John Sedgwick s’amuse à dire que, hormis un titre sur ses cartes professionnelles, sa nomination comme directeur général adjoint chez le Canadien de Montréal ne changera pas grand-chose à son quotidien.

Et la paie ? a demandé un journaliste. « On verra », a-t-il répondu en riant.

En réalité, celui qui était depuis 2017 le vice-président des opérations hockey et des affaires juridiques de l’organisation devient un vrai « homme de hockey » – le terme et les guillemets sont de lui.

Une précision s’impose ici sur l’organigramme hors norme du Canadien. Avec l’arrivée de Jeff Gorton au poste de vice-président exécutif aux opérations hockey (l’épithète « exécutif » est ici la clé), Sedgwick se retrouvait dans une espèce de non-lieu hiérarchique.

Il était par ailleurs l’un des derniers membres de l’administration précédente à être toujours en poste, après que l’ex-directeur général Marc Bergevin et son adjoint Trevor Timmins ont été congédiés, et que Scott Mellanby, un autre adjoint, a démissionné.

À la suite de ces chamboulements, on a rapidement informé cet expert de la gestion du plafond salarial et de la convention collective qu’il n’avait pas à craindre pour sa sécurité d’emploi. Voilà maintenant qu’après quelques semaines à le côtoyer sur une base quotidienne, le nouveau directeur général Kent Hughes a décidé d’en faire officiellement son bras droit. Dans cette optique, oui, un VP obtient une promotion en devenant DG adjoint.

De retour à Sedgwick. En point de presse, la fierté était palpable chez cet avocat de formation. Après 16 ans dans le hockey, d’abord auprès de la LNH puis, depuis 2013, chez le Canadien, il rejoint maintenant la garde rapprochée du directeur général, et sera directement impliqué dans les décisions concernant la formation et le développement, au-delà des chiffres et des contrats.

« Ça signifie beaucoup pour moi, a-t-il dit. J’ai toujours aimé travailler ici. En grandissant à Toronto, j’encourageais une autre équipe, mais mon père, originaire de Kingston, était un immense partisan du Canadien. Alors devenir directeur général adjoint de cette équipe, c’est un honneur, un privilège. »

Bilingue

Cette promotion survient pour lui après qu’il eut d’abord obtenu une entrevue pour le poste de directeur général, qui a finalement été attribué à Hughes.

Le partisan averti notera ici que la haute direction n’était censée rencontrer que des candidats bilingues. Sedgwick remplissait parfaitement ce critère : malgré la compréhensible nervosité d’une personne qui n’a pas l’habitude de s’exprimer en public, il a répondu en français à toutes les questions qui lui ont été adressées dans cette langue au cours du point de presse.

Il a notamment expliqué avoir appris le français dans des classes d’immersion au primaire, mais avoir vu sa maîtrise de la langue s’étioler au secondaire. Or, depuis son arrivée à Montréal, il suit des cours de français. « C’est important pour moi de m’améliorer. »

Ses parents, a-t-il ajouté, ont toujours tenu à ce qu’il puisse s’exprimer en français, même dans un milieu comme Toronto. « Mon père est devenu juge dans les années 1960 sans parler français, et en 1975, il entendait des causes en français. »

Apprendre

Sur le plan du hockey, on n’a pas appris grand-chose de cette rencontre avec les médias, qui visait surtout, on l’a compris, à présenter le gestionnaire au public, après des années passées à travailler en coulisses.

Il ne dirait pas non à un poste de directeur général dans la LNH, mais il préfère miser sur une « longue et fructueuse carrière dans le hockey » plutôt que sur l’atteinte d’un poste précis.

Il croit qu’il apprendra « beaucoup » avec Gorton et Hughes, comme il l’a fait avec Bergevin, Timmins, Mellanby.

Ses nouveaux patrons amènent une « perspective différente », l’un par son expérience passée dans d’autres équipes, l’autre par son parcours comme agent de joueurs.

Je vois là une belle occasion de grandir, d’apprendre, de trouver de nouvelles façons de faire comme gestionnaire au hockey.

John Sedgwick

Parmi les grands chantiers qui l’occuperont à court terme, la création du département d’analytique de l’équipe arrive certainement en tête de liste. À ses yeux, il était « important » que l’organisation investisse afin de « trouver des manières objectives de mesurer le talent [afin de] développer les joueurs ».

Invité à commenter la volonté exprimée par Kent Hughes de mettre en place une organisation « moderne », Sedgwick s’est montré prudent.

« Je ne crois pas qu’on avait de mauvais processus [auparavant], mais il y a toujours des choses à améliorer. »

Au septième étage du Centre Bell comme sur la glace, aurait-il pu ajouter.