« Je sais que, dans un environnement où il y a beaucoup de défaites, il est facile de se concentrer sur le négatif. Mais moi, comme entraîneur qui n’est là que depuis quatre jours, je ne suis pas en position d’être négatif. »

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Martin St-Louis avait plus ou moins le goût de parler des déboires de son équipe, dimanche. On peut comprendre qu’après une dixième défaite de suite, du jamais-vu chez le CH depuis 1926, il ne souhaite pas s’acharner sur ce qui est déjà un accident de train ininterrompu depuis des mois.

Parce que oui, il y a aussi du beau dans la vie du Canadien, faisons donc une fleur au nouvel entraîneur et soulignons les éléments positifs à retenir de ce revers de 5-3 contre les Sabres de Buffalo.

Tout en haut du tableau d’honneur : Corey Schueneman. Boudé par les poolers même les plus audacieux, le défenseur de 26 ans pourrait bien devenir l’une des belles histoires de cette hideuse saison.

Jamais repêché, le défenseur américain a fait si bonne impression avec le Rocket de Laval l’année dernière que le Canadien lui a offert un premier contrat de la LNH. Il n’avait pas paru largué du tout lors de ses premiers coups de patin avec le grand club plus tôt cette saison, et c’est à lui qu’on a fait confiance pour remplacer Ben Chiarot au pied levé. On a en effet appris que le gros numéro 8 avait subi une blessure au « bas du corps » et qu’il s’absenterait pour environ une semaine.

Le hic, pour Schueneman, c’est qu’il avait déjà disputé deux matchs, vendredi et samedi, avec le Rocket. Et que le Tricolore affrontait les Sabres à midi trente. Qu’à cela ne tienne, même si on l’a appelé en catastrophe dimanche matin, à peine quelques heures avant la première mise au jeu, il a disputé un solide match, conclu avec une mention d’aide et presque 20 minutes passées sur la patinoire.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Brendan Gallagher et Nick Suzuki

« Il m’a beaucoup impressionné par le rythme de son jeu et sa prise de décisions », a souligné Martin St-Louis, particulièrement sympathique à sa cause d’avoir joué trois matchs en moins de 48 heures. Voyant sa bonne tenue dès le début des hostilités, l’entraîneur a chuchoté à Luke Richardson, spécialiste des défenseurs, de lui faire confiance. Et c’est ce qui est arrivé.

« C’était correct », s’est amusé Schueneman après le match, en référence à sa charge de travail du week-end. Il a bien sûr rappelé qu’en aucun cas il n’aurait boudé un rappel dans la LNH. « Il faut toujours être prêt, a-t-il rappelé. Ceux qui se démarquent sont ceux qui tirent le meilleur de leurs chances. »

Autant pour lui que pour son équipe, ce match était « un pas dans la bonne direction ». « Je crois qu’à chaque match, je peux m’améliorer et montrer que j’ai ma place ici.

Que le Canadien le rappelle avant Sami Niku ou Xavier Ouellet est déjà une marque de reconnaissance à son endroit. Et si des vétérans devaient être échangés au cours des prochaines semaines, il pourrait bien ne plus traverser la rivière des Prairies avant le printemps.

Poehling

Un autre qui paraît drôlement bien, c’est Ryan Poehling – voir à ce sujet l’influente rubrique « En hausse ».

Son entraîneur a jugé que le trio qu’il pilotait au centre de Joel Armia et d’Artturi Lehkonen avait été le meilleur de son équipe. Ce n’est pas vraiment une bonne nouvelle quand c’est la quatrième unité qui est la plus prolifique, mais comme l’heure est à la bienveillance, rendons plutôt hommage au travail des trois employés de soutien.

En réalité, ces trois joueurs étaient attendus sur le quatrième trio avant le début de la saison. Toutes sortes de circonstances ont fait en sorte qu’ils n’ont presque pas joué ensemble depuis, mais force est d’admettre que leur réunion a donné de bons résultats.

Poehling a vanté la capacité d’Armia à protéger la rondelle et à créer de l’espace pour ses compagnons de trio, et celle de Lehkonen à travailler sans relâche. « J’espère qu’on restera ensemble pour continuer à construire notre jeu », a-t-il dit.

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Joel Armia (40) a inscrit son deuxième but de la saison.

« Je sais qu’avec les concepts que j’amène, les joueurs intelligents vont se démarquer, a fait valoir Martin St-Louis. Je ne sais pas encore à quel point l’intelligence de Poehling est élevée, mais avec le peu d’informations que j’ai jusqu’ici, je suis très encouragé. »

Ce n’est pas la manière la plus élégante de l’exprimer, mais on comprend où il veut en venir.

Encore Petry

C’est bien beau, le positif, mais si tout était rose, le CH n’aurait pas perdu 10 matchs de suite.

Les Montréalais se sont certes bien défendus, mais encore une fois, ça n’a pas suffi. La réunion de Cole Caufield à Nick Suzuki n’a pas bien fonctionné du tout, à forces égales comme en avantage numérique. Et, au risque de s’acharner, il faut encore parler de Jeff Petry.

Son match, sur le plan individuel, pourrait servir à lui seul d’allégorie pour résumer celui de son équipe. Il disputait, jusqu’au milieu de la troisième période, sa meilleure joute depuis des lustres : solide dans son territoire, efficace en sortie de zone, impliqué en attaque – il a même marqué, une rareté. Or, le naturel est revenu au galop.

PHOTO GRAHAM HUGHES, LA PRESSE CANADIENNE

Jeff Skinner (53), Jeff Petry (26) et Samuel Montembeault (35)

Petry visait Lehkonen en sortie de territoire, mais il a plutôt donné la rondelle à Alex Tuch, qui l’a lui-même remise avec plaisir à Jeff Skinner. Pris à contrepied, le défenseur s’est accroché à son adversaire, l’a fait trébucher et la rondelle est entrée dans le but. C’était alors 4-3 pour les Sabres, qui n’ont plus regardé derrière.

