(Montréal) De nombreux partisans du Canadien voudront effacer de leur mémoire le 7 juillet 2021. C’est le soir où le Lightning de Tampa Bay a mis fin au parcours inattendu du Canadien jusqu’en finale de la Coupe Stanley.

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En tant que capitaine du Lightning, Steven Stamkos a reçu la Coupe en premier. Après son tour de patinoire, il est allé voir Victor Hedman, lui a glissé quelques mots. Puis, Hedman a paradé avec le trophée, avant de se diriger vers David Savard, qui attendait son tour. Si Savard attendait ainsi, c’est parce que Stamkos était venu lui dire qu’il était le suivant, même si le Québécois ne comptait que trois mois d’ancienneté à Tampa.

C’est Dominic De Blois, l’agent de Savard, qui nous a raconté l’anecdote l’été dernier. Or, samedi, dans la victoire de 4-2 du Canadien sur les Maple Leafs de Toronto, Savard a offert le genre de performance qui explique pourquoi ses coéquipiers l’aiment tant.

Regardez le Lightning soulever la Coupe Stanley en juillet 2021

Il a inscrit un but et une aide, et a bien failli réussir un doublé quand il a forcé le gardien Erik Kallgren à se coucher à plat ventre. Il compte un seul tir bloqué à sa fiche – un tir de Morgan Rielly en fin de deuxième période –, mais a littéralement soulevé ses coéquipiers au banc ce faisant. On entendait les bâtons taper sur le banc malgré la foule qui rugissait au même moment. Il a passé 22 minutes sur la patinoire, dont 4 min 28 s contre le meilleur avantage numérique de la LNH. En fait, pendant les pénalités des Leafs, il ne rentrait pas au banc, tout simplement.

Bref, nos amis anglophones diraient qu’il était en « mode bête ». Dans les mots de Paul Byron, ça a donné ceci.

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Paul Byron (41)

« Il a tellement bien joué. C’est dur de jouer contre une équipe comme ça, qui a de la vitesse, qui est forte et agressive. Il joue très bien, il est revenu fort après sa blessure. C’est un guerrier, c’est la raison pour laquelle Tampa le voulait l’an passé et c’est pour ça qu’ils ont gagné avec lui. »

Changement d’identité

Savard est arrivé à Montréal rempli de bonnes intentions, comme tout le monde l’été dernier.

Or, depuis son arrivée, il a connu un début de saison difficile personnellement, un départ catastrophique collectivement, il a subi une blessure à une cheville, a vu le DG qui l’a embauché se faire congédier quatre mois plus tard. Et bien sûr, il a joué dans un Centre Bell vide.

Aussi inspirante soit-elle, la victoire de samedi ne corrigera rien de tout ce qui est énuméré ci-dessus. L’ambiance des séries qui régnait dans l’ancienne rue De La Gauchetière a peut-être fait oublier les soirées à huis clos. Mais le Tricolore a été mathématiquement éliminé des séries cette semaine. L’équipe est encore à risque de terminer la saison avec une des pires fiches de sa longue histoire. Personne n’oubliera de sitôt cette rocambolesque campagne 2021-2022.

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Mais le CH tente aussi de jeter les bases de la prochaine saison et Savard espère y trouver son compte. Ça commence avec le nouvel entraîneur-chef, Martin St-Louis, qui a une certaine filiation avec son ancien entraîneur-chef à Columbus, John Tortorella.

« Martin est semblable à Torts. Il l’a eu longtemps [comme entraîneur]. J’ai parlé à Torts quand Martin est arrivé. Le style est similaire, il faut être agressif partout. La façon dont son système marche, ça s’accorde bien avec mon jeu des dernières années. Ç’a été facile de m’adapter. »

L’entraîneur est une chose, mais le DG, Kent Hughes, arrive avec une philosophie aux antipodes de celle de Marc Bergevin. Ce dernier est celui qui a acquis, au fil des ans, Shea Weber, Ben Chiarot, Joel Edmundson et Savard. Tous des défenseurs pesants, robustes, douloureux à affronter, selon ce qui se raconte.

Dans ces circonstances, Savard aurait pu se questionner sur sa place dans l’avenir de cette équipe.

« Pas nécessairement. Je peux quand même jouer rapidement avec la rondelle, ce n’est pas nécessairement juste le patin qui fait que tu joues vite, a-t-il plaidé. Je vais m’adapter au système pour voir où ça va aller, s’ils décident de me garder pour mon contrat !

« J’espère rester, je suis bien ici. On a eu un début de saison difficile, mais on voit à quel point le groupe a du talent. On peut compétitionner contre n’importe quelle équipe et je veux en faire partie. »

Ce match s’est amorcé avec un regard vers l’avenir ; deux heures avant la mise au jeu, le Canadien confirmait l’embauche de Jordan Harris, un défenseur dont St-Louis avait vanté le coup de patin quelques heures plus tôt. Le match s’est terminé sous une pluie d’éloges pour un gros défenseur aussi robuste que barbu. On pourrait pratiquement l’interpréter comme un rappel qu’il faut de tout pour faire un monde. Et une brigade défensive.

Dans le détail

Allen occupé, Kallgren un peu moins

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Jake Allen a fait 49 arrêts.

