Les Oilers d’Edmonton auraient-ils progressé plus rapidement avec Nathan MacKinnon, Aleksander Barkov ou Seth Jones dans leur formation ?

La question ne se pose évidemment pas. Malgré leurs nombreuses victoires à la loterie du repêchage, ils n’ont malheureusement pas toujours hérité de la bonne cuvée.

Les fans des Oilers étaient bien excités à l’idée de mettre la main sur Nail Yakupov en 2012, après sa saison de 69 points, dont 31 buts, en seulement 42 matchs à Sarnia, dans la Ligue junior de l’Ontario.

« Fail for Nail » était devenu un slogan en vogue en Alberta. Mais Yakupov n’était