« Petry va apprendre de ces jeux-là, a prédit Martin St-Louis. On va continuer de l’aider à corriger ses erreurs. Il fait beaucoup de bonnes choses aussi, dont le monde ne parle pas. »

C’est sans doute vrai. Mais quand les erreurs sont à ce point flagrantes, soir après soir, ça devient difficile de parler de son élégant coup de patin.

Dans le détail

Nouvelle régression pour Price ?

Les réseaux sociaux ont sursauté lorsque TVA Sports a indiqué, pendant sa diffusion du match de dimanche, que le gardien Carey Price n’avait pas patiné depuis cinq jours. Le gardien est toujours en rééducation à la suite d’une opération à un genou subie l’été dernier. Il a lui-même admis, il y a deux semaines, avoir subi deux régressions pendant sa convalescence, et croisait les doigts pour que sa troisième tentative de retour au jeu soit la bonne. Après plusieurs jours de travail en gymnase, Price a patiné au début de la dernière semaine, mais n’a pas encore reçu de tirs à l’entraînement. Qu’il remise son équipement pendant cinq jours entiers ne serait pas le signe de bonnes nouvelles dans son cas. Le Canadien n’a pas donné suite à nos demandes de confirmation de l’information de TVA Sports.

Jeff Skinner aime Montréal

Jeff Skinner a connu beaucoup de hauts et de bas depuis le début de sa carrière. Les partisans du Canadien, toutefois, n’ont pas souvent vu son côté sombre. Avant la rencontre de dimanche, l’ancien des Hurricanes de la Caroline revendiquait 29 points en 33 matchs contre la Flanelle. À la sirène finale, le décompte était désormais de 34 en 34, résultat d’une magistrale performance de cinq points, dont quatre buts, marqués avec panache de surcroît. Une déviation, un tir voilé, une chute vers le filet après une échappée ainsi qu’une manœuvre individuelle en fin de match : de tout pour tout le monde, en somme. Après la victoire, le héros du jour a dit ne pas se rappeler sa dernière récolte de quatre buts dans un match, « pas même dans la Ligue junior de l’Ontario ». Vérification faite, Skinner disait vrai, lui qui, malgré 77 buts en deux saisons chez les Rangers de Kitchener ainsi que quatre saisons de 30 buts et plus dans la LNH, n’avait jamais fait mieux qu’un vulgaire tour du chapeau.

La fin des disettes

Jeudi dernier, à l’occasion du premier match de Martin St-Louis avec le Canadien, Cole Caufield a mis fin à une séquence de 17 matchs sans but. Dimanche, Jeff Petry et Joel Armia ont tous les deux touché la cible après avoir passé, respectivement, 11 et 18 rencontres sans faire bouger les cordages. Devrait-on attribuer ces succès à l’aura d’un marqueur de plus de 400 buts en carrière (saison et séries éliminatoires) derrière le banc ? On ne le saura sans doute jamais, à moins que toutes les autres disettes du club ne se concluent par enchantement au cours des prochains jours. Parmi les candidats les plus « dus », notons Chris Wideman (22 matchs sans marquer), Alexander Romanov (16), ainsi que Ryan Poehling et Brendan Gallagher (10 chacun).

Ils ont dit

J’ai joué contre [Corey Schueneman] à l’université et avec lui à Laval, je le connais depuis longtemps. Il voit bien la glace, c’est un bon patineur, il est calme avec la rondelle et fait de bons jeux. Il peut faire confiance à ses jambes si les choses ne vont pas comme il veut.

Ryan Poehling

On fait un meilleur travail pour ne pas être trop ébranlés après avoir donné un but. Avant, on baissait la tête, maintenant les quatre trios reviennent forts.

Nick Suzuki

Martin [St-Louis] amène de nouvelles idées. On essaie de briser nos mauvaises habitudes, que ce soit des petits jeux ou notre manière de nous positionner sur la glace.

NIck Suzuki

Je ne sais pas encore quelles sont les mauvaises habitudes des joueurs. Je me concentre sur les choses que je veux qu’ils fassent, pas celles qu’ils faisaient. Je n’ai pas encore eu la chance de m’asseoir avec les joueurs pour ça.

Martin St-Louis

Personnellement, je sais qu’on n’a pas gagné les trois derniers matchs, mais que je les regarde, je sais qu’on a fait beaucoup de bonnes affaires, des choses que j’ai amenées et que les joueurs ont été capables d’exécuter assez vite. Je suis fier de leur travail. On va continuer de progresser. Il y a déjà eu beaucoup de progrès en trois matchs.

Martin St-Louis

En hausse

Ryan Poehling

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Jeff Skinner et Ryan Poehling

Ça devenait moins facile pour lui avant la pause du match des étoiles, mais il est, depuis trois matchs, l’un des attaquants les plus constants de son équipe. Sa passe lumineuse vers Joel Armia lui a valu un point bien mérité.

En baisse

Nick Suzuki

Ce n’est certainement pas un habitué de cette rubrique, mais force est d’admettre que le joueur de centre n’a pas connu un très bon match. Le retrait d’Artturi Lehkonen au profit de Cole Caufield à sa gauche demandera des ajustements.

Le chiffre du match

38

Avec déjà trois victoires cette saison, les Sabres pourraient conclure la semaine prochaine un premier balayage contre le Tricolore depuis la saison 1983-1984, soit depuis 38 ans. Dirigés à l’époque par Scotty Bowman, les Buffaloniens avaient remporté les huit (!) duels entre les deux équipes.