Combien de temps faudra-t-il à Jeff Gorton et Kent Hughes pour relancer le Canadien, le pire club de la LNH à l’heure actuelle ?

Pour plusieurs, on devra attendre des années et une reconstruction complète sera nécessaire. Et si l’opération était moins complexe que prévu ?

Rappelons-nous l’arrivée de Marc Bergevin en 2012. L’équipe venait de terminer au 28rang du classement général, sur 30 équipes.

L’entraîneur Randy Cunneyworth avait été congédié après une fin de saison désastreuse. Une grande majorité du Montréal sportif voulait chasser Carey Price.

À part le premier trio constitué de David Desharnais, Max Pacioretty et Erik Cole, l’attaque n’était guère redoutable.

Il restait encore deux ans et 15 M$ au contrat de Scott Gomez, qui formait un trio avec Mathieu Darche et Travis Moen en fin de saison.

Tomas Plekanec, 29 ans, constituait le deuxième centre. Il jouait entre Louis Leblanc et Rene Bourque en fin de saison. Avec les blessures, Blake Geoffrion, Mike Blunden, Brad Staubitz et Gabriel Dumont alternaient sur les flancs avec Lars Eller.

La défense était tout aussi fragile. Andrei Markov, 32 ans, avait disputé seulement treize matchs cette saison-là et sept la saison précédente. Plusieurs se demandaient si ses genoux allaient encore tenir le coup.

Il était de la formation avec Subban en fin de saison, et Chris Campoli, Josh Gorges, Frédéric St-Denis et Alexei Emelin complétait le top six.

Les espoirs de l’organisation s’appelaient Brendan Gallagher, Nathan Beaulieu, Jarred Tinordi et Danny Kristo.

Bergevin a eu une demi-saison supplémentaire pour préparer les troupes en raison du lockout. Il a d’abord amené une énergie positive, et contagieuse, à l’organisation, un contraste avec son austère prédécesseur Pierre Gauthier. Michel Therrien a remplacé Cunneyworth derrière le banc.

Le nouveau DG s’est débarrassé de Gomez en rachetant son contrat à l’aube de la saison. On n’a pas retenu le vétéran Mathieu Darche et on s’est vite débarrassé du taciturne Cole, parfois intimidant envers les recrues à ses heures.

On a ouvert la porte à quelques jeunes. Brendan Gallagher a entamé la saison à Montréal après 36 matchs dans la Ligue américaine, tout comme Alex Galchenyuk, fraîchement repêché quelques mois plus tôt. Les deux ont eu un impact positif. Brandon Prust a été embauché sur le marché des joueurs autonomes pour apporter de la robustesse et du leadership.

Tomas Kaberle, malgré sa réputation, a été rayé de la formation 43 fois sur 48 matchs, avant de voir son contrat racheté par l’équipe.

Et on a aussi, surtout, manifesté beaucoup de confiance envers Carey Price et embauché Stéphane Waite pour le relancer.

En quelques changements cosmétiques, le CH était relancé. Cette saison-là, le Canadien allait remporter le championnat de sa division avec une fiche de 29-14-5 et terminer au deuxième rang dans l’Association de l’Est, 107 points au pro rata d’une année complète.

Le Canadien s’est bien remis d’une défaite en première ronde et amassé 100 points la saison suivante, en plus d’atteindre le carré d’as. Son rêve a pris fin quand Chris Kreider a détruit le genou de Price.

Montréal a amassé 110 points lors de la troisième saison du règne de Bergevin, et terminé au deuxième rang du classement général, mais perdu en deuxième ronde contre les éventuels finalistes, le Lightning de Tampa Bay, après avoir éliminé Ottawa en première ronde.

En bref, cette équipe à la dérive en avril 2012 a maintenu une fiche de 125-64-23 au cours des trois années suivantes, sans pour autant faire de grand ménage.

Kent Hughes et Jeff Gorton nous dévoileront peut-être leur plan mercredi après-midi, ou peut-être resteront-ils évasifs stratégiquement.

Cette fois il n’y a pas de Price dans la force de l’âge. Pas de jeune défenseur explosif offensivement comme Subban.

Mais le Canadien n’avait pas de jeune centre de 22 ans talentueux comme Nick Suzuki en 2012. Ryan Poehling, 23 ans, prend du galon au fil des matchs et Christian Dvorak a seulement 25 ans. Dans un monde idéal, il faudrait un deuxième centre plus doué.

En ce sens, la présence d’un Jesperi Kotkaniemi, qui a amassé 14 points à ses 18 derniers matchs en Caroline, aurait contribué à la relance à moyen et long terme de l’équipe, mais on ne peut effacer le coup fourré des Hurricanes.

Montréal n’a pas de Pacioretty, mais plus de profondeur aux ailes qu’à l’époque avec Josh Anderson, Tyler Toffoli, Jonathan Drouin, Mike Hoffman et Brendan Gallagher, sans oublier Cole Caufield qui, malgré une première saison plus difficile, possède un talent indéniable. Nettement plus qu’un Kristo, du moins…

En défense, les espoirs s’appelaient Tinordi et Beaulieu. Alexander Romanov, 21 ans, est déjà implanté au sein du top quatre. Kaiden Guhle, Jordan Harris et Logan Mailloux sont dans l’antichambre.

Voyons aussi qui parmi Sean Farrell, Jan Mysak, Joshua Roy, Jesse Ylonen, Blake Biondi et compagnie saisira sa chance éventuellement.

La relance prendra peut-être un peu plus de temps, cette fois, mais Gorton et Hughes ont peut-être plus de matériel pour assurer la pérennité du club.

Rien ne va plus à Philadelphie

Le congédiement d’Alain Vigneault n’aura pas donné l’électrochoc espéré à Philadelphie. Ils ont subi un neuvième échec consécutif mardi contre les Islanders de New York. Ils ont une fiche de 5-10-4 sous Mike Yeo et peuvent oublier une participation aux séries éliminatoires. Philadelphie se retrouve en effet à 12 points des Bruins et de la dernière place donnant accès aux séries, avec trois matchs de moins à disputer. Le capitaine Claude Giroux sera joueur autonome sans compensation à la fin de la saison, tout comme le défenseur Rasmus Ristolainen, qui vient pourtant de coûter des choix de première ronde en 2021 (13e au total) et de deuxième ronde en 2023 il y a sept mois à peine. Daniel Brière sera-t-il appelé à remplacer le DG Chuck Fletcher à la fin de la saison ?

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