(Philadelphie) Lors de sa nomination, Martin St-Louis disait qu’il pouvait se mettre dans les souliers de n’importe quel joueur, parce qu’il avait tout vécu dans sa carrière de 1134 matchs.

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Il est facile d’avancer que c’est ce qui explique l’explosion offensive de Cole Caufield sous ses ordres. Le petit ailier en a d’ailleurs rajouté une couche, dimanche, en inscrivant le but vainqueur en prolongation dans un gain de 4-3 du Canadien contre les Flyers, par un dimanche tranquille au Wells Fargo Center.

Mais c’est aussi vrai pour les laissés-pour-compte. Et ça tombe bien : on en retrouve quelques-uns, de ces laissés-pour-compte, dans l’uniforme tricolore. Dans le match de dimanche, on retrouvait trois joueurs que le CH a acquis par l’entremise du ballottage : Paul Byron, Samuel Montembeault et Rem Pitlick.

Si le premier a été discret, les deux autres ont joué un rôle central dans le triomphe des Montréalais. Montembeault a bloqué 27 des 30 tirs des hommes en orange, mais il a surtout brillé au bon moment, par exemple dans les derniers instants de la troisième période pour préserver l’égalité.

Et Pitlick, lui, l’a créée, l’égalité, en plus de préparer à lui seul le but gagnant en subtilisant la rondelle à Morgan Frost en zone neutre. « Ç’aurait pu être un deux contre un de l’autre côté, et il est allé enlever la rondelle à l’autre joueur pour la donner à Cole. Il a vraiment joué un bon match », a commenté Montembeault.

Plus de chance que St-Louis

Avec sa récolte d’un but et une aide, Pitlick compte maintenant 16 points en 23 matchs depuis que le Wild du Minnesota l’a soumis au ballottage et que le Canadien l’y a réclamé.

« Je ne mentirai pas, j’adore le Minnesota, je viens de là. C’était un rêve devenu réalité de jouer là-bas et du jour au lendemain, j’arrive à Montréal. Je me suis dit que mon frère [Rhett] fait partie de l’organisation. T’arrives en ville, tu vois la tour avec le logo, c’est la ville du hockey, c’est ici que tout a commencé », a rappelé Pitlick.

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Les joueurs réagissent après un but marqué en deuxième période.

Mais au-delà de ces considérations romantiques, le blondinet est passé d’attaquant en trop au Minnesota à un joueur employé à toutes les sauces, au centre de surcroît. Depuis l’échange de Tyler Toffoli, il vient au 4rang des attaquants de l’équipe pour le temps d’utilisation. Sa simple présence en fin de troisième période, quand son équipe cherchait à créer l’égalité, puis en prolongation, en dit long sur la foi de l’entraîneur en lui.

Et ça lui inspire visiblement confiance. Prenez son état d’esprit quand il a été envoyé sur la patinoire avec Nick Suzuki pour une mise au jeu en zone défensive, avec une minute à jouer et son équipe en désavantage numérique en raison de la pénalité à Chris Wideman. « Nick et moi, on s’est regardés à la mise au jeu et on s’est dit qu’on allait marquer », a-t-il décrit.

PHOTO ERIC HARTLINE, USA TODAY SPORTS

Nick Suzuki (14) a marqué deux buts.

« Le ballottage est fait exactement pour ça, a rappelé Montembeault. Les deux, on était dans des situations semblables. Au Minnesota, ils avaient beaucoup d’attaquants, beaucoup de profondeur. Même chose pour moi chez les gardiens [en Floride]. C’est le fun, avec le ballottage, d’avoir une chance ailleurs. Les deux, ça va bien et on essaie de saisir notre chance. »

Ce qui nous ramène à Martin St-Louis, capable de comprendre ce que ses joueurs vivent. Il a rappelé que Pitlick était coincé au Minnesota, notamment parce que le Wild voulait faire une place à la recrue Matthew Boldy, « un premier choix au repêchage », a-t-il ajouté.

« Comme moi, je me suis fait squeezer à Calgary, il y avait deux choix de première ronde, ça m’a fait partir de Calgary », a-t-il raconté.

St-Louis s’était donc retrouvé au ballottage en plein été. Ignoré, il est devenu joueur autonome, a signé un contrat avec le Lightning de Tampa Bay et la présence d’une plaque à son effigie quelque part à Toronto laisse croire que la suite des choses a été fructueuse.

« C’est important de savoir où sont ces gars-là qui se font squeezer et de les amener. Je lève mon chapeau à Gorts [Jeff Gorton] d’avoir ramassé ce gars-là au ballottage. »

Il a souvent été question de la reconstruction rapide que Gorton a réussie avec les Rangers de New York, mais la relance a été accélérée par l’attractivité du marché new-yorkais, qui a favorisé les acquisitions d’Artemi Panarin, Adam Fox et Jacob Trouba. Jusqu’à preuve du contraire, Montréal n’exerce pas ce même attrait sur les joueurs, mais il y a néanmoins des inefficacités du marché à cibler pour trouver des joueurs.

Pitlick ne deviendra jamais un Panarin ou un St-Louis. Mais si le numéro 32 continue sur sa lancée, Gorton aura ciblé une de ces inefficacités.

