(Philadelphie) La ville est verte en cette jolie fin de semaine de mars. Verte en raison des célébrations de la Saint-Patrick.

Samedi soir, les bars du centre-ville étaient bondés de jeunes gens vêtus de vert, venus célébrer le saint que les Montréalais associent évidemment à la Taverne Magnan. Dimanche midi, l’action s’est déplacée dans les rues, fermées aux abords de l’hôtel de ville aux fins du défilé.

Dans un sondage publié en 2015 par l’institut de recherche Pew, 11 % des habitants de Philadelphie s’identifiaient comme étant d’origine irlandaise.

La ville était donc verte au sens propre, mais au figuré, c’est autre chose. À l’image du reste du pays, le volume de déchets est frappant, et les initiatives vertes sont dures à trouver.

Nos expériences en rafale depuis notre arrivée ici :

  • au lunch samedi, dans une chaleureuse boulangerie du centre-ville, la soupe qui venait avec le sandwich était servie dans un bol de carton, avec ustensiles en plastique ;
  • au souper samedi, les menus étaient en papier, et les verres d’eau, servis dans des gobelets de plastique (à la défense de l’aubergiste, un samedi de la Saint-Patrick est risqué pour la verrerie) ;
  • au déjeuner dimanche, la commande avant nous était spectaculaire : des « smoothies » pour emporter, dans des gobelets de plastique, chacun enveloppé de couches d’hydrate de cellulose (on apprend de nouveaux mots tous les jours !) bien épais, le tout remis dans un sac de plastique.

Cela dit, ce type de phénomène n’est évidemment pas unique à Philadelphie. Au déjeuner à Albany, samedi matin, la vaisselle et la coutellerie étaient jetables. Ce qui a posé problème quand la machine à gaufres refusait de coopérer. Au bout de deux minutes d’effort, nous avons fini par décoller ladite gaufre du cuiseur, au prix des dents de la fourchette, qui ont fondu. Ça nous a au moins valu le respect de la préposée au déjeuner, prête à nous remettre le trophée Bill-Masterton pour l’effort.

PHOTO GUILLAUME LEFRANÇOIS, LA PRESSE

Défilé de la Saint-Patrick au centre-ville de Philadelphie, dimanche midi

Mais la palme du déchet inutile revient au restaurant du vendredi soir, à North Hudson, au beau milieu des Adirondacks, où notre pizza nous a été servie… dans une boîte de carton, comme pour emporter !

Le problème des déchets est global aux États-Unis, et le plastique pose un problème particulier. Un rapport soumis l’an dernier par les National Academies of Sciences, Engineering, and Medicine calculait que l’Américain moyen générait 130 kg de déchets de plastique par année, une moyenne supérieure à « l’ensemble des pays membres de l’Union européenne », soulignait The Guardian.

Le pire dans tout ça, c’est qu’à Philadelphie, les sacs de plastique à usage unique sont théoriquement bannis depuis octobre dernier. Mais en décembre, le Philadelphia Inquirer rapportait une étude de PennEnvironment démontrant que la moitié des commerçants faisaient fi de l’interdiction. Notre comptoir de « smoothies » était visiblement du nombre.

Soulignons tout de même qu’on a retrouvé dans ce restaurant un des très rares bacs à recyclage que nous avons vus en ville.

Cela dit, rien ne bat la réduction à la source, mais on ne semble pas être rendus là encore…