On se demande bien à quoi Dominique Ducharme peut penser quand il voit le Canadien jouer ces jours-ci.

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Si ça se trouve, Ducharme n’en sait rien, parce qu’à l’heure qu’il est, il est peut-être sur une plage du Mexique, avec un CD de Bob Marley dans le lecteur de la voiture de location. Et pourquoi pas ? Nous, en tout cas, c’est ce qu’on ferait à sa place.

Mais s’il regarde les matchs, comme celui de lundi soir au Centre Bell, par exemple, l’ancien coach doit se poser une seule question : mais qui sont ces gars, au juste ?

Cette fois, ce fut une autre victoire, une troisième de suite (du jamais-vu cette saison), par la marque de 5-2 face aux Maple Leafs de Toronto. Cela est déjà surprenant, mais ce qui est surprenant avant tout, c’est le soudain réveil de certains gars.

Cole Caufield, par exemple.

« L’entraîneur me fait confiance et il me place dans des situations pour avoir du succès, a expliqué le jeune attaquant lundi soir. C’est ce qui est le plus important pour moi. »

C’est drôle, parce que sous Ducharme, Caufield était devenu un joueur de quatrième trio, qui allait bientôt devoir prendre le métro en direction de la station Montmorency. Mais le voici revigoré, en pleine confiance, lui qui est en train de retrouver sa forme du printemps de 2021. À ses six derniers matchs, les six premiers de Martin St-Louis à la barre, le petit attaquant a une fiche de cinq buts et deux aides pour sept points.

Et qu’est-ce que Martin St-Louis a fait de si différent avec Cole Caufield, au juste ?

« Je ne pense pas avoir fait grand-chose, a répondu le coach. Des fois, c’est juste de redémarrer le côté psychologique ; un nouveau départ, ça peut faire ça. Je trouve que Cole joue plus librement. Il fait ses erreurs des fois, mais il fait beaucoup plus de bonnes choses que d’erreurs, et en tant que coach, il faut que tu vives avec les erreurs comme ça. »

Le dernier printemps nous avait déjà fait la preuve que Caufield et son ami Nick Suzuki font la paire, mais avec Josh Anderson pour compléter, c’est encore mieux. Les trois joueurs ont récolté un total de 7 points en ce lundi soir festif devant 50 % du public au Centre Bell, et une foule annoncée de 10 552 spectateurs.

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Josh Anderson devant Petr Mrazek

Il s’agit d’un trio qui rappelle de bons souvenirs à Martin St-Louis, au fait.

« Quand j’étais joueur, j’ai eu des excellents centres en Vincent Lecavalier, Brad Richards, Steven Stamkos… Quand je jouais avec Vincent, je devenais un peu plus gros. Bien des fois, il rentrait dans le tas, et il revenait au banc pour me demander si un adversaire avait été salaud ; des fois, je disais rien, sinon il arrêtait de jouer au hockey !

« Mais c’est important pour Cole et Nick de savoir qu’ils ne se feront pas brasser sur la glace. Dans le cas de Josh, j’aime sa vitesse et sa grosseur, et il est capable de jouer au hockey aussi. »

Cole Caufield n’est pas le seul qui semble revivre depuis l’arrivée du nouvel entraîneur. Ajoutons à cette liste de joyeux lurons le nom de Jeff Petry, qui bougonnait au temps de l’administration précédente, mais qui vient de récolter cinq points à ses quatre derniers matchs.

On ne va pas mettre le nom de Petry dans la course au trophée Norris, mais force est d’admettre qu’il se porte beaucoup mieux. Ce qui tombe assez bien pour le Canadien, finalement, surtout à un mois de la date limite des transactions…

Enfin, et cela n’est pas anodin, plusieurs joueurs laissent entendre que le vestiaire du Canadien est dorénavant un endroit plus agréable, et il appert même qu’on peut y entendre de la musique.

« C’est très important que tout le monde embarque dans le système, a noté Anderson en fin de soirée. Ce fut un début de saison très difficile pour nous, mais on joue de la bonne manière depuis les trois derniers matchs. On se sent bien. »

Ce n’est pas ce que Dominique Ducharme méritait. Mais de toute évidence, cette équipe avait besoin d’une nouvelle voix.

Dans le détail

Gallagher débloque !

