(Edmonton) Il n’y a pas que le Canadien qui vit actuellement une lune de miel avec un nouvel entraîneur-chef.

À l’instant exact où Martin St-Louis s’apprêtait à rencontrer pour la première fois les médias montréalais dans ses nouvelles fonctions, le 10 février dernier, les Oilers d’Edmonton annonçaient qu’ils montraient la porte à Dave Tippett et qu’ils offraient une promotion à Jay Woodcroft. Ce dernier dirigeait jusque-là le club-école, les Condors de Bakersfield, dans la Ligue américaine.

Alors qu’il n’y avait plus de saison à sauver à Montréal, tant la position de l’équipe au classement était basse, la situation était tout autre dans la capitale albertaine. Après deux éliminations rapides consécutives en séries éliminatoires, rater les séries n’était certainement pas une option, surtout quand on compte sur deux des meilleurs joueurs du monde en Connor McDavid et Leon Draisaitl.

PHOTO JAMES GUILLORY, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Connor McDavid

Or, le bateau prenait l’eau, et pas qu’un peu. Au cours des 23 matchs ayant précédé le changement d’entraîneur, les Oilers étaient l’une des pires équipes de la LNH, après avoir été littéralement la meilleure dans le premier quart du calendrier. En amorçant le troisième quart avec une nouvelle voix, on a donné un sérieux coup de gouvernail.

Différents joueurs ont déjà, au cours des dernières semaines, vanté l’attention aux « détails » de Woodcroft. Cela fait surtout écho aux éléments d’exécution : Zach Hyman a parlé d’un meilleur travail en zone neutre, tandis que Warren Foegele a évoqué des rôles et des responsabilités mieux définis, selon Athlétique.

Va pour les détails. Mais il y a tout de même des tendances lourdes, facilement observables, qui ont largement fluctué depuis le début de la saison et qui se sont stabilisées avec la nouvelle direction.

Pour cerner ces tendances, nous avons séparé la saison des Oilers en trois segments. Le premier correspond au début de saison phénoménal qu’a connu l’équipe, le deuxième à la descente aux enfers qui a coûté son poste à Tippett, et le dernier à l’ère Woodcroft.

Premier segment

  • Du 13 octobre au 1er décembre
  • 21 matchs
  • 16 victoires, 5 défaites
  • Pourcentage de points de 76,2 % (1er rang LNH)

Deuxième segment

  • Du 2 décembre au 9 février
  • 23 matchs
  • 7 victoires, 13 défaites, 3 revers en prolongation
  • Pourcentage de points de 37,0 % (26rang LNH)

Troisième segment

  • Du 10 février au 4 mars
  • 11 matchs
  • 7 victoires, 3 défaites, 1 revers en prolongation
  • Pourcentage de points de 28,2 % (10rang LNH)

Jetons d’abord un coup d’œil à la performance de l’équipe en attaque. En début de campagne, les défenseurs adverses ne savaient pas où donner de la tête. Ce n’était pas tant que les chances de marquer étaient innombrables, mais on en profitait systématiquement. Et l’avantage numérique produisait à un rythme d’enfer.

Ce sont réellement ces deux éléments qui sont tombés en panne. Le faible taux de réussite des tirs au but à cinq contre cinq en témoigne. Un déficit de confiance se creusait.

Sous Woodcroft, la magie est en partie revenue, mais c’est surtout la capacité à générer de l’attaque qui retient notre attention. Au-delà des rondelles au fond du filet, les chances de marquer et les buts attendus ont connu une hausse appréciable. Quand il est question de la proverbiale « bonne manière de jouer » et des détails, ça ressemble pas mal à ça.

Un autre élément qui saute aux yeux, c’est à quel point la vie et la mort des Oilers sont dictées par le duo McDavid-Draisaitl. Au cours du premier segment de leur calendrier, les Edmontoniens ont inscrit 80 buts. Pendant ce temps, leurs deux meneurs ont amassé… 81 points ! La tendance ne pourrait être plus claire pour les deux portions suivantes de la saison. Lorsque les deux étoiles ralentissent, l’équipe écope automatiquement.

Mentionnons néanmoins que l’arrivée d’Evander Kane, à la fin du mois de janvier, a contribué à diversifier l’attaque.

Koskinen se relève

Quand on fait le même exercice avec les performances défensives, on n’a pas d’autre choix que de regarder du côté des gardiens de but.

Car les défenseurs des Oilers, à défaut d’être très bons, sont assez constants en tant que groupe. Ils se sont même légèrement améliorés pendant que l’attaque s’effondrait. Le désavantage numérique demeure par ailleurs, à ce jour, un grave problème.

Devant le filet, ça n’allait pas du tout. Au moment du congédiement de Tippett, Mikko Koskinen avait certes une fiche gagnante (16-8-2), mais sa moyenne de buts accordés de 3,15 et son taux d’efficacité de ,900 trahissaient des lacunes flagrantes.

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Mikko Koskinen

Le torchon brûlait d’ailleurs entre lui et son entraîneur. Tippett, après une défaite au début du mois de janvier, a affirmé que son gardien « n’avait pas été très bon » et avait identifié une « erreur brutale » sur l’un des buts. Dans un média de la Finlande, son pays d’origine, Koskinen s’était dit navré d’avoir été ainsi « lancé sous l’autobus », mais avait rappelé que, dans une crise comme celle que traversait son club, « c’est le gardien ou l’entraîneur qui est sacrifié ». Il a vu juste !

Tippett parti, la situation des gardiens s’est radicalement redressée. À cinq contre cinq, seulement trois équipes ont donné moins de buts que le duo composé de Mikko Koskinen et Mike Smith – principalement grâce au Finlandais. Le jeune Stuart Skinner a aussi disputé un match, remporté par blanchissage.

Koskinen est-il soudainement devenu une superstar ? Absolument pas. Mais le fait qu’il ait retrouvé un semblant de prestance à un moment clé de la saison encourage certainement ses patrons.

Car jusqu’à preuve du contraire, et à moins de transactions majeures au cours des deux prochaines semaines, les Oilers demeurent une équipe dont la destinée est liée à celle de ses deux gros canons et de ses gardiens.