Il s’agit sans doute d’une première dans l’histoire de l’équipe.

Aucun joueur ne figure sur la photo promotionnelle du Canadien, mais plutôt son nouveau trio de dirigeants, Jeff Gorton, Kent Hughes et Martin St-Louis, coiffés du titre : « Une nouvelle ère s’amorce ».

Cette pub est étonnante, mais demeure fort habile. Elle révèle aussi une réalité frappante, le jeu de coulisses pour bâtir le club sera plus intéressant que l’action sur la glace…

Les Rangers ont annoncé leur reconstruction le 8 février 2018 en publiant une lettre dans laquelle la direction explique sa stratégie aux fans.

Moins de trois semaines plus tard, Rick Nash, Ryan McDonagh, J. T. Miller et Michael Grabner étaient échangés pour un choix au repêchage et des espoirs.

Le DG des Rangers à l’époque, l’actuel VP opérations du Canadien Jeff Gorton, a employé l’expression « reconstruction », mais elle n’en était pas une.

On a échangé plusieurs vétérans dans la fin vingtaine, début trentaine, mais si on a accumulé les choix et les espoirs, on a vite remplacé les joueurs échangés par d’autres capables d’aider les Rangers à court et moyen terme.

Après une année de misère, où ils allaient terminer au 26e rang du classement général en 2018-2019, New York allait participer aux séries éliminatoires la saison suivante avec une fiche de 37-28-5. Ils ont raté les séries l’an dernier malgré une fiche de 27-23-6, mais occupent le sixième rang du classement général aujourd’hui.

Les Artemi Panarin, Adam Fox et Jacob Trouba de ce monde n’accourront pas à Montréal comme ils l’ont fait à New York, mais Kent Hughes, s’il prône la patience, ne veut pas s’embastiller dans une expression précise. Reconstruction, réinitialisation, « reset on the fly », il veut redonner au Canadien ses lettres de noblesse dès que possible. Il l’a répété lors de son point de presse mercredi matin.

La relance va bon train. Nick Suzuki et Alexander Romanov, tous deux âgés de 22 ans, occupent déjà des rôles prépondérants à Montréal. Cole Caufield, 21 ans, et Ryan Poehling, 23 ans, gagnent en confiance depuis l’arrivée de la nouvelle administration.

On y greffera un choix dans le top trois, peut-être même le premier au total, dans quelques mois, qu’il s’agisse des centres Shane Wright, Logan Cooley ou Conor Geekie, de l’ailier Juraj Slafkovsky, brillant aux Jeux olympiques, ou du défenseur Simon Nemec.

On vient d’ajouter un choix de première ronde dans l’échange de Tyler Toffoli, en plus d’un espoir repêché en deuxième ronde, et on en obtiendra sans doute un autre avec Ben Chiarot, ou un espoir supplémentaire.

Au risque d’en décevoir certains, la grosse vente risque d’arrêter après Toffoli et Chiarot. Du moins, personne d’autre n’attirera autant que ces deux-là. Et encore, il faudra transiger rapidement dans le cas de Chiarot avant que sa valeur ne baisse encore davantage.

Il faut arrêter de rêver à un choix de première ronde pour Jeff Petry en raison de la lourdeur de son contrat. Idem pour Brendan Gallagher ou Mike Hoffman. Le CH serait sans doute heureux de liquider leur contrat quitte à ne rien obtenir en retour.

La flopée de choix au repêchage ces dernières années, 22 parmi les trois premières rondes lors des cinq dernières cuvées, permettra à la nouvelle direction d’évaluer des joueurs qui, sans être d’éventuelles superstars, pourront renforcer le club : Kaiden Guhle, Logan Mailloux, Jordan Harris, Jan Mysak, Joshua Roy, Jesse Ylonen, Sean Farrell, Riley Kidney, Blake Biondi et quelques autres.

Convaincre Jordan Harris de se joindre à l’organisation dans les prochains mois, et Kent Hughes semble confiant de le faire, constituerait l’un des meilleurs coups de son jeune règne.

Harris n’aurait sans doute pas signé de contrat avec l’ancienne administration, qui valorisait les gros défenseurs et qui peinait à se rappeler son prénom. Le jeune homme s’établira dans la formation du Canadien dès la signature de son contrat et ne devrait plus la quitter. On parle ici de l’un des meilleurs défenseurs de la NCAA, capitaine des Huskies de Northeastern, un joueur intelligent, rapide, complet, qui passe presque 30 minutes par match sur la glace. Il tire de la gauche, mais peut jouer des deux côtés. Par contre, il faudra attendre de le voir apposer sa signature sur le contrat avant de crier victoire.

Il ne s’agira pas seulement d’accueillir de bons jeunes joueurs. Il faudra les encadrer, les développer et stimuler leur confiance. Le CH n’a pas été un modèle d’excellence en ce sens ces dernières années. Plusieurs espoirs ont d’ailleurs avoué à certains moments se sentir isolés et dans l’ignorance.

Ainsi une confidence de Kent Hughes lors de son point de presse mercredi mérite d’être relevée. Même si sa nouvelle acquisition Emil Heineman constitue un espoir repêché en deuxième ronde, même s’il évolue quelque part en Suède, même s’il a été échangé deux fois déjà, Hughes a pris le temps de l’appeler pour lui signifier qu’il était désiré à Montréal. Un simple coup de fil qui peut augmenter la confiance d’un jeune joueur et le désir de se défoncer dans l’espoir de rejoindre cette formation un jour.

L’ère moderne. Oui, le Canadien est en train de se moderniser.

Montréal et New York en pourparlers ?

Le Canadien et les Rangers seront à surveiller d’ici la date limite des transactions, prévient le réputé Pierre Lebrun sur Twitter. Le CH veut acquérir des espoirs et non des choix et les Rangers regorgent de bons jeunes joueurs. Notre distingué confère n’en dit pas plus, mais un défenseur droitier offensif comme Nils Lundkvist, un choix de fin de première ronde en 2018 (28e au total) viendrait combler un besoin chez le Canadien. Lundkvist serait sur le marché, mais à quel prix ? Le jeune homme de 21 ans peine à s’établir dans la LNH, derrière Jacob Trouba et Adam Fox, mais semble beaucoup plus confortable dans la Ligue américaine. Montréal pourrait-il offrir un choix au repêchage, et/ou un de ses espoirs à une autre position, un Luke Tuch ou un Jayden Struble, pour l’obtenir et ainsi grossir la modeste banque de défenseurs droitiers offensifs au sein de l’organisation ?

À ne pas manquer !

  1. Jordan Harris semble nettement plus enclin à s’entendre avec le Canadien maintenant que Kent Hughes et Martin St-Louis travaillent pour le Canadien. Guillaume Lefrançois a parlé au jeune homme.
  2. Ben Chiarot sera échangé sous peu, a plus ou moins confirmé Kent Hughes lors de son point de presse. Les explications de Richard Labbé.
  3. Charles Hamelin ne pouvait rêver d’un meilleur dernier tour de piste, à Pékin. Nicholas Richard raconte.