On va se le dire, ce n’est pas cette année que le défilé de la coupe Stanley va passer « par le chemin habituel », pour citer l’ancien maire Drapeau.

Mais alors, quand une saison est déjà plombée au mois de février, il reste quoi ? Il reste l’espoir de jours meilleurs, il reste le rêve d’un futur plus prometteur… et il reste Caufield, Suzuki et Anderson.

(Re)lisez la couverture en direct du match
Consultez le sommaire de la rencontre

Il faut bien s’accrocher à quelque chose, et pour les partisans du Canadien, ce serait une bonne idée que de s’accrocher à ces trois-là, qui pourraient former un solide premier trio au cours des saisons à venir.

C’est ce que l’on retient de ce match et de cette victoire, 4-0 face aux Sabres de Buffalo. Anderson, par ailleurs, n’a pu terminer la rencontre après avoir été atteint d’une rondelle à la tête.

« C’est eux qui bâtissent ça, Nick, Cole et Josh, a répondu Martin St-Louis en fin de soirée. Ils respectent le jeu de chacun, ils s’aident à jouer en travaillant de concert avec leurs forces. C’est pas le coach qui est responsable de cette cohésion ; c’est les joueurs, avec leur façon de communiquer et de s’entraider. »

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Samuel Montembeault célèbre son blanchissage.

On ne reviendra pas sur l’« effet Martin St-Louis », parce que des effets, ça finit toujours par ne plus faire effet, et aussi, parce qu’il n’y a pas juste ça dans la vie. Mais on ne peut nier que l’arrivée de l’ex-gloire du Lightning derrière le banc a eu… un effet sur le jeu de ces trois-là, en particulier Cole Caufield.

Les chiffres ne mentent pas : en 30 matchs sous Dominique Ducharme, le joueur au numéro 22 avait récolté un seul but. Depuis que Martin St-Louis est là, il a récolté six buts en sept matchs.

Au fait, Caufield, Suzuki et Anderson ont réussi 8 des 13 derniers buts de cette équipe.

« Je pense qu’on joue tous avec beaucoup de confiance en ce moment, a expliqué Suzuki. On a du plaisir, on effectue les petits jeux qui changent la donne, on se démarque sur la glace… c’est comme ça depuis 7 matchs, et on veut continuer ainsi. Cole est un joueur électrifiant, il stimule la foule. Il a joué du très bon hockey récemment. »

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Match de hockey enter le Canadiens de Montréal et les Sabres de Buffalo au Centre Bell. Le canadiens saluent la foule suite à leur victoire.

Un autre qui joue du très bon hockey récemment, c’est Samuel Montembeault, qui vit une sorte de renaissance professionnelle depuis qu’il est ici. Son zéro de mercredi soir au Centre Bell fut son premier blanchissage en 37 départs dans la LNH.

Lui aussi fait partie des lueurs d’espoir en cette saison qui a trop souvent été disputée dans le noir.

« Je me sens vraiment bien, a-t-il répondu. En plus, pouvoir obtenir mon premier jeu blanc au Centre Bell… Je vais devoir parler au chronométreur parce que je trouvais que le temps ne descendait pas assez vite au tableau lors de la troisième période ! »

Avec tout ça, avec cette soudaine série de succès—le Canadien vient d’en gagner quatre de suite, une première depuis janvier 2019 en saison —, peut-être que certains partisans vont maugréer et trouver que le Canadien gagne trop souvent, ce qui aura pour effet de mettre moins de boules dans le boulier en marge du prochain repêchage.

Mais en attendant de passer au boulier, il reste des matchs, 30 pour être précis, et les soirées au Centre Bell seront pas mal plus agréables en compagnie d’un club qui s’implique et qui se donne comme celui qu’on a vu mercredi soir.

En plus que le fun semble de retour dans le vestiaire. « L’ambiance est plus légère », a noté Brett Kulak.

C’est à se demander où était ce club-là d’octobre à janvier…

En hausse : Samuel Montembeault

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Match de hockey enter le Canadiens de Montréal et les Sabres de Buffalo au Centre Bell. Sam Montembeault du Canadiens en 2e période.

Une premier blanchissage avec une performance de 32 arrêts.

En baisse : Kale Clague

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Kale Clague

Une soirée de trois revirements, et trop souvent, il semble un peu perdu sur la glace.

Le chiffre

4

Le nombre de buts accordés par Samuel Montembeault à ses 96 derniers lancers.

