeté un mauvais sort. Ramage avait refusé à la blague lors d’une interview en novembre d’identifier son espoir le plus sous-estimé. « La dernière fois que j’ai fait ça, j’étais tellement emballé par Brett Stapley, mais je lui ai porté malchance. Le jeune homme était une recrue, quart-arrière en supériorité numérique, il était l’un de leurs joueurs les plus intelligents, il semblait assuré d’avoir un avenir avec nous après sa troisième année, puis il s’est fait reconstruire les deux épaules au cours des deux années suivantes. Je m’en suis voulu par la suite. Je me suis dit : “espèce d’idiot, pourquoi as-tu fait ça ?” Alors respectueusement, je décline ! Mais on n’a pas oublié Brett et il connaît un bon début de saison. »

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