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T. J. Brodie et Brendan Gallagher en 2période

Le trio de Nick Suzuki a retenu l’attention, mais Brendan Gallagher a discrètement connu un sursaut offensif dans la victoire en amassant deux passes. Il n’a pas volé ses deux points. Sur le premier, c’est lui qui enlève la rondelle à Jake Muzzin en zone défensive, avant de la refiler à Mike Hoffman. Ce dernier a certes profité de l’altruisme de Petr Mrazek, mais Gallagher a tout de même réussi un jeu clé. Sur le deuxième, il a relancé l’attaque même s’il était en fin de présence, puisqu’il était sur la patinoire depuis près de deux minutes. Mais Auston Matthews, lui, y était depuis 80 secondes et il manquait clairement de gazoline pour compléter son repli, ce qui a permis à Rem Pitlick de marquer. Gallagher a ainsi mis un terme à une séquence de 12 matchs sans avoir amassé de point, une séquence qui avait commencé le 24 novembre dernier, dans les derniers jours de l’ère Marc Bergevin.

Dans le détail

Une frousse pour Muzzin

Jake Muzzin a, bien malgré lui, rappelé de mauvais souvenirs aux joueurs des deux équipes en deuxième période. Il a perdu pied et est tombé dans les jambes du défenseur Chris Wideman, et la tête de Muzzin a donné durement contre la patinoire. Le jeu n’était pas sans rappeler la blessure à John Tavares, sur une collision avec Corey Perry, lors des dernières séries. Muzzin a fini par se relever, mais n’est pas revenu dans le match en troisième période. L’entraîneur-chef des Leafs, Sheldon Keefe, a indiqué que Muzzin resterait à Montréal cette nuit pour être examiné. Il n’accompagnera donc pas l’équipe à Columbus, pour le duel contre les Blue Jackets ce mardi. Muzzin, qui fêtait ses 33 ans lundi, venait tout juste de se remettre d’une commotion cérébrale. S’il devait de nouveau s’absenter, on devine que la pression augmentera sur Kyle Dubas afin qu’il déniche un défenseur dans une transaction.

Pitlick, attaquant défensif ?

Qui a été l’attaquant le plus utilisé par Martin St-Louis lundi ? Nul autre que Rem Pitlick ! Il a en effet passé 17 min 27 s sur la patinoire. Mais c’est surtout le rôle dans lequel il a été employé qui surprend. Sur les 14 min 37 s qu’il a jouées à cinq contre cinq, il était sur la patinoire en même temps qu’Auston Matthews pendant 12 minutes, selon Natural Stat Trick. Son centre, Jake Evans, a d’ailleurs pris sept mises en jeu en zone défensive, contre une seule en zone offensive. « Pitlick est un très bon joueur défensif », a martelé St-Louis après la rencontre. Pitlick s’est toujours démarqué par sa capacité à marquer des buts, mais à entendre parler le coach, il aura la chance de se faire valoir dans un rôle différent. S’il remplit ses missions, peut-être trouvera-t-il une façon de s’accrocher de façon durable dans la LNH.

Ils ont dit

C’est l’équipe au complet. Les attaquants, les défenseurs, le gardien : personne n’a été assez bon.

Auston Matthews

J’ai l’impression que les cinq buts ont été marqués en relance. On a perdu des courses, on n’était pas synchronisés. Nos attaquants ont laissé des joueurs s’échapper, nos défenseurs ne jouaient pas assez serré.

Sheldon Keefe

Ils n’ont rien généré. Ils ont vraiment été battus dans l’ardeur au travail, comme plusieurs de nos joueurs.

Sheldon Keefe, au sujet du trio de John Tavares

On se sent super bien, l’ambiance est plus le fun dans le vestiaire. Ça ne fait pas longtemps que Martin est arrivé, mais déjà, on progresse beaucoup… C’est plaisant, l’ambiance est bien meilleure après une victoire comme celle-ci.

Samuel Montembeault

C’est l’engagement des joueurs que je remarque… C’est plus mental que physique. Ça fait 10 jours je suis ici et je trouve qu’on a grandi en tant qu’équipe, et je ne dis pas ça en comparant avec ce que c’était avant. Je parle juste depuis que je suis ici.

Martin St-Louis

En hausse

Cole Caufield

Un match d’un but et deux mentions d’aide pour ce joueur qui respire la confiance.

En baisse

Michael Pezzetta

Une soirée un peu plus difficile pour lui, qui termine à -2 dans un match pourtant offensif à la faveur de son équipe.

Le chiffre

45,5

C’est la valeur, en millions de dollars, des salaires versés aux cinq joueurs de la première vague des Maple Leafs en avantage numérique. Lundi soir, la masse salariale des joueurs du Canadien était de 43,3 millions…