On fait souvent grand cas des duels au sommet, encore davantage lorsqu’ils impliquent d’éternels rivaux.

Cette saison, lorsque le Lightning de Tampa Bay affronte les Panthers de la Floride, par exemple, on sera plus prompt à programmer son magnétoscope que pour un classique Devils-Sabres (cas fictif).

On s’émeut moins des batailles des bas-fonds, encore moins lorsqu’elles mettent aux prises des équipes qui ne se croisent que rarement. Sauf, bien sûr, si vous êtes passionnés par la cynique course au dernier rang et à son corollaire – la loterie du repêchage.

Voilà toutefois que le Canadien visitera ce lundi les Coyotes de l’Arizona.

Quiconque désire décrire le concours de médiocrité auquel se livrent déjà ces deux clubs a l’embarras du choix.

Après avoir chacun disputé 36 matchs, ils occupent les deux derniers rangs du classement général, les Coyotes (8-24-4) ayant récolté un point de plus que le Canadien (7-24-5). Pour les buts par match et l’efficacité en avantage numérique, mêmes 31e et 32places. Pour les buts accordés, la Flanelle gagne deux rangs, tandis que les Arizoniens en perdent un. En désavantage numérique, les deux se maintiennent dans le top 5 des pires performances du circuit.

Sans surprise, Dominique Ducharme a martelé dimanche que son équipe désirait « gagner tous les matchs » et que le fait d’affronter une rare équipe aussi mal prise que la sienne ne hantait pas ses nuits.

On n’est pas encore rendus à la mi-saison. Tranquillement, on retrouve des gars. On veut construire notre jeu, être constants et trouver du succès […] sur une base régulière.

Dominique Ducharme, entraîneur-chef du Canadien

Ducharme a encore dit qu’en dépit de la défaite, il avait aimé l’effort de ses hommes en deuxième et en troisième période ainsi qu’en prolongation contre les Blackhawks de Chicago, jeudi dernier. Fort de ces acquis, on souhaite connaître « un match solide » lundi.

Faux départ

Les Coyotes ne se sont jamais remis d’un départ catastrophique : 11 défaites, dont une seule en prolongation, à leurs 11 premiers matchs. Rien pour faire rêver André Tourigny, entraîneur-chef embauché l’été dernier.

Le Canadien n’a pas quitté les blocs de départ avec bien plus d’aplomb (3-8-0), mais c’est plus récemment que le navire a coulé jusqu’au fond : une seule victoire à ses 13 derniers matchs.

Là où le bleu-blanc-rouge se « démarque », c’est par son écart avec les meilleures équipes. Le Tricolore est présentement à 27 points des Bruins de Boston, équipe installée au dernier rang donnant accès aux séries éliminatoires dans l’Association de l’Est, tout en ayant disputé une rencontre de plus. Les Coyotes, pour leur part, sont à 22 points des Sharks de San Jose, mais ont joué trois matchs de moins.

Ducharme a décliné l’invitation à donner ses impressions sur ses prochains adversaires. Insistant sur le fait que ses troupes se préparaient à être au mieux, « pas différemment que contre une autre équipe ».

Les Coyotes, toutefois, voguent sur une séquence de huit matchs qui, pour une équipe de fond de classement, n’est pas vilaine : trois victoires, autant de défaites et deux revers en prolongation. La belle tenue des gros canons du club n’y est pas étrangère : Phil Kessel (10) et Clayton Keller (8) ont maintenu un rythme d’au moins un point par match.

L’un de ces gains est survenu contre les Maple Leafs de Toronto au terme d’une guerre d’usure remportée 2-1 en prolongation. Le surlendemain, l’ancien club de Teppo Numminen remettait ça en chauffant l’Avalanche du Colorado dans une défaite en tirs de barrage.

L’Avalanche a toutefois remis les pendules à l’heure dans un match retour, samedi, en s’imposant 5-0.

Au revoir, Glendale ?

La rencontre de lundi n’aura d’historique qu’un élément éminemment anecdotique : il s’agira, selon toute vraisemblance, de la dernière visite des Montréalais au très peu couru Gila River Arena, à Glendale, que les canins du désert sont censés quitter à la fin de la saison.

Remarquez, ce pourrait être une dernière visite dans cet État tout court, puisque le projet d’amphithéâtre neuf à Tempe aurait du plomb dans l’aile, selon Sportsnet.

Christian Dvorak connaît bien l’organisation des Coyotes. C’est celle qui l’a repêché au deuxième tour en 2014, celle qui en a fait un joueur à temps plein de la LNH à 20 ans et celle avec laquelle il a disputé les 300 premiers matchs de sa carrière professionnelle.

Les déboires de l’équipe sur la patinoire et dans les bureaux de direction, il les a donc vécus. Et les rumeurs de déménagement, il les a toutes entendues.

Il sait donc de quoi il parle en prévenant qu’il ne faut pas commencer à parler trop vite des futurs Coyotes de Houston. Et encore moins de ceux de Québec, ajouteront les mauvaises langues.

« On ne sait jamais, mais je crois qu’ils vont rester ici », a-t-il dit, dimanche, après l’entraînement du Canadien.

L’instabilité entourant la franchise n’est pas facile à vivre pour les partisans, a-t-il convenu, et pas davantage pour les joueurs. Or, lui-même n’a « que de bonnes choses à dire » sur son ancien club.

« J’ai vécu cinq belles années, c’est bien de revenir et voir de vieux amis », a raconté le peu volubile joueur de centre – encore qu’il ait avoué connaître « seulement cinq ou six gars » de la formation actuelle. Vérification faite, toutes positions confondues, seulement neuf des joueurs ayant disputé dix matchs ou plus en Arizona la saison dernière sont encore là.

Cela n’empêche pas Dvorak de vanter les partisans dévoués, quoique peu nombreux, de la région de Phoenix, un « super endroit où jouer et où vivre » au demeurant.

Une région où, bien sûr, « la température est géniale ». Il ne saurait mieux dire, alors que le match de lundi, disputé exceptionnellement à 16 h (heure de Montréal), aura lieu pendant que des milliers de Québécois seront en train de pelleter.