Est-ce Guy Carbonneau qui s’est subtilement glissé dans le chandail numéro 14 à l’insu de tout le monde ? Est-ce plutôt Yanic Perreault qui a appris à jouer de la droite ?

Évoquez la théorie farfelue de votre choix, mais il y a un changement notable chez le Canadien depuis l’arrivée de Martin St-Louis derrière le banc : Nick Suzuki excelle aux mises au jeu. Comme le faisaient Carbonneau et Perreault dans ce même uniforme, à une autre époque.

St-Louis a passé sa carrière à l’aile. Les mises au jeu ne faisaient donc pas partie de ses responsabilités, si bien qu’il a été très honnête quand on lui a demandé s’il avait son mot à dire dans les récentes performances de son centre n1.

« C’est pas moi ! », a-t-il lancé en riant, après l’entraînement de lundi. « Mais pour un centre, c’est un art, les mises au jeu. Ce n’est pas facile, pour un jeune, d’être bon tout de suite. C’est l’expérience, la tactique. Il s’améliore, il prend ça à cœur, et ça aide l’équipe. »

Suzuki a beau admirer Patrice Bergeron, il n’a jamais excellé comme son idole aux mises au jeu, comme en font foi ses taux de réussite depuis son arrivée dans la LNH.

Taux de réussite de Nick Suzuki dans la LNH

2019-2020 : 46,3 %

2020-2021 : 44 % 

2021-2022 : 49,6 % (47,2 % avant l’arrivée de St-Louis)

Or, en huit matchs depuis le changement d’entraîneur-chef, soit le 9 février, Suzuki montre une efficacité de 61,7 %. Depuis cette date, il vient au 6e rang dans la LNH (100 mises au jeu minimum).

« Je ne crois pas avoir changé d’approche, a-t-il indiqué. Je suis simplement plus en confiance. La confiance a toujours été importante dans mes mises au jeu, la confiance de savoir que je peux tenir mon bout contre n’importe quel centre. Ç’a été beaucoup mieux dans les 10 derniers matchs, et j’espère continuer dans cette voie. »

Coïncidence ou non, sa séquence de succès a commencé peu après son passage au match des étoiles, où il a justement été coéquipier de Bergeron dans le tournoi à 3 contre 3. Il assure ne pas avoir parlé de son art avec le numéro 37 des Bruins de Boston, mais il dit évidemment s’en inspirer.

« Il est droitier lui aussi, donc ça m’aide de l’observer. J’essaie d’apprendre de tout le monde, même des gauchers. Je regarde régulièrement des vidéos de lui, il est un des meilleurs. »

Deux buts

Les succès de Suzuki aux mises au jeu ont d’ailleurs mené directement à deux buts au cours de la présente séquence de cinq victoires du Canadien.

D’abord, le 21 février contre Toronto, après une mise au jeu gagnée en zone défensive.

Re(voyez) la séquence

Puis, deux jours plus tard, Cole Caufield a marqué immédiatement après que l’arbitre eut déposé la rondelle sur la patinoire.

Re(voyez) la séquence

On note que Suzuki ne gagne pas de façon « franche » cette dernière mise au jeu, mais plutôt en fonçant agressivement vers la rondelle.

L’ancien entraîneur-chef du CH Dominique Ducharme disait souvent que les mises au jeu étaient aussi une question d’engagement, pas seulement d’habileté avec le bâton. Ce jeu le démontre à merveille.

Un trio dominant

Grâce notamment au travail de Suzuki aux mises au jeu, le trio qu’il forme avec Caufield et Josh Anderson est productif. St-Louis a réuni les trois complices après que Tyler Toffoli eut été échangé aux Flames, le 14 février.

PHOTO GRAHAM HUGHES, LA PRESSE CANADIENNE

Cole Caufield et Nick Suzuki célèbrent un but inscrit contre les Blues de St. Louis, le 17 février.

Rendement du trio de Suzuki à 5 contre 5 dans les 5 derniers matchs

Buts marqués/accordés : 5-1

Chances de marquer pour/contre : 11-7

Tentatives de tir pour/contre : 50-41

Source : Natural Stat Trick

« Notre trio a de tout : du poids, de la vitesse, des talents de fabricant de jeux et mes deux ailiers ont de bons tirs, a énuméré Suzuki. On essaie de trouver les espaces libres. Anderson est bon autour du filet, et Cole joue très bien dernièrement. »

« Ces deux gars-là sont très talentueux et sont capables de faire de très bons jeux. Je dois toujours être prêt à recevoir une rondelle », a ajouté Anderson.

Chez le Canadien de 2021-2022, le nombre de blessés a rendu impossible la stabilité dans les trios. Mais depuis cinq matchs, deux unités sont demeurées intactes : celle de Suzuki, de même que l’unité de Mike Hoffman, Laurent Dauphin et Brendan Gallagher. Ce trio a eu droit aux bons mots de St-Louis, même s’il n’a marqué qu’un but.

« Ils jouent de très bons matchs et méritent d’être bien plus récompensés, a dit l’entraîneur-chef par intérim. Quand tu vois leur impact, tu dois être patient, parce qu’ils sont fatigants à affronter. Si je ne vois pas ces performances-là, je changerai peut-être de quoi. Mais tu ne peux pas regarder seulement le résultat, comme pour l’équipe. »

La suite des choses permettra d’en savoir plus sur la patience de St-Louis avec ses unités. Si Michel Therrien n’hésitait pas à brasser ses cartes, Claude Julien pouvait se montrer très patient avec ses combinaisons.

En savoir plus
  • 12
    Au cours des 12 derniers matchs, Nick Suzuki a terminé une seule fois sous les 50 % de succès aux mises au jeu.