« On aime Brett Kulak comme joueur, on n’a pas d’intérêt à l’échanger. Je ne peux jamais dire qu’on n’échangera pas un joueur : s’il y a une offre qu’on ne peut refuser, on va certainement le considérer. [Mais] je peux vous dire qu’on ne fait pas d’appels pour demander aux gens s’ils ont de l’intérêt pour Brett Kulak. »

Le vote de confiance de Kent Hughes envers son défenseur ne pouvait être plus clair. Jeudi dernier, quelques heures après avoir échangé Ben Chiarot aux Panthers de la Floride, le directeur général du Canadien a affirmé qu’il ne cherchait activement à se départir d’aucun autre de ses joueurs, y compris Kulak.

Seulement deux joueurs se soustraient à cette déclaration. Jeff Petry a explicitement demandé à être échangé et l’équipe est prête à l’accommoder si une offre de qualité se présente. Et selon nos informations, le nom de Shea Weber aurait été au centre de discussions pour une transaction avec les Coyotes de l’Arizona.

Cette « offre qu’on ne peut refuser » évoquée par le DG sur Kulak est intrigante. Car elle ouvre la porte à toutes les interprétations.

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Le directeur général du Canadien, Kent Hughes

Il y a 10 jours, l’agent du défenseur a confirmé à La Presse qu’aucune discussion sérieuse n’avait eu lieu avec la direction du CH en vue d’une prolongation de contrat. L’Albertain écoule la dernière année d’une entente qui lui rapporte 1,85 million par saison. Le numéro 77 du CH a donné le même son de cloche il y a quelques jours.

Il y a donc lieu de se demander : en cette date limite des transactions, à quoi ressemblerait une offre impossible à refuser pour Brett Kulak ?

Marché enflammé

La réponse pourrait venir du marché des défenseurs, qui s’est enflammé au cours des derniers jours. Du 14 au 20 mars tard en soirée, 31 joueurs et 29 choix au repêchage ont changé de camp. De ce nombre, 13 patineurs étaient des défenseurs, soit une représentation supérieure (41,9 %) à celle d’une formation typique qui prend part à un match (6 sur 20, ou 30 %).

À l’approche des séries éliminatoires, les équipes aiment se donner de la latitude en défense. Certaines cherchent à pêcher le gros poisson – Josh Manson, Ben Chiarot, Hampus Lindholm, Mark Giordano… –, mais d’autres visent plus bas. Dimanche seulement, cinq défenseurs dits de « profondeur » ont déménagé : Travis Hamonic, Travis Dermott, Robert Hagg, Troy Stecher et Jeremy Lauzon.

Les deux premiers ont chacun valu un choix de troisième tour et les deux suivants, des choix de sixième (Hagg) et de septième (Stecher) tours. Lauzon, lui, a coûté un choix de deuxième tour. Où situer Kulak, 28 ans, par rapport à ce groupe ? Ce n’est pas simple.

Dermott est plus jeune (25 ans) et possède un contrat plus avantageux (une autre saison à 1,5 million). Comme Kulak, il était peu employé sur les unités spéciales à Toronto, mais dans l’ensemble, il jouait beaucoup moins : pas même 15 minutes par rencontre, alors que son homologue du CH en dispute presque 18.

Hamonic profitait, à Vancouver, d’un temps d’utilisation semblable à celui de Kulak, encore qu’il était beaucoup plus sollicité en désavantage numérique. Il est toutefois plus vieux (31 ans) et gagne nettement plus cher (encore 3 millions en 2022-2023). Sur les réseaux sociaux, les observateurs les plus avertis ont sursauté en voyant le prix qu’ont payé les Sénateurs d’Ottawa pour l’obtenir.

Hagg et Stecher ont tous les deux 27 ans. Ils étaient parmi les défenseurs les moins utilisés dans deux équipes de faible calibre (les Sabres de Buffalo et les Red Wings de Detroit, respectivement). Surtout, leurs indicateurs défensifs ne les font pas très bien paraître. À Sunrise et à Los Angeles, ils joueront des rôles secondaires, au mieux.

Quant à Lauzon, il a l’avantage de la jeunesse (24 ans) et d’occuper une niche claire : celle d’un défenseur robuste à caractère strictement défensif.

Que vaut Kulak, dans ce marché ? Probablement pas moins que Dermott et Hamonic. Mais un directeur général en panique poussera-t-il l’audace en lançant un choix de deuxième tour sur la table ? Différents médias ont rapporté que les deux équipes de l’Alberta avaient démontré de l’intérêt envers lui. Les Rangers de New York seraient eux aussi à la recherche d’un défenseur gaucher.

Or, les options se font de plus en plus rares. Chez les joueurs dits de « location », Kulak se retrouve au côté de Calvin de Haan et d’Andy Greene, a noté sur Twitter Arthur Staple, journaliste d’Athletic affecté à la couverture des Rangers. Il a également avancé les noms de Carson Soucy et de Jacob Middleton, qui ne seront pas joueurs autonomes sans compensation à la fin de la saison.

Un deuxième ou un troisième choix ferait-il hésiter Kent Hughes, qui semble par ailleurs satisfait de sa banque de 13 choix en vue du repêchage de 2022 ?

On aura la réponse d’ici ce lundi, 15 h.

Le Canadien en bref

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Mathieu Perreault

Après avoir été ignoré au ballottage la semaine dernière, Mathieu Perreault n’a toujours pas été cédé au Rocket de Laval, dans la Ligue américaine. Il est censé avoir rencontré la direction pour faire le point sur sa situation, mais aucun détail n’a filtré des discussions. Son agent n’a pas rappelé La Presse, dimanche. Un échange demeure possible dans son cas. Si elle le désirait, sa nouvelle équipe pourrait le rétrograder à son club-école sans le soumettre de nouveau au ballottage. Ce faisant, elle effacerait son salaire (950 000 $) de ses livres jusqu’aux séries éliminatoires.

Un détail concernant Rem Pitlick est plus ou moins passé sous le radar : si, pour quelque raison que ce soit, par exemple une blessure, l’attaquant disputait moins de 17 des 20 derniers matchs du CH cette saison, il deviendrait joueur autonome sans compensation (groupe 6) en vertu d’une clause protégeant les athlètes qui disputent peu de matchs avant l’âge de 25 ans. Le Tricolore pourrait-il être tenté de l’échanger ? Son agent, Neil Sheehy, croit que non. Selon lui, il est « clair » que l’équipe veut lui offrir un nouveau contrat, un vœu que son client partage.

Selon les journalistes les mieux branchés de la LNH, il semble qu’Artturi Lehkonen demeure le joueur le plus convoité chez le Canadien. Vendredi dernier, Darren Dreger, de TSN, a écrit que le Finlandais suscitait un « intérêt élevé » à travers le circuit. Pierre LeBrun, lui aussi de TSN, a estimé à « 50-50 » les chances qu’il soit échangé. D’après lui, Kent Hughes exigerait en retour un choix de premier tour ou un espoir de premier plan. Aucune nouvelle information n’a toutefois fait surface au cours du week-end à ce sujet.

Dans la LNH

Une journée sans tension dramatique n’est pas une vraie journée chez les Maple Leafs de Toronto. Quelques heures avant de mettre la main sur Mark Giordano et Colin Blackwell, du Kraken de Seattle, en retour de trois choix au repêchage (2tour 2022, 2tour 2023 et 3tour 2024), les Leafs ont placé le gardien Petr Mrázek au ballottage. Le Tchèque de 30 ans, qui connaît une saison misérable, doit encore empocher 3,8 millions au cours de chacune des deux prochaines saisons. Les Torontois ont également mis sous contrat le Finlandais Harri Säteri, qui jouait jusque-là dans la KHL. Comme il n’évoluait pas en Amérique du Nord cette saison, il a lui aussi dû être placé au ballottage, si bien que n’importe quelle équipe pourrait le réclamer d’ici 14 h, lundi. Säteri, 32 ans, vient tout juste de gagner la médaille d’or aux Jeux olympiques de Pékin.

On croyait que le Lightning de Tampa Bay avait terminé ses emplettes en acquérant Brandon Hagel à prix d’or vendredi, mais le directeur général Julien BriseBois avait encore un tour dans son sac. Dimanche, il a acquis Nick Paul, des Sénateurs d’Ottawa, en retour du Québécois Mathieu Joseph et d’un choix de quatrième tour. Les Sénateurs ont conservé 44,5 % du salaire de Paul. Le Lightning met ainsi la main sur un attaquant au fort gabarit (6 pi 3 po et 224 lb) qui renforcera ses deux derniers trios. Quant à Joseph, il était coincé derrière une brochette d’attaquants vedettes à Tampa. Il deviendra joueur autonome avec restriction après la saison.