Il est rare d’assister à un match avec 51 tirs d’un bord et 18 tirs de l’autre, mais, surprise, c’est en plein ce qu’on a eu sous les yeux en ce samedi soir festif au Centre Bell, devant une salle comble de 21 105 spectateurs. Les 51 tirs, c’est Jake Allen qui a eu à les affronter, pendant qu’à l’autre bout, Erik Kallgren, le gardien des Maple Leafs, faisait face à seulement 18 tirs à son cinquième match à vie dans la LNH. « Mon travail consiste à arrêter la rondelle, tout simplement, a répondu le gardien du Canadien. Ça peut parfois être difficile aussi, une soirée de 18 tirs, mais j’ai reçu plus de 50 tirs et c’est mon travail de les arrêter. » De son côté, Martin St-Louis n’a pas hésité à lancer des fleurs à son gardien. « C’est sûr que lors des matchs de même, contre les bonnes équipes, ton gardien, il faut qu’il soit ton meilleur joueur, a affirmé l’entraîneur montréalais. Et ce soir, Jake a été notre meilleur joueur. »

Drouin veut une seconde opinion médicale

Le bruit a circulé samedi soir que la saison de Jonathan Drouin serait déjà terminée. Pas si vite : selon ce que le Canadien a fait savoir en fin de soirée, au terme de cette victoire de 4-2 sur les Maple Leafs de Toronto, l’attaquant québécois cherche plutôt à obtenir une seconde opinion médicale au sujet de sa blessure, dans l’espoir de pouvoir éviter une opération et aussi, peut-être, de tenter un ultime retour au jeu cette saison. Dans l’immédiat, Drouin doit continuer à s’isoler après être entré en contact avec une personne porteuse du virus de la COVID-19. Rappelons qu’il a aggravé une blessure au poignet droit lors du match de lundi dernier au Centre Bell contre les Bruins de Boston. Drouin venait de prendre part à ses deux premières rencontres depuis le 20 janvier avant de devoir à nouveau déclarer forfait.

Pas de Pitlick, pas de Pezzetta

Le match de samedi soir au Centre Bell a bien mal commencé pour le Canadien. Rapidement, Tyler Pitlick a dû rentrer au vestiaire après avoir été frappé à la hauteur de la tête par le défenseur Ilya Lyubushkin. Ensuite, ce fut au tour de Michael Pezzetta, qui a quitté la patinoire en lançant son bâton par dépit sur le chemin du vestiaire. Après la rencontre, Martin St-Louis a confirmé que les deux joueurs n’allaient pas être en mesure de décoller avec le reste du club en vue du match de ce dimanche soir au New Jersey. Un autre attaquant, Jesse Ylonen, a été rappelé de Laval en fin de soirée samedi. L’entraîneur n’a pas semblé dépassé par les évènements, malgré les effectifs réduits samedi soir. « Il faut que tu composes avec les cartes que tu as sous la main, a-t-il expliqué. C’est ce qu’on a fait [samedi soir]. Quand il y a 10 attaquants qui sont disponibles sur le banc, il n’y a plus personne qui se plaint de son temps de jeu ! »

Ils ont dit

Jake a volé le match pour nous, il a fait de gros arrêts, entre autres lors du tir sur réception de Mitch Marner. On a profité de nos occasions aux bons moments et on est allés chercher les deux points.

David Savard

L’ambiance était incroyable, les fans sont incroyables. Ce fut une longue saison pour nous et on n’a souvent pas été à notre meilleur, mais on est très chanceux de pouvoir compter sur cet appui de nos partisans.

Paul Byron

On a perdu en prolongation contre Boston, on a accordé un but avec trois minutes à jouer. On a joué un assez bon match. Je n’étais pas fâché du match contre la Floride. Et ce soir, on trouve une façon de battre une très bonne équipe. Je suis content de mon équipe cette semaine.

Martin St-Louis

Je peux voir ce que nos jeunes joueurs sont capables de faire, mais c’est surtout notre attention aux détails qui fait la différence. On ne jouait pas comme ça en première moitié de la saison. C’est le jour et la nuit.

Jake Allen

David [Savard] est un gros défenseur qui se défend bien. Depuis qu’il est revenu au jeu, il a intégré nos systèmes de jeu, et on voit de lui un aspect offensif que j’ignorais. De la manière qu’on joue, on voit que ce gars-là a des qualités offensives dans son jeu. Ça prend des vétérans comme ça avec des jeunes qui s’en viennent en défense.

Martin St-Louis

En hausse 

Paul Byron

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Paul Byron a marqué à la fin de la troisième période.

Avec un but et une aide, il compte cinq points à ses quatre derniers matchs. Ajoutons à ses exploits du bon travail en désavantage numérique et un jeu crucial qui a mené au but – finalement refusé – de Christian Dvorak.

En baisse

Joel Edmundson

Laissons à son partenaire du jour, William Lagesson, le temps de défaire ses boîtes. Edmundson a aussi connu ses difficultés et les Leafs ont obtenu 12 chances de marquer de qualité contre lui, à cinq contre cinq, selon Natural Stat Trick.

Le chiffre du match

139

Jake Allen a affronté 139 tirs à ses 3 derniers matchs. S’il a bel et bien congé dimanche à Newark, il ne l’aura pas volé.