Imaginez un peu la scène. En 2017, une nouvelle franchise de l’ECHL, les Mariners du Maine, est créée. À sa tête, Daniel Brière et Adam Goldberg.

Brière était jadis un élève doué, admis au collège Saint-Alexandre, un des établissements scolaires les plus réputés en Outaouais. Sauf que Brière a aussi joué 18 ans au hockey professionnel, ce qui l’a forcément éloigné des bancs d’école. Après sa retraite, qu’il a annoncée en 2015, Brière s’est inscrit à l’école de finance Wharton, mais demeurait relativement inexpérimenté au point de vue des affaires.

Goldberg, lui, avait étudié quatre ans en marketing à l’Université Arizona State, et travaillait au sein du conglomérat Comcast depuis 10 ans, notamment comme directeur du développement des affaires du Wolf Pack de Hartford. Brière était forcément plus expérimenté côté hockey, mais pas nécessairement pour le volet affaires d’une équipe de hockey.

Or, dans la structure des Mariners, Brière était le grand patron des volets hockey et affaires à titre de président, tandis que Goldberg, vice-président des opérations commerciales, se rapportait à l’ancien numéro 48.

Alors, la dynamique, ça ressemblait à quoi ?

« Il n’avait pas beaucoup d’expérience, mais il posait des questions et n’avait jamais l’attitude du gars qui en savait plus que tout le monde, raconte Goldberg à La Presse. Pourtant, il arrivait avec le statut d’ancienne vedette de la LNH, il aurait pu débarquer avec la grosse tête. Mais il était ouvert d’esprit, il communiquait et la relation a été bonne dès le début.

« Daniel n’est pas un ti-Jos connaissant, poursuit-il. Il écoute les opinions de tout le monde avant de prendre une décision. Ça montre à quel point c’est une bonne personne et un bon gestionnaire. Il aura une belle carrière. »

La carrière dont Goldberg parle, c’est celle d’assistant spécial au directeur général des Flyers de Philadelphie. Avec la nouvelle annoncée lundi, Brière quitte donc ses fonctions au Maine et se lancera à temps plein dans les opérations hockey des Flyers. Son temps sera surtout consacré « au recrutement et au développement des joueurs », a-t-il décrit en visioconférence, mardi.

« J’en faisais beaucoup, mais là, mon rôle va aller en augmentant. »

Une entrevue bénéfique

Brière a fait partie des finalistes au poste de directeur général du Canadien. Le fait que sa promotion survienne trois semaines après la fin du processus incite à faire 1 + 1 ; devant la possibilité de perdre un employé qu’ils forment depuis sept ans, les Flyers l’ont fait progresser dans l’organigramme.

Brière, lui, n’a pas voulu faire cette déduction. « Peut-être que notre saison misérable à Philadelphie a fait augmenter la pression », a-t-il soumis. Il a ajouté que ce poste lui permet de rester dans la ville qui est devenue sa « maison » au fil du temps.

Quoi qu’il en soit, les deux entrevues qu’il a passées l’ont forcé à coucher sur papier l’idée qu’il se fait d’une organisation de hockey, des principes qui doivent le guider, des « valeurs qu’[il voulait] amener à une équipe ».

On peut en parler pour s’amuser, mais de le faire concrètement sur papier, de penser, d’avoir un plan, ça m’a forcé à penser beaucoup plus loin.

Daniel Brière

On aurait bien voulu savoir à quoi ressemblait ce plan, mais on a eu droit à une fin de non-recevoir. « J’aime mieux garder mes idées pour plus tard, si un jour je me retrouve dans cette position ! », a-t-il rétorqué.

N’empêche qu’à l’écouter, on le sent pratiquement incrédule face à sa propre progression. « Je ne m’attendais jamais à être dans le top 3 », a-t-il admis, au sujet de sa place parmi les finalistes pour le poste à Montréal.

Dans les circonstances, se serait-il senti prêt à occuper le poste qu’a finalement décroché Kent Hughes ?

« Ce qui est intéressant avec les Flyers, et ç’aurait été ça avec le Canadien, c’est que je me retrouve dans une structure idéale pour moi, a répondu Brière. Jeff Gorton a fait la reconstruction des Bruins et des Rangers. Ici, à Philadelphie, Chuck Fletcher est dans le monde du hockey depuis des années et des années. Ses assistants Brent Flahr et Barry Hanrahan aussi. Je vais en apprendre beaucoup plus dans les prochaines années.

« Je me sentais prêt dans la structure du Canadien. De me retrouver comme directeur général en partant sans aide, être le chef qui prend toutes les décisions, je n’étais peut-être pas prêt. Mais d’avoir des gens autour de toi qui l’ont fait, c’est la clé. Tu dois avoir autour de toi des gens plus intelligents que toi, qui en connaissent plus. »

Au Maine, Brière a justement pu compter sur Adam Goldberg comme une de ces personnes « qui en connaissent plus ».

« J’ai eu beaucoup d’aide d’Adam Goldberg, a souligné Brière. Notre personnel au Maine a fait croître nos revenus et notre base d’abonnements de saison de 25 %, peut-être plus. Les gens en place m’ont aidé à bien paraître et je tiens à les remercier. »

De Portland, Goldberg lui a renvoyé l’ascenseur. « Ç’a toujours été le chemin de Daniel dès le début. Il s’est joint aux Mariners pour gagner de l’expérience. Sa promotion n’est pas nécessairement une surprise. Honnêtement, même si je perds un collègue, je n’ai pas de sentiments partagés. Ce n’est que du positif ! En plus, il demeure dans la compagnie. »