Il y a de ces réalités qui sont faciles à oublier quand une équipe vit une saison aussi étrange que le Canadien en 2021-2022.

Cette réalité, Mathieu Perreault nous l’a rappelée lors de son passage derrière les micros au terme de l’entraînement de vendredi, à Brossard.

« Je n’ai jamais gagné la Coupe, et c’est mon but ultime, a rappelé l’attaquant québécois. Une saison comme ça, tu vois ce but disparaître. Là, c’est de revenir, de m’amuser, de me “showcaser” pour prolonger ma carrière et obtenir ma chance. »

Allons-y une phrase à la fois. À 34 ans, Perreault dispute sa 11e saison dans la LNH et il n’a effectivement jamais remporté les grands honneurs. Il a été gâté dans la Ligue américaine, avec deux conquêtes de suite de la Coupe Calder en 2009 et en 2010, mais depuis, ses équipes n’ont jamais même atteint la finale.

« Une saison comme ça » fait évidemment référence à la fiche de 12-33-7 du Canadien, bonne pour le 31e et avant-dernier rang au classement général. Les séries sont évidemment à oublier.

Quand il parle de « revenir », il fait référence à sa plus récente blessure, dont il n’a pas voulu donner le détail. Le CH parle d’une blessure au bas du corps, mais L’Express de Drummondville a évoqué des maux de dos. Quoi qu’il en soit, Perreault n’a disputé que 14 matchs cette saison, aucun depuis le 14 décembre. Il disputera son 15e de l’année samedi, contre les Sénateurs, à Ottawa. L’absence de Paul Byron lui permettra en effet de revenir dans l’action.

C’est la suite de sa citation qui est particulièrement intéressante : « me “showcaser” pour prolonger ma carrière et obtenir ma chance ». Il est rare d’entendre un joueur évoquer si directement la possibilité d’une transaction. Or, ce n’était pas une simple phrase au hasard. « La date limite est encore loin. Mais dans les prochaines semaines, si des équipes pensent que je peux les aider, alors oui, je saisirai cette chance », a-t-il ajouté quelques minutes plus tard.

La date limite des transactions est le 21 mars. D’ici là, il sera souvent question de joueurs placés « en vitrine », un concept parfois galvaudé. On se demande bien, par exemple, ce que des DG ont encore besoin de savoir au sujet de Ben Chiarot (462 matchs dans la LNH) ou d’Artturi Lehkonen (387 matchs), et qu’ils n’ont pas encore observé.

Par contre, la situation de Perreault est différente. Même s’il a 697 matchs au compteur, il a peu joué cette saison et, comme il arrive à la mi-trentaine, on pourrait comprendre certaines équipes de vouloir le voir à l’œuvre avant de conclure une transaction. Cela dit, il a montré lors des dernières séries, avec les Jets, qu’il pouvait encore aider une équipe qui veut faire un bout de chemin.

Et si ce n’est pas pour jouer ailleurs, Perreault doit penser à l’an prochain, car son contrat expire en juillet. On verra comment les choses se dérouleront, mais si la fin du calendrier est à l’image de ce que l’on voit depuis deux semaines sous Martin St-Louis, Montréal deviendra plus tentante pour des joueurs de son statut, afin de faire partie du renouveau.

Et les gardiens ?

Parlant d’avenir incertain, ça grouille aussi devant le filet du CH. Mais pas dans le dossier Carey Price. L’équipe maintient qu’il va bien et qu’il progresse à l’extérieur de la patinoire, mais a aussi précisé qu’un retour sur patins n’est pas pour la semaine prochaine. À deux mois de la fin de la saison, il pourrait manquer de temps.

Par contre, Jake Allen a repris l’entraînement sur glace jeudi, et était de nouveau sur la patinoire vendredi. Il est blessé au bas du corps et, le 21 janvier, l’équipe a annoncé une absence de huit semaines, ce qui le menait au 18 mars.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Jake Allen

Il faudra voir si son retour sur patins signifie qu’il est en avance sur son échéancier, mais à moins qu’il ne subisse un recul dans sa rééducation, Allen pourrait revenir avant la date limite des transactions. Le CH compterait alors sur trois gardiens en santé, Samuel Montembeault et Andrew Hammond étant les deux autres.

« Honnêtement, je me tiens loin de ces histoires. Je n’en sais pas beaucoup sur où ils en sont. Si ça change mon avenir, ainsi soit-il, mais je suis ici, je joue demain, et je me concentre là-dessus », a dit Hammond.

