L’un des termes les plus usés des 12 mois qu’a passés Dominique Ducharme derrière le banc du Canadien a certainement été celui du système de jeu.

L’équipe allait bien ? Le système fonctionnait. L’équipe allait mal ? Il faut revenir au système. Le système était-il trop complexe pour les joueurs ? Était-il même efficace ?

Dans l’une des cassures les plus évidentes avec l’administration précédente, Martin St-Louis a explicitement avoué son dégoût pour les « systèmes » qui, selon lui, ont pour conséquence de « mettre les joueurs dans des boîtes ».

Il préfère parler de « concepts » qui, toujours d’après ses dires, permettent aux joueurs de s’exprimer avec plus de créativité en fonction de leur « lecture » des différentes situations dans le feu de l’action.

Un concept te permet de jouer avec plus d’instinct, avec l’idée de ce qu’on veut être comme équipe. Comme joueur, je détestais jouer dans des systèmes. J’étais bon pour faire des lectures : si tu enlèves les lectures de l’équation, les bons joueurs deviennent moyens. J’aime mieux faire une mauvaise lecture que pas de lecture du tout. Parfois, dans un système, il n’y a pas de lecture possible.

Martin St-Louis

Cela n’empêche pas qu’il y ait « une tonne de structure dans un concept ».

Un journaliste lui a demandé s’il n’était pas hasardeux d’attendre de tous les joueurs, à plus forte raison ceux qui portent actuellement l’uniforme du Canadien, qu’ils fassent les mêmes « lectures » qu’un attaquant qui a remporté les trophées Hart et Art-Ross.

Sans hésiter, St-Louis a rétorqué que « les joueurs les plus talentueux, la plupart des gens se concentrent sur ce qu’ils font quand ils ont la rondelle ».

« C’est spectaculaire […], mais quand on y pense, combien de fois tu touches à la rondelle ? La game de hockey est jouée sans la rondelle. Si tu n’es pas aussi créatif avec la rondelle qu’un joueur étoile, ça ne m’inquiète pas. Mais si tu es capable d’être à la bonne place sans la rondelle, à la bonne vitesse, tu vas y toucher pas mal plus, et tes habiletés vont s’améliorer. Je coache beaucoup plus sans la rondelle. »

Culture

Les partisans de hockey connaissaient évidemment la grande vedette offensive qu’était Martin St-Louis. Sa passion et son intensité étaient manifestes.

Ce qui était plus difficile à deviner, c’est à quel point il « mange » du hockey. « Je suis un étudiant de la game », résume-t-il.

Des matchs, il en a regardé une quantité innombrable depuis qu’il a accroché ses patins. Il a vu le sport évoluer. Le défi qui se présente à lui, « ça fait 10 ans » qu’il s’y prépare. « J’ai une bonne idée de ce qui marche ou ne marche pas à travers la LNH », affirme-t-il.

Le « plan » qu’il a en tête, « ça fait longtemps [qu’il] le travaille ». N’empêche, prévient-il, il ne va pas le déballer tout d’un trait.

Aussi bien en faire un deuil tout de suite : il n’est pas là pour sauver la saison.

« Mon but, c’est d’attaquer les choses importantes une à la fois, dit-il. Je veux que les joueurs respirent et qu’ils s’amusent. » Qu’ils soient aussi « connectés physiquement et engagés mentalement ». Tout cela dans le but de favoriser leur « compréhension du jeu d’équipe ».

Malgré sa maigre expérience comme entraîneur, qui se résume essentiellement à une implication au hockey mineur ainsi qu’à un court mandat de consultation avec les Blue Jackets de Columbus il y a trois ans, il se décrit comme un pilote « demandant, mais juste », qui souhaite rapidement rencontrer et connaître les athlètes sous sa gouverne.

Comme joueur, il reproduisait les meilleures pratiques de ses collègues, et il fera de même comme meneur. Il a notamment souligné l’immense respect qu’il éprouve pour John Tortorella, qu’il a connu à Tampa puis à New York et qu’il décrit comme un « gars qui amène beaucoup de culture dans une équipe ».

Le thème de la « culture » est justement cher aux yeux de Jeff Gorton et de Kent Hughes, nouveaux patrons de St-Louis. Celle qu’ils veulent « établir », dixit Hughes, c’est celle d’une équipe qui, sans égard au pointage, sera « compétitive » en toutes situations. « Pas juste cette saison », a-t-il insisté.

Selon le DG, St-Louis incarne totalement cette culture.

Le nouvel entraîneur, de son côté, souhaite prioritairement « inspirer et motiver » ses joueurs. Car ces derniers, martèle-t-il, doivent « être emballés de jouer au hockey à nouveau ».

Statistiques avancées : ni pour ni contre

Même si Kent Hughes a vanté la pensée « analytique » de son nouvel entraîneur, et que le DG s’active en ce moment à bonifier son service d’analyse statistique, Martin St-Louis n’est pas du tout un inconditionnel des statistiques avancées. Celles-ci ne disent « pas toute l’histoire » d’un match, selon lui, bien qu’elles en fassent « partie ». « J’ai confiance en mon œil et en ma perception de la manière dont jouent certains joueurs », a-t-il ajouté. Dans cette optique, il préfère confirmer ses observations avec des statistiques avancées, afin qu’elles contribuent à améliorer « la manière dont on veut jouer ».