Dans le détail

Deux autres blessés

Martin St-Louis disait compter quelques cas douteux pour la rencontre et Artturi Lehkonen en faisait partie. L’attaquant finlandais a déclaré forfait après quelques minutes d’échauffement, blessé au haut du corps. Sa situation sera évidemment à suivre dans la prochaine semaine, puisqu’il fait partie des joueurs qui pourraient valoir à Kent Hughes un retour intéressant en cas de transaction. Son absence a permis à Laurent Dauphin de revenir dans la formation, à la gauche de Ryan Poehling. Sauf que Poehling est à son tour tombé au combat, après avoir été plaqué avec fermeté par Justin Braun. Lui aussi est blessé au haut du corps. Il sera intéressant de voir si ces absences ouvriront la porte à Mathieu Perreault, laissé de côté pour le troisième match de suite, malgré tous les absents à l’avant. La semaine dernière, Perreault se disait ouvert à l’idée de jouer pour une équipe qui participera aux séries, mais il lui sera difficile de retrouver une forme optimale dans les circonstances. Le vétéran de 34 ans n’a disputé que trois matchs depuis la mi-décembre, en raison aussi de blessures. Mais les récents développements montrent à quel point il a chuté dans la hiérarchie de l’équipe.

Un Chiarot offensif

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Ben Chiarot (8) et Travis Sanheim (6)

Mine de rien, Ben Chiarot a maintenant neuf points à ses neuf derniers matchs, ce qui est loin d’être la pire nouvelle pour Hughes, qui cherche ouvertement à l’échanger d’ici lundi prochain. Ses points ne sont pas non plus des « calories vides ». La semaine dernière, à Calgary, il a inscrit le but gagnant en prolongation. Cette fois, sa passe à Rem Pitlick a permis au Tricolore de créer l’égalité avec 43 secondes à écouler en troisième période. « Il a un côté créatif intéressant, a noté Pitlick. À Calgary, il a carrément foncé au filet, et ce soir, il a réussi un jeu très cool. Ce n’est pas facile de sortir du coin, de garder la tête haute et de regarder dans l’autre direction comme il l’a fait. »

Lignes de tir recherchées

Le Canadien a certes marqué en avantage numérique, après une soirée désastreuse à ce chapitre samedi. Mais les deux unités n’ont pas généré des tonnes de menaces pour autant. Un des problèmes à régler : les fameuses lignes de tir. Les joueurs du CH ont cadré six tirs en sept minutes d’avantage numérique, mais cinq autres tentatives ont été bloquées par des rivaux. Le colosse Rasmus Ristolainen a mis à profit son gros gabarit pour bloquer quelques tirs, mais il importera tout de même aux joueurs de s’assurer d’une meilleure prise de décision. Avec le filet inscrit par Nick Suzuki, Montréal montre une fiche de 1 en 14 avec l’avantage d’un homme à ses trois derniers matchs.

Ils ont dit

Quand Cole est là et que tu le vois accélérer le long de la rampe, ça te donne un petit surplus d’énergie. Je voulais lui donner la rondelle, c’est un tireur d’élite.

Rem Pitlick

On était un peu flat en première période. Quand je jouais, surtout avec John Tortorella, il faisait ça souvent, juste pour changer la dynamique. Je changeais souvent de trio, j’allais jouer avec Brad [Richards] ou Vincent [Lecavalier]. Ce sont deux bonnes options. Parfois, c’est un feeling que tu as après une période et j’avais un feeling de changer ça. Ça nous a donné un petit peu d’énergie.

Martin St-Louis, au sujet de sa décision d’interchanger Rem Pitlick et Nick Suzuki

J’essayais de rejoindre [Mike] Hoffman. Je pense qu’il fonçait vers le but. J’ai juste vu un bâton sur la glace, alors j’ai essayé d’amener la rondelle vers le but. Par chance, c’est revenu dans l’enclave et j’ai été capable de marquer.

Suzuki, au sujet de son deuxième but, sur son propre retour

Je ne connais pas tous les règlements encore. Mais quand j’ai vu la reprise, c’était une punition. Je ne sais pas pourquoi ils ont donné une pénalité de cinq minutes et qu’ils l’ont révisée. Ils ont leurs propres procédures. Mais je n’ai jamais vu un arbitre changer sa décision après m’avoir parlé !

St-Louis, au sujet de la pénalité à Chris Wideman

En hausse

Brendan Gallagher

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Brendan Gallagher (11) et Rasmus Ristolainen (70)

La présence de Nick Suzuki au sein de son trio l’a certes aidé, mais il connaissait déjà un bon départ et a provoqué deux pénalités aux Flyers.

En baisse

Laurent Dauphin

Il a eu une chance inespérée de jouer avec la blessure à Lehkonen, mais il a terminé sa soirée avec un rendement de -3 même s’il n’a passé que neuf minutes sur la patinoire.

Le chiffre du match

4-3

Martin St-Louis divise la saison en séries 4 de 7 depuis son arrivée en poste, afin de donner un enjeu aux matchs. Après avoir montré une fiche de 4-3 dans les sept premiers matchs, le CH a présenté la même fiche de la série qui s’est terminée dimanche.