Dans la vie, c’est bien beau, d’être bon. Mais pour atteindre les plus hauts sommets, il faut travailler. Et ça, Gabrielle Santerre l’a compris.

C’est son nom qui se trouve actuellement tout en haut de la liste des pointeuses de la Ligue de hockey collégiale du Québec. C’est peut-être la première fois que vous le lisez aujourd’hui, mais sans doute pas la dernière.

À 18 ans, la jeune attaquante prend tous les moyens pour s’améliorer. Toujours. Si la pandémie lui a mis des bâtons dans les roues, elle a toujours gardé les yeux rivés sur ses objectifs. Si bien qu’elle est aujourd’hui courtisée par plusieurs universités canadiennes et américaines.

« C’est une fille qui a un peu “ l’attitude Crosby ”, non seulement sur la glace, mais aussi à l’extérieur », nous fait savoir son entraîneur avec les Cougars du collège Champlain-Lennoxville, David Evangelho.

L’affirmation intrigue. Et mérite qu’on s’y attarde.

Originaire de Saint-Jean-sur-Richelieu, Gabrielle Santerre a joué dans le double lettre avec les garçons jusqu’à ce qu’elle soit d’âge midget. En 2018-2019, elle s’est jointe à sa première équipe féminine, les Remparts du Richelieu midget AAA.

Les six premiers mois ont nécessité une difficile adaptation pour la jeune femme, qui avait un style de jeu très défensif. Elle a tout de même fait sa place sur Équipe Québec des moins de 18 ans cette année-là, aidant à la conquête du bronze au Championnat canadien. L’année suivante, elle a terminé la saison au troisième rang des pointeuses du circuit midget AAA avec 29 points en 22 rencontres.

« Les cégeps ont commencé à me contacter, j’avais beaucoup d’offres, relate-t-elle à La Presse. C’est là que j’ai vu que j’avais peut-être du potentiel. J’ai commencé à mettre encore plus d’efforts, mais ça s’est fait naturellement. Le hockey, ça m’a toujours passionnée. »

Agir

La saison 2020-2021 devait être celle de Gabrielle Santerre. D’abord, elle devait prendre part à sa première saison collégiale avec les Cougars. Saison qui n’a finalement jamais eu lieu.

Elle aurait normalement été une des meneuses d’Équipe Québec des moins de 18 ans pour le Championnat canadien. Championnat canadien qui n’a jamais eu lieu.

Et elle a été invitée au camp d’Équipe Canada des moins de 18 ans en vue du Championnat mondial 2021. Championnat mondial qui n’a jamais eu lieu.

PHOTO TIRÉE DU SITE DU RÉSEAU DU SPORT ÉTUDIANT DU QUÉBEC

Gabrielle Santerre

C’était vraiment difficile, honnêtement, parce que c’est un but que je m’étais fixé, et là, je pouvais enfin me prouver du côté international. Mais j’étais dans le même bateau que toutes les filles, alors j’essayais de contrôler ce que je pouvais contrôler et de regarder le positif.

Gabrielle Santerre

Au lieu de se laisser abattre et de simplement attendre dans l’inaction, Santerre a décidé d’agir. Elle a profité de l’occasion qui lui était offerte de se développer par elle-même.

« Après réflexion, je ne pouvais rien faire d’autre que m’entraîner, dit-elle. C’est tout ce que je pouvais contrôler. J’ai toujours voulu améliorer ma force physique. Je voyais ça comme une occasion de prendre une avance sur les autres. »

La jeune athlète a lu plusieurs livres sur la psychologie sportive, allant jusqu’à solliciter l’aide de préparateurs mentaux.

« Je prenais des notes et j’essayais de tout mettre en application quand j’avais des entraînements ou des petits matchs, raconte-t-elle. J’essayais de faire les petits détails. À la fin, ça m’a vraiment aidée. »

Je faisais vraiment attention à tous les détails : alimentation, hydratation, sommeil… J’ai mis tous les efforts que je pouvais pour être dans ma meilleure forme et bien performer quand ça allait recommencer.

Gabrielle Santerre

Trois mots : éthique de travail. David Evangelho en a long à dire à ce sujet.

« Ce n’est pas une corvée pour Gabrielle de s’engager autant dans son développement. C’en est pratiquement une obsession. La ligne est souvent mince entre obsession et passion. Là-dessus, elle se démarque vraiment du lot par son engagement. »

Pourrait-elle devenir l’une des meilleures joueuses au pays ? « Assurément », répond-il d’emblée.

« Son rêve, c’est de faire l’équipe nationale, mais les bottines suivent les babines en ce qui la concerne, ajoute l’entraîneur-chef. C’est une fille qui a des standards élevés, mais qui va tout faire pour les atteindre.

« Elle n’hésite pas à utiliser les différentes ressources qu’on a en place dans le programme. […] Elle est vraiment solide ! »

Se concentrer sur le positif

Cette saison, Santerre domine la ligue collégiale avec 17 buts et 21 mentions d’aide en 17 matchs. Elle porte fièrement le C sur son chandail. Contrairement à l’année précédente cependant, elle n’a pas été invitée au camp d’Équipe Canada des moins de 18 ans l’été dernier.

« Ils m’avaient vue au Championnat canadien [en 2020], mais je n’étais vraiment pas la même joueuse que je suis aujourd’hui, explique-t-elle. Ça, moi, je le savais. Eux ne m’avaient pas vue. Je gardais confiance, je savais que quand j’allais patiner, j’allais leur prouver qu’ils avaient fait une erreur. C’est comme ça que je le voyais. »

Elle est restée motivée. Et le téléphone a sonné quand une des joueuses s’est blessée. « Je me suis dit : bon, enfin, tout ce que je fais depuis un an, ça vient d’être récompensé. »

Mais le tournoi a été annulé tout juste avant Noël. Encore.

« On dirait que ça n’arrête pas ! », lance Gabrielle Santerre en riant.

« Mais on est rendues habituées, poursuit-elle. Je ne sais pas, on dirait que j’essaie de contrôler ce que je peux contrôler et de me concentrer sur le positif. »

À ce jour, la jeune athlète attend impatiemment que le gouvernement du Québec permette le retour au jeu. Elle a encore une année et demie devant elle au cégep, mais elle a déjà visité plusieurs universités. Il ne lui restera qu’à faire un choix.

Elle aura aussi certainement d’autres occasions de représenter le Canada sur la scène internationale un de ces jours. C’est son but.

Et disons qu’elle a l’habitude de mettre les efforts pour atteindre ses buts…