(Tampa) À Tampa, tout le monde se souvient du Martin St-Louis qui marquait des buts, mais Jon Cooper, lui, se souvient d’un autre Martin St-Louis.

« Je me souviens du gars qui s’embarquait dans des matchs de ping-pong qui ne finissaient plus avec notre responsable de la vidéo, raconte-t-il. Il était tellement compétitif qu’il ne voulait jamais arrêter, et il fallait lui dire de cesser parce qu’il avait un match de hockey à disputer en soirée ! Mais c’était lui, ça, et je ne suis pas surpris de ce qu’il est devenu ; je suis juste surpris que ce soit arrivé si vite ! »

Nous sommes dans le corridor de l’Amalie Arena à Tampa en ce petit vendredi. Un peu plus loin de nous, dans les hauteurs, on peut apercevoir le numéro 26 de Martin St-Louis qui est accroché, un honneur qu’un seul autre joueur, Vincent Lecavalier, partage avec lui par ici.

Jon Cooper a dirigé St-Louis pendant tout près de deux saisons à Tampa, et il n’a rien oublié de celui que les joueurs avaient surnommé Reggie. Comme dans Reggie Dunlop, célèbre joueur-entraîneur incarné par Paul Newman dans le film Slap Shot.

C’est pour ça que Jon Cooper n’est pas si surpris de la nouvelle vie de Martin St-Louis.

PHOTO ADAM HUNGER, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Martin St-Louis (à droite)

« Ce sont les joueurs qui lui avaient donné ce surnom de Reggie, ajoute-t-il. Je me souviens du joueur qu’il était, mais aussi du personnage ; c’est lui qui allait se cacher dans les sacs à bâtons pour en ressortir en criant et faire peur aux gars… parce qu’il était le seul capable de rentrer dans un sac à bâtons.

Je ne peux pas dire que je savais hors de tout doute qu’il allait devenir entraîneur dans cette ligue un jour… mais je sentais que ça allait arriver. Je savais qu’après sa carrière, il allait vouloir diriger les équipes de ses enfants… mais je ne savais pas que ça allait le mener à la LNH !

Jon Cooper, entraîneur-chef du Lightning de Tampa Bay

En arrivant à la barre du Lightning en mars 2013, Jon Cooper a rapidement trouvé un allié de taille en Martin St-Louis, qui pensait déjà un peu comme un entraîneur.

« Je n’avais jamais dirigé ailleurs dans la LNH en débarquant ici, ajoute Cooper, et j’essayais de comprendre des choses. Il y avait des gars qui jouaient pour leurs statistiques, mais lui, il travaillait toujours très fort. Je ne dis pas ça de n’importe qui. En tant que nouveau coach, c’était un luxe que de pouvoir miser sur un gars comme ça, parce que tout le monde voulait le suivre. Aussi, il posait des questions, toujours, tout le temps. Il a été très bon avec mon équipe… et puis ensuite, ce fut la fin. »

Retrouvailles

Ce bout-là demeure un peu un mystère par ici. Pourquoi Martin St-Louis a-t-il voulu quitter le Lightning – il s’est joint aux Rangers de New York en mars 2014 – de façon aussi abrupte ? Après toutes ces années, les théories sont encore nombreuses, notamment des raisons familiales, ainsi qu’un froid entre lui et le directeur général d’alors, Steve Yzerman.

Mais tout cela est du passé. En tout cas, c’est du passé aux yeux de Jon Cooper, qui compte bien prendre quelques minutes de son temps pour aller voir Reggie avant le match de samedi soir contre le Canadien, ici à Tampa Bay.

« On peut voir qu’il est en train de mener cette équipe dans la bonne direction, d’ajouter le pilote du Lightning. Le Canadien travaille plus fort dorénavant ; lors du match en Caroline [jeudi soir], le club avait un retard de trois buts, mais a dominé 14-2 au tableau des tirs en troisième période…

Le Canadien n’abandonne jamais, et ça démontre une chose : ce que Martin fait avec cette équipe est en train de fonctionner.

Jon Cooper

Alors non, Jon Cooper n’est pas si surpris de voir que son ancien joueur vedette a troqué le maillot pour le veston derrière un banc.

À ses yeux, ça devait bien arriver. « Parce que les gens qui ont de la passion ont du succès, ajoute-t-il. Et Martin a toujours eu beaucoup de passion… »