À une certaine époque, pas si lointaine, Marc Bergevin avait promis une plus grande transparence. Le directeur général semblait de bonne foi, mais le mur de la vérité était demeuré opaque.

Depuis son entrée en poste, il y a une dizaine de jours, son successeur Kent Hughes a probablement accordé plus d’interviews individuelles que Bergevin ces dernières années !

Il n’évite pas les questions et répond généralement avec une franchise brutale : on ne sait pas si Carey Price rejouera ; Jeff Petry est sur le marché des échanges ; Ben Chiarot est très en demande ; le manque de leadership est criant ; il n’est pas encore prêt à ce stade-ci à qualifier Dominique Ducharme de « coach moderne ».

Non seulement n’y a-t-il pas de peinture opaque sur le mur de la vérité, il n’y a carrément pas de mur !

La présence presque constante de Hughes dans les médias et la richesse du propos permettent presque d’oublier les performances atroces de l’équipe. Il ne s’agit pas d’une stratégie. Kent Hughes avait un langage aussi franc et direct lorsqu’on jasait avec l’agent.

Les images de Kent Hughes en train de discuter avec Jeff Gorton dans la loge du Canadien pendant le match en sont presque plus excitantes que celles de la rencontre !

Hughes, Gorton et les dépisteurs professionnels de l’équipe ont tenu une rencontre au sommet dimanche. Le téléphone sonne. La relance sera douloureuse, mais l’action ne devrait pas manquer d’ici la date limite des échanges le 21 mars.

On ne peut néanmoins tout savoir. Le plan n’est pas encore rendu public. Beaucoup dépendra de l’état de santé du gardien Carey Price. De l’aveu du principal intéressé, on saura dans les deux prochaines semaines si son genou tiendra le coup et s’il reviendra au jeu cette saison.

Un retour en santé de Price pourrait accélérer la relance. Elle permettrait aux jeunes de mieux se développer, dans un environnement plus sain, avec un gardien, derrière, pour réparer les pots cassés et éviter l’accumulation de défaites comme c’est le cas aujourd’hui.

Kent Hughes a d’ailleurs qualifié Price d’intouchable ces derniers jours. Le gardien du Canadien, 35 ans cet été, a encore quatre autres années de contrat à un salaire annuel de 10,5 millions. Il sera difficile à échanger.

Et un rachat de contrat ne vaudrait pas la peine. On lui doit encore 7 millions en salaire de base et plus de 24 millions en bonis, inattaquables lors d’un rachat. Le CH économiserait donc seulement 2 millions et son salaire obstruerait encore la masse de plus de 9 millions lors des quatre années suivantes (10 millions en 2022-2023 et 9 millions les trois saisons suivantes) selon CapFriendly.

Cela dit, plusieurs indices démontrent que Hughes et Gorton n’hésiteront pas à échanger des vétérans (parmi lesquels des indésirables), c’est l’évidence. Le je-m’en-foutisme de Jeff Petry, 34 ans, devient révoltant et Hughes doit se débarrasser de cette mauvaise influence pour les plus jeunes. Mais un contrat à un salaire annuel de 6,25 millions pour les trois saisons suivantes le rendra plus difficile à échanger.

Cette citation de Hughes lors de son éclairante interview avec Guillaume Lefrançois et Simon-Olivier Lorange ce week-end nous confirme néanmoins qu’une vague de rajeunissement attend le CH. « En plus, Jeff n’est pas le plus jeune joueur au monde. Si ça se présente, qu’on peut améliorer l’avenir de notre équipe et améliorer les circonstances pour Jeff, on va le faire. Sinon, Jeff fait partie du Canadien. »

Ben Chiarot aura 31 ans dans quelques mois et deviendra joueur autonome sans compensation cet été. Il est parti, surtout s’il peut rapporter un choix de première ronde comme plusieurs le prétendent.

Le manque de productivité de Mike Hoffman, 32 ans, sa mauvaise réputation et un contrat valide pour encore deux autres saisons à un salaire 4,5 millions par année fera peur à une majorité d’équipes.

Brendan Gallagher, 30 ans en mai, a été blessé à répétition et son manque de vitesse est criant comme jamais. Il sera payé 6,5 millions par année jusqu’à 35 ans. Bonne chance pour obtenir quelque chose de valeur en retour ou même le passer à un autre club.

Le contrat de Jonathan Drouin, bientôt 27 ans, est moins lourd, il restera une seule saison à le payer (5,5 millions), mais il est souvent blessé et les clubs adverses savent qu’il demeure un joueur de périphérie.

Outre Chiarot, les deux joueurs les plus intéressants pour des équipes adverses sont Tyler Toffoli, 29 ans, 25 points en 33 matchs, dont 16 points à ses 14 dernières rencontres, et Artturi Lehkonen, quatrième compteur du club avec 19 points en 41 matchs, dont huit à ses neuf derniers matchs. Deux joueurs dont les contrats sont très abordables sont aussi parmi les leaders positifs de l’équipe auxquels il faudrait s’attacher dans un monde idéal. Mais il n’y a pas de monde idéal.

Pour l’instant, il s’agit de faire notre provision de pop-corn, s’asseoir confortablement et se préparer pour le spectacle… en coulisses !

Shane Wright n’a pas dit son dernier mot

Le probable premier choix au total lors du repêchage de 2022, le centre droitier Shane Wright, commence à rassurer les recruteurs. On lui reprochait une production offensive plutôt modeste en début de saison pour un joueur considéré si hautement, mais il a enfin débloqué récemment en amassant 16 points à ses 11 derniers matchs. Wright, 18 ans, a désormais 43 points en 31 rencontres. Un autre espoir de premier plan, un centre lui aussi, Logan Cooley, a 37 points en 27 matchs au sein du programme de développement américain.

Le Canadien est assuré, ou presque, de terminer parmi les deux pires équipes de la Ligue. Il se retrouve à sept points des Sénateurs d’Ottawa et du 30e rang, avec six matchs de moins à jouer. Montréal serait ainsi assuré de repêcher parmi le top trois, avec 25 % de chances de mettre la main sur le premier choix au total.

À ne pas manquer !

  1. Kent Hughes sur Carey Price…
  2. Kent Hughes sur Jeff Petry et le manque de leadership…
  3. Le Canada est aux portes de la Coupe du monde de soccer avec cette autre victoire spectaculaire, dimanche !