Dans le détail

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Josh Anderson

Byron et Anderson à l’hôpital

Juste au moment où des blessés de longue date s’apprêtent à revenir au jeu, deux attaquants sont tombés au combat, mercredi. La soirée de Paul Byron n’a duré que deux présences. Après un coup de sifflet, le défenseur Mattias Samuelsson, qui surpasse Byron de 7 pouces et de 69 livres, a généreusement écrasé son adversaire dans la bande. Byron, blessé au « haut du corps », a pris la direction du vestiaire, furieux, et n’a plus joué. Josh Anderson, quant à lui, disputait un fort match lorsqu’une rondelle décochée par Casey Mittelstadt l’a accidentellement atteint au visage alors qu’il chutait sur la glace en deuxième période. Byron et lui ont été transportés à l’hôpital pour y subir des examens, mais ils sont tous les deux revenus au Centre Bell avant la fin du match. On en saura davantage sur la gravité de leurs blessures plus tard cette semaine, probablement vendredi — l’équipe a obtenu congé d’entraînement jeudi.

Le Canadien, un exemple ?

Dans le camp des Sabres, après la rencontre, c’était le monde à l’envers. « Leur échec avant était phénoménal. Ils ont provoqué des revirements qui leur ont donné des chances de qualité », a analysé Alex Tuch à propos du CH. « Ils ont travaillé plus fort que nous », a renchéri Dylan Cozen. « On était brouillons [sloppy] en commençant, on ne se soutenait pas bien, a renchéri l’entraîneur-chef Don Granato. On s’est compliqué la vie, [et] les attaquants ne soutenaient pas nos défenseurs, qui ne pouvaient relancer l’attaque. […] C’est notre faute. » Il était impossible de ne pas reconnaître, presque mot pour mot, les reproches que s’adressaient les joueurs et l’entraîneur du Canadien il y a quelques jours à peine. Cela illustre à quel point la situation a changé pour les Montréalais, et à quel point le chemin sera encore long avant que les Sabres ne connaissent régulièrement du succès. Tuch a enfoncé le clou dans le cercueil de son club en lançant que le CH avait signé une « victoire de caractère ». Il a notamment lancé des fleurs à Brendan Gallagher, qui a bloqué un tir dans la dernière minute de jeu. « On a besoin de plus de ça dans notre vestiaire », a-t-il conclu. Le Canadien cité en exemple ? C’est coché.

Dauphin en vedette

En matinée, Laurent Dauphin avait évoqué le « nouveau départ » qu’il semblait vivre sous les ordres de Martin St-Louis. Le soir venu, il l’a prouvé sur la glace en disputant l’un de ses meilleurs matchs de la saison. Le trio qu’il a formé avec Brendan Gallagher et Mike Hoffman a provoqué revirement après revirement, malmenant tout particulièrement la quatrième unité adverse, pilotée par Cody Eakin. Lorsque les trois ont été réunis à cinq contre cinq, ils ont eu le dessus par 5 à 1 au chapitre des chances de marquer de qualité, selon le site Natural Stat Trick. Dauphin aurait un but de plus à sa fiche si Craig Anderson n’avait pas opposé un déplacement latéral rapide à son tir sur réception tout près du filet en première période, et Gallagher aurait brisé sa séquence de 14 matchs sans marquer s’il n’avait pas fendu l’air après une remise parfaite de Dauphin dans l’enclave. Les petites choses, comme on dit…

Ils ont dit

C’est une combinaison de choses. Tout le monde ici joue très bien, je crois qu’on s’amuse davantage, on est plus constants et on joue tous mieux. C’est impressionnant, on ne s’attendait pas à ce que ça change aussi rapidement. Tout le monde paraît mieux et ça a un effet boule de neige.

Brett Kulak

Je pense que ce qui change beaucoup la donne en ce moment, c’est le fait de jouer avec plus de confiance. Ce n’est pas seulement moi, mais le club au complet…

Nick Suzuki

On voit l’engagement de tout le monde. C’est Josh qui bloque un tir avec sa face, tous ces tirs bloqués, tous ces petits détails. Les gars aiment beaucoup le football, alors on tente d’approcher le jeu de la même façon ; c’est comme si on essaie de dégager le ballon quand c’est le temps de faire ça, c’est comme si on y va pour le premier essai quand il faut y aller.

Samuel Montembeault

Je peux compter sur beaucoup de joueurs qui embarquent… Il y a beaucoup de gagnants dans cette équipe-là, et tu gagnes beaucoup de matchs avec des gars comme ça.

Martin St-Louis

On ne prend personne à la légère. Ils venaient de gagner trois matchs, ils ne nous ont pas surpris. Ils se sont nourris de l’énergie de la foule et ont sauté sur leurs chances. Ce n’est pas un manque de respect de notre part, mais un manque de concentration.

Don Granato

J’aurais dû faire un meilleur jeu en zone neutre. J’ai poussé son bras (à Nick Suzuki) et il a échappé la rondelle. Si j’avais été à sa place, j’aurais aussi tenté de provoquer le lancer de punition.

Dylan Cozens