Kent Hughes a imploré la patience lors de son entrée en poste, en janvier.

Vous devrez l’être. Le meilleur défenseur du Canadien, Ben Chiarot, vient d’être échangé, et vous ne verrez pas le visage du choix de première ronde obtenu pour lui avant juin 2023. Et sans doute pas l’espoir acquis pour lui avant deux ans.

Mais Hughes tient promesse. Il veut assurer le succès du CH à long terme et a obtenu le maximum pour un éventuel joueur autonome sans compensation.

Sans démanteler l’équipe, le Canadien se retrouve avec autant de choix au repêchage et d’espoirs qu’un club en véritable reconstruction.

Ses deux piliers, Nick Suzuki et Cole Caufield, ont 22 et 21 ans respectivement. Le défenseur Alexander Romanov a 22 ans.

En cinq repêchages avant l’arrivée de Jeff Gorton et Hughes, le Canadien a parlé cinq fois en première ronde, dix fois en deuxième ronde et sept fois en troisième ronde.

L’équipe détient désormais deux choix de première ronde en 2022, dont un sans l’ombre d’un doute dans le top trois, deux choix de première ronde en 2023, deux choix de deuxième ronde et quatre choix de troisième ronde pour ces deux prochaines années. Et la date limite des échanges n’est pas encore arrivée. C’est… énorme.

Le DG du Canadien a en outre ajouté deux espoirs à sa banque dans les échanges de Tyler Toffoli et Chiarot, deux ailiers de 20 ans et 6 pieds 1 pouce dynamiques et très rapides, Emil Heineman et Ty Smilanic, repêchés par les Panthers après Anton Lundell en première ronde lors de la cuvée 2020. Heineman avait été d’abord refilé aux Flames dans la transaction de Sam Bennett, avant de passer au Canadien pour Toffoli. Sans être considérés comme des espoirs de premier plan, ils amènent une profondeur intéressante à l’organisation.

Heineman a déjà 11 buts en 37 matchs à Leksands IF dans la Ligue d’élite de Suède (SEL). Le dernier venu, Smilanic, joue dans la région de la Côte Est américaine non loin d’où opéraient Gorton et Hughes. Il compte 13 buts et 22 points en 38 matchs à l’Université Quinnipiac, au Connecticut.

Son entraîneur le qualifie de buteur. Il est à un point du meneur de son équipe au chapitre des buts, Wyatt Bongiovanni, un joueur de 22 ans. Le jeune homme est un peu coincé derrière une bande de vétérans. Il était membre de l’équipe américaine au Championnat mondial junior. Et les Panthers ont aussi cédé un choix de quatrième ronde dans la transaction.

Le choix de première ronde en 2023 est intéressant. Selon une majorité de spécialistes, la cuvée de 2023 est nettement supérieure à celle de 2022. Les Panthers n’avaient plus de choix de première ronde cette année puisqu’ils l’avaient cédé à Buffalo pour Sam Reinhart.

Les Panthers sont tellement puissants et confiants de leur succès à court et moyen terme qu’ils ont accepté de ne pas reporter ce choix d’une année en cas de saison catastrophique l’an prochain. Il serait étonnant qu’ils s’écrasent, mais les équipes ne sont jamais à l’abri de mauvaises surprises et c’est un atout supplémentaire dans la manche de Gorton.

Le directeur général du Canadien a confirmé jeudi matin qu’il n’est plus en mode de vente active. Le CH possède une pléiade de choix et d’espoirs, il veut garder certains leaders qui ne lui rapporteraient pas autant que Chiarot et Toffoli et il demeure extrêmement difficile d’échanger des joueurs dont les contrats excèdent les deux ou trois ans, comme Jeff Petry, Mike Hoffman ou Brendan Gallagher par exemple.

Le départ de Chiarot ouvrira la porte à des jeunes à court terme. Gorton a évoqué Kaiden Guhle, Jordan Harris, qu’il est sûr de mettre sous contrat, Jayden Struble et même Arber Xhekaj, un géant de 6 pieds 4 pouces de 21 ans qui terrorise les plus jeunes dans la Ligue junior de l’Ontario.

Le Tricolore se retrouve dans une position favorable pour sa pérennité. L’équipe actuelle est capable de gagner des matchs sous le leadership de Martin St-Louis.

L’éclosion de Suzuki et Caufield permet même à Hughes d’espérer une accélération du processus de relance.

Et il a assez de choix et de jeunes (surtout avec le haut premier choix de cette année) sans avoir à détruire les fondations davantage. Il pourra ainsi à sa guise remplacer les moins bons joueurs au fil de la prochaine année ou deux par du sang neuf.

Savoir comprendre le contexte…

Kent Hughes a utilisé une analogie fort éclairante pour expliquer à quel point il faut tout savoir d’un candidat au repêchage. Et il s’est servi de la saison de Cole Caufield pour le faire. « Si des recruteurs l’avaient évalué en première moitié de saison, il aurait sans doute constitué un choix de septième ronde. Maintenant, son jeu en fait un choix de première ronde. Il faut connaître le contexte dans lequel les espoirs du repêchage sont placés et ne pas se tromper avec un jeune joueur de talent qui n’est pas placé dans le bon contexte. »

À ne pas manquer !

  1. Alexandre Pratt donne une très bonne note à Kent Hughes pour l’échange de Ben Chiarot.
  2. Le Canadien n’est pas en train de faire une vente de feu, a confirmé Kent Hughes jeudi matin. Relisez notre couverture en direct.
  3. Quelle histoire que celle du jeune fils de Joe Pavelski, Nathan, qui aura enfin la chance d’obtenir le chandail de son idole Cole Caufield. Un autre brillant texte de Guillaume Lefrançois !