Il fut une époque, au milieu des années 1990, où certains fans du Canadien gloussaient de joie à l’idée d’avoir enfin trouvé la relève de rêve en défense.

On avait même osé rebaptiser le trio de jeunes défenseurs « Big Three », en l’honneur de Larry Robinson, Guy Lapointe et Serge Savard.

David Wilkie, un choix de première ronde en 1992, 20e au total, venait d’amasser 48 points en 29 matchs à sa dernière saison dans les rangs juniors, à Regina.

Craig Rivet, repêché an troisième ronde cette même année, avait obtenu 64 points en 61 matchs à Kingston avant de passer chez les professionnels.

Le troisième, Rory Fitzpatrick, un défenseur droitier comme Rivet et Wilkie, repêché en deuxième ronde un an plus tard, terminait sa carrière dans les rangs juniors avec 48 points en 56 rencontres.

Un seul des trois, Rivet, a connu une carrière durable dans la LNH. Il a disputé près de 1000 matchs, dont la majorité à Montréal, rapporté Josh Gorges et un choix de première ronde (Max Pacioretty) dans un échange et a même eu l’honneur de devenir le capitaine des Sabres de Buffalo.

On cite souvent le « Big Three » depuis lorsqu’un groupe de jeunes défenseurs prometteurs se profilent à l’horizon chez le Canadien. Et ça n’est pas une mauvaise chose. Leur destin nous permet de garder une certaine retenue malgré le potentiel de la nouvelle relève.

Plusieurs éléments distinguent cependant le groupe actuel de celui du pseudo « Big Three ».

D’abord le nombre. Ils ne sont pas trois, mais cinq : Alexander Romanov, 22 ans, Justin Barron, 20 ans, Kaiden Guhle, 20 ans, Jordan Harris, 21 ans, et Logan Mailloux, 18 ans.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Alexander Romanov

Certains seraient tentés d’y ajouter les noms de Mattias Norlinder, Josh Brook, Gianni Fairbrother, Dmitri Kostenko et Arber Xhekaj, mais ils sont plus loin dans la hiérarchie pour l’instant.

On s’est fait berner à l’époque par la production de Rivet, Wilkie et Fitzpatrick à leur dernière année dans les rangs juniors. Or, il est toujours plus aisé de dominer dans de tels circuits à 19, 20 ans.

Plus récemment, Josh Brook, un choix de deuxième ronde du Canadien en 2017, en avait fait rêver plusieurs après sa saison de 75 points en 59 matchs à Moose Jaw. Il en était à sa quatrième et dernière année chez les juniors. Il tente toujours de faire sa marque chez les professionnels, mais des blessures importantes, et de sérieuses lacunes dans son jeu, ralentissent ses progrès.

PHOTO JEAN-YVES AHERN, USA TODAY SPORTS

Justin Barron

Un autre indice distingue la nouvelle vague du trio déchu. Romanov, Barron, Guhle et Harris ont tous représenté leur pays au Championnat mondial junior. C’est-à-dire qu’ils dominaient suffisamment avant d’avoir 20 ans pour être choisis parmi les meilleurs de leur groupe d’âge. À l’époque, seul Wilkie avait été élu pour ce prestigieux tournoi.

À 18 ans, Alexander Romanov jouait déjà pour le CSKA Moscou. Il était nommé défenseur par excellence du Championnat mondial junior. Aujourd’hui, à 22 ans, il est le défenseur le plus utilisé par Martin St-Louis. Ce choix de deuxième ronde en 2018 n’est pas le plus offensif, mais il constitue désormais un élément essentiel en défense chez le Canadien. En voilà un dont le statut est confirmé.

Kaiden Guhle, 20 ans, a non seulement participé au Championnat mondial junior, mais il l’a fait à deux reprises, dont la première fois à seulement 18 ans. Il montrait déjà une production offensive intéressante à Prince Albert à son année de repêchage et on a pu constater pendant la pandémie qu’il n’était nullement intimidé dans la Ligue américaine malgré ses 18 ans.

Ce choix de première ronde en 2020, 16e au total, était le capitaine à Prince Albert et aussi de la formation canadienne au Championnat mondial junior. Le DG Kent Hughes lui prédit presque un poste au sein de la formation régulière l’an prochain.

PHOTO ANDRE PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Jordan Harris

Comme Guhle, Jordan Harris portait un « C » sur son chandail cet hiver, avec les Huskies de Northeastern. À 18 ans, ce choix de troisième ronde en 2018 jouait déjà au sein de la première paire de défenseurs dans les rangs collégiaux. À 19 ans, il amassait 21 points en 33 matchs pour les Huskies. Le jeune homme de 21 ans a rejoint le Canadien en Floride lundi soir. Sans être une locomotive offensive lui non plus, sa vitesse et sa compréhension du jeu devraient en faire un atout à moyen et long terme chez le Canadien.

Justin Barron, 20 ans, obtenu dans la transaction d’Artturi Lehkonen, a disputé un premier match dimanche. Il était le capitaine des Mooseheads d’Halifax. Il a formé une paire avec Guhle au Championnat mondial junior. Il avait déjà amassé 41 points en 68 matchs à Halifax à 18 ans. Lui aussi constitue un choix de première ronde, 25e au total, en 2020 par le Colorado. Il aurait sans doute été repêché plus tôt s’il n’avait pas eu des ennuis de santé à son année d’éligibilité.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE FACEBOOK DES KNIGHTS DE LONDON

Logan Mailloux

Le dernier membre du quintette, Logan Mailloux, soigne une blessure à l’épaule, subie lors d’un combat récemment. Avant ce match, il avait amassé 9 points en 11 rencontres à seulement 18 ans avec les Knights de London. Choix de première ronde, 31e au total, en 2021, il possède sans doute le meilleur potentiel offensif des cinq. Mais il est aussi celui dont le jeu a besoin le plus d’amélioration. Il est le plus jeune de la bande à 18 ans après tout. Il disputera une dernière saison dans les rangs juniors l’an prochain, puisqu’il a très peu joué depuis deux ans.

Il n’y a peut-être pas de futur gagnant du trophée Norris parmi ce groupe, mais des défenseurs au potentiel fort intéressant. Il y aura des blessés, des déceptions parmi eux. Mais au volume, si seulement deux ou trois s’imposent dans le lot-Romanov est déjà acquis-le Canadien n’aura plus à espérer du renfort extérieur comme Marc Bergevin l’a fait au cours de son règne.

Un coup salaud de Lars Eller

Il restait à peine deux secondes à faire dans la rencontre lundi soir, les Capitals de Washington se faisaient rosser 6-1 par les Hurricanes de la Caroline, lorsque Lars Eller est venu frapper Jesperi Kotkaniemi alors que celui-ci se trouvait dans une position vulnérable. Le patin de l’ancien choix de première ronde du CH a semblé rester coincé dans une fissure de la glace et la jambe du jeune homme a encaissé le choc. « Je n’aime pas ça, mais que pouvez-vous faire, a commenté l’entraîneur Rod Brind’Amour après la rencontre. Je lui ai parlé. Il ne va pas bien. Je ne connais pas l’étendue des dégâts, mais ça ne regarde pas bien. » Kotkaniemi, 21 ans, connaissait des moments intéressants. Il avait amassé trois aides à ses trois derniers matchs. Son temps de jeu avait augmenté récemment. Contre les Capitals lundi, il a joué presque 13 minutes à cinq contre cinq, plus que Aho, Svechnikov, Teravainen et presque autant que Trocheck. On lui souhaite prompt rétablissement.

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