Le nom de Justin Barron est sur toutes les lèvres depuis mardi soir à la suite de son joli but, son premier en carrière, contre les Sénateurs d’Ottawa.

Barron, 20 ans, obtenu récemment avec un choix de deuxième ronde en 2024, pour Artturi Lehkonen, a fait preuve d’une belle patience avec la rondelle et d’une mobilité latérale impressionnante sur le jeu. Son tir, l’une de ses armes principales, était d’une précision rare.

On a un peu moins parlé de l’autre recrue en défense, Jordan Harris, malgré sa performance sans faille. Quand on s’attarde au match avec un regard plus averti, on réalise qu’Harris, 21 ans, avait une mission beaucoup plus délicate, sans pour autant rien enlever aux belles qualités de l’autre. Jumelé au vétéran David Savard, Harris était presque systématiquement confronté au deuxième trio des Sénateurs, composé de Drake Batherson, Tim Stützle et Alex Formenton.

Martin St-Louis et son groupe d’entraîneurs, qui détenaient le droit au dernier changement puisque le Canadien jouait à domicile, envoyaient le duo constitué d’Alexander Romanov et Joel Edmundson contre le trio de Josh Norris, Brady Tkachuk et Mathieu Joseph.

Harris en était à son deuxième match seulement en carrière chez les professionnels, mais la maturité dans son jeu, sa grande mobilité et son intelligence ont fait en sorte que déjà, la direction de l’équipe puisse lui confier de telles missions.

Ce duo ne s’est retrouvé sur la glace pour aucun des trois buts des Sénateurs à égalité numérique (en excluant le but dans un filet désert). À un certain moment de la rencontre, Batherson, 6 pieds 3 pouces et 204 livres, a tenté de battre Harris, 5 pieds 11 et 185 livres, à un contre un. Le jeune défenseur du CH l’a attiré contre la bande avant d’annihiler les efforts de l’attaquant des Sénateurs. Ce dernier compte pourtant 38 points, dont 14 buts en 36 matchs cette saison.

L’ancien capitaine des Huskies de Northeastern, repêché en troisième ronde en 2018 par le Canadien, n’a pas raté beaucoup de premières passes. Sa vitesse lui a permis de récupérer de nombreuses rondelles libres. Il n’a pas perdu beaucoup de batailles pour le disque le long de la rampe même aux adversaires à qui il concédait quelques pouces.

Temps d’utilisation des défenseurs à 5 contre 5 mardi

David Savard - 18 : 23

Jordan Harris - 17 : 56

Alexander Romanov - 17 : 41

Joel Edmundson - 16 : 23

Corey Schueneman - 15 : 04

Justin Barron - 15 : 00

La paire constituée de Barron et Corey Schueneman a surtout affronté les troisième et quatrième trio des Sénateurs. Ils se sont retrouvés par la force des choses contre celui de Stützle à un certain moment en première et réussi à sauver les meubles après une présence difficile à chasser la rondelle en territoire défensif.

Analyser le travail de Harris et Barron, un choix de première ronde, 25e au total, en 2020 par l’Avalanche, nous permet aussi de constater à quel point Romanov a atteint un autre niveau de jeu malgré ses 22 ans seulement.

Romanov, un choix de deuxième ronde du CH en 2018, a six mois de plus seulement que Harris. Il ne joue désormais jamais moins de 20 minutes par rencontre depuis un mois, et contre les meilleurs éléments adverses. Il n’est pas seulement robuste, mais très mobile, et il se permet désormais une meilleure créativité, et patience, avec la rondelle. Il a joué 23 minutes ou plus six fois lors des 11 derniers matchs, dont une partie de 27 minutes, sans pour autant participer aux supériorités numériques !

Patience avec Barron

Une reconstruction, doublée d’une fin de saison sans incidence au classement, a ceci de merveilleux pour le développement : elle permet de garder de jeunes joueurs dans la formation au gré de leur inexpérience et de leurs erreurs et ainsi gonfler leur confiance.

Barron n’aurait pas marqué son premier but dans la LNH mercredi dans un contexte de lutte pour une place en séries éliminatoires. Il serait déjà dans la Ligue américaine.

C’est souvent chaotique en territoire défensif pour le Canadien lorsqu’il se trouve sur la glace. Mais ce garçon de 6 pieds 2 pouces et 195 livres ne saute jamais un tour et il s’améliore de match en match. On le sentait plus stable au plan de positionnement mardi avec le retour de l’entraîneur Luke Richardson.

Mais la compétition sera forte pour lui dès le prochain camp d’entraînement avec la présence de Jordan Harris et l’arrivée de Kaiden Guhle. Il tire cependant de la droite, comparativement aux deux autres. Le meilleur est à venir, on peut le dire…

Kotkaniemi ou Zadina ?

Chaque match du Canadien contre les Sénateurs d’Ottawa relance le débat sur le repêchage de 2018. Les détracteurs de Trevor Timmins ne manquent pas de rappeler que le CH aurait dû choisir le capitaine des Sénateurs, Brady Tkachuk, 4e choix au total, à la place de Kotkaniemi, 3e choix au total et désormais avec les Hurricanes de la Caroline. On oublie cependant trop facilement que le débat était différent à l’aube de ce repêchage. Une majorité de fans du Canadien réclamaient d’abord Filip Zadina, 82 points, dont 44 buts, en 57 matchs avec les Mooseheads d’Halifax.

Plusieurs observateurs émettaient encore des doutes sur le plafond de Tkachuk, l’un des joueurs les plus vieux de cette cuvée, étant né le 16 septembre, et 31 points, dont seulement 8 buts, en 40 matchs à Boston University. Le débat Kotkaniemi/Tkachuk a fait rage… après coup. Tkachuk s’achemine vers sa meilleure saison offensive en carrière. Il a désormais 52 points, dont 24 buts, en 66 matchs, 64 points au pro rata d’une saison complète. Zadina, repêché au sixième rang, a 21 points en 67 matchs à Detroit. Il en avait amassé 19 en 49 rencontres la saison précédente. Le cinquième choix au total, Barrett Hayton, a 17 points en 48 rencontres en Arizona. Kotkaniemi avait amassé 26 points en 63 rencontres avant de se blesser la semaine dernière.

Le choix de votre chroniqueur, annoncé quelques semaines avant le repêchage, le défenseur Quinn Hughes, septième au total, a raffermi son jeu défensif cette saison à Vancouver, tout en continuant sa domination offensive, avec 53 points en 66 rencontres.

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