(Sherbrooke) Difficile de trouver un moment plus positif, pour un jeune joueur de hockey, que la signature de son premier contrat professionnel.

C’est l’occasion pour le jeune de remercier ceux qui l’ont aidé dans son parcours. Joshua Roy, qui a signé un contrat avec le Canadien cette semaine, a tout de suite nommé sa famille. « J’ai pensé à mes parents. J’ai deux frères plus vieux qui ont joué au hockey et nos parents ont fait beaucoup d’effort pour nous, ils ont passé des fins de semaine à l’aréna », a raconté le jeune homme.

Roy rencontrait les médias au Palais des sports Léopold-Drolet, jeudi matin, au lendemain d’une autre victoire du Phœnix, qui trône seul au 1er rang de l’Association de l’Ouest de la LHJMQ.

Trois stations de télévision étaient représentées. Des médias de l’extérieur de Sherbrooke se sont joints au point de presse virtuellement. L’équipe avait congé, mais on a fait venir Roy à l’aréna pour rencontrer les journalistes. C’était SA journée.

Le ton de la conférence est léger. Vers la fin, il se fait demander quel numéro il aimerait porter avec le Canadien. « Je ne peux pas prendre le 10, donc j’irais avec le 19 s’il est libre », répond-il, avant de se faire rappeler que le numéro est retiré.

« Oh ! Va falloir que j’y pense, d’abord ! »

Des précédents

Joshua Roy a 18 ans. Il en aura 19 l’été prochain. À cet âge-là, à moins d’être un choix de 1er tour, une carrière dans la LNH est tout sauf garantie. La saison prochaine, il devrait d’ailleurs être de retour dans la LHJMQ.

Par contre, Roy affiche une belle progression depuis son arrivée à Sherbrooke, en janvier 2021. Avec 94 points (37 buts, 57 passes) en 51 matchs, il lutte avec William Dufour pour le titre du championnat des compteurs du circuit.

Or, Dufour a 20 ans. Les joueurs de 18 ans, comme Roy, qui terminent une saison au 1er rang du circuit sont rares. Ces joueurs ont ensuite connu des destins variés. Voici les plus récents cas de joueurs qui ont terminé 1er ou 2e au classement à 18 ans.

(Aux fins de l’exercice, nous avons exclu Nikolaj Ehlers et Jonathan Drouin, qui avaient aussi connu des saisons sensationnelles à 17 ans et dont le potentiel était déjà bien connu.)

2016-2017 : Vitaly Abramov. Repêché au 3e tour par Columbus cet été-là, le Russe inscrit 104 points en 66 matchs. Les Blue Jackets l’échangent aux Sénateurs d’Ottawa en 2019, afin d’obtenir Matt Duchene. Mais Abramov ne joue que cinq matchs dans la LNH et évolue maintenant dans la KHL.

2014-2015 : Conor Garland. Ignoré à sa première année d’admissibilité, en 2014, il fait mentir les recruteurs en explosant avec 129 points en 67 matchs à Moncton. Attaquant de deuxième ou troisième trio avec les Canucks de Vancouver, il compte 132 points en 228 matchs dans la LNH.

2014-2015 : Ivan Barbashev. Repêché au 2e tour par les Blues de St. Louis en 2014, il termine 7e, mais en seulement 57 matchs, avec 95 points. Avec autant de matchs que les joueurs devant lui, il se serait classé dans le top 3. Joueur de soutien important pour les Blues lors de la Coupe Stanley de 2019, il connaît en ce moment une première bonne saison offensive avec 45 points en 65 sorties.

Pas de grande vedette ici, donc. Garland et Barbashev sont bons, mais ils ont pris leur envol dans la mi-vingtaine.

De gros noms

Des recruteurs sondés sont plus enthousiastes, mais leurs commentaires portent plus sur le style de jeu, et ne sont pas non plus des prédictions de carrière !

Un premier voit une ressemblance avec l’attaquant des Islanders Brock Nelson, devenu permanent dans la LNH à 22 ans, qui aurait connu sa première saison de 30 buts à 28 ans (il totalisait 26 buts quand la pandémie a éclaté en 2020). « Bon QI offensif, très bonnes habiletés pour marquer des buts », résume-t-il.

Un homme de hockey de la LHJMQ a évoqué, pour son style de jeu, Brad Richards. On le répète : pour le style de jeu. Pas pour lui prédire 1100 matchs, 900 points et un trophée Conn-Smythe !

Et Joshua Roy, lui, de façon réaliste, qui se voit-il devenir ?

Je te dirais que le joueur à qui je trouve que je ressemble, c’est John Tavares. Il a un bon hockey sense et ne va pas nécessairement créer ses jeux avec son coup de patin.

Joshua Roy

Stéphane Julien, l’entraîneur-chef du Phœnix, sourit quand on lui rapporte la réponse de Roy. « Tavares… Tous les gars voudraient ressembler à Crosby !

« Je pense qu’il ressemble à Tyler Toffoli, ou à Elias Pettersson à Vancouver. Ce ne sont pas des patineurs incroyables, mais ce sont des tireurs, ils ont le pif offensif pour compter de gros buts. »

D’Abramov à Pettersson, la marge d’erreur est grande, diraient les sondeurs. Quoi qu’il en soit, le simple fait qu’il se rende à la LNH constituerait un bon coup pour le Canadien, qui l’a repêché au 150e rang.

La fameuse condition physique

Stéphane Julien n’hésite pas à couvrir son protégé de compliments. « Défensivement, il était perdu ben raide quand il est arrivé de Saint John. On avait l’impression que ça ne lui tentait pas dans son territoire, mais en fait, il était perdu. On lui a enseigné, on l’utilise maintenant en désavantage, il n’avait jamais fait ça de sa vie ! »

En fait, Julien apporte un seul bémol. « Il doit améliorer son patin. » Mais avec sa récente remise en forme, Roy a prouvé qu’il peut livrer les efforts nécessaires.

À ce sujet, Julien tient toutefois à mettre les points sur les « i ». Roy avait suscité de fortes réactions en affirmant qu’il avait perdu 20 livres en un été.

« Ce n’était pas une catastrophe non plus. L’histoire a grossi un peu, mais il n’est pas arrivé en roulant dans le vestiaire ! Il y avait une mise à niveau à faire et il l’a faite. On l’a tenu serré, on a fait un plan et le Canadien devra faire la même chose. J’en ai parlé à Rob Ramage la semaine dernière.

« C’est un naturel. Il se présente à tous les entraînements optionnels. Il ne peut pas ne pas réussir. C’est le gars parfait pour jouer à Montréal. Il n’est pas stressé, ce gars-là. Ça va l’aider à gérer la pression. »