L’état de santé de Price dictera en partie la façon dont la situation des gardiens sera gérée. Mais Price ou non, l’équipe aurait alors un gardien de trop. Kent Hughes vient d’obtenir Hammond contre un joueur de la Ligue américaine, donc il serait étonnant que sa valeur grimpe en flèche en l’espace de quelques semaines. Mais Allen et Montembeault, avec des contrats faciles à digérer, pourraient donner des options intéressantes au DG du CH.

Souvenirs de 2020

Il faudra ensuite voir si Hughes connaîtra un hiver aussi fructueux que celui de Marc Bergevin en 2020. Avec ce qu’il vient d’obtenir pour Tyler Toffoli (un choix de premier tour et un espoir), il est bien parti.

Il est beaucoup question de Ben Chiarot, assurément le joueur dit « de location » avec la meilleure valeur chez le Canadien. Mais il y a deux ans, Bergevin avait aussi converti des joueurs de soutien en choix au repêchage.

En l’espace de quelques jours, le DG déchu avait en effet échangé Ilya Kovalchuk, Marco Scandella, Nick Cousins et Nate Thompson contre un choix de deuxième tour, un choix de troisième tour, deux choix de quatrième tour et un choix de cinquième tour. Ces choix ont notamment permis au CH de repêcher Sean Farrell, attaquant de l’Université Harvard au potentiel intéressant, tandis que le choix de troisième tour a servi de monnaie d’échange pour mettre la main sur Allen.

Bref, Hughes pourrait tout de même conclure des marchés intéressants dans le prochain mois. Pour peu que l’infirmerie finisse par se vider…

En bref

Hammond de retour à Ottawa

Même si Montembeault vient de réussir un jeu blanc, c’est Hammond qui affrontera les Sénateurs samedi. Le gardien nouvellement acquis renouera donc avec l’équipe où tout a commencé pour lui. « Il y a un côté humain. Les gars sont enthousiastes pour lui, a fait valoir Martin St-Louis. Et je le suis moi aussi. Il l’a mérité. » Hammond s’était fait un nom à l’hiver 2015 en montrant une fiche de 20-1-2, transportant les Sénateurs en séries contre toute attente. Il s’agira de son premier match à Ottawa depuis son départ de la capitale du Canada, en 2017. « J’ai rencontré beaucoup de gens, a-t-il rappelé. J’ai hâte de revoir ces visages à l’aréna. À ma première année, j’ai passé cinq mois à l’hôtel où on sera logés. J’ai connu beaucoup de membres du personnel, j’ai hâte de voir s’ils travaillent encore là ! »

Anderson va mieux, Byron absent

À l’entraînement, Paul Byron était l’unique absent parmi les joueurs réputés en santé. Le petit ailier a quitté le match de mercredi en première période après avoir été mis en échec de façon percutante. L’équipe a annoncé une blessure au bas du corps et a indiqué qu’il avait droit à une journée de traitements, mais Byron n’a pas accompagné ses coéquipiers à Ottawa et ratera donc le premier des cinq matchs de suite sur la route. Le Tricolore reviendra toutefois à Montréal après le match contre les Sénateurs, et partira pour l’Ouest canadien lundi. Atteint au visage par une rondelle mercredi, Josh Anderson était quant à lui à son poste, non sans porter une cicatrice sous l’œil gauche.

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Josh Anderson

Deux retours

Toujours à l’avant, Joel Armia s’est aussi exercé avec l’équipe. Le gros ailier droit a été coupé au visage par un patin le 17 février dernier. Lui non plus n’a pas fait le voyage à Ottawa et devra donc patienter avant de revenir au jeu. En défense, Corey Schueneman a retrouvé ses coéquipiers, lui qui a été soumis au protocole de la COVID-19 au cours des derniers jours.

Edmundson va mieux

Joel Edmundson a fait un pas de plus vers un retour au jeu en participant à un premier entraînement avec l’équipe. Il portait cependant un gilet bleu poudre, signifiant qu’il ne peut pas encaisser de mise en échec. Signe de sa progression, Edmundson a accompagné l’équipe à Ottawa, afin de poursuivre sa remise en forme sur la patinoire.

Drouin papa

Enfin, Jonathan Drouin poursuit lui aussi sa remise en forme. Il a patiné jeudi et vendredi, mais n’a pas fait le voyage à Ottawa. L’équipe a aussi annoncé que sa conjointe, Marie-Laurence, et lui sont devenus parents pour la première fois le 17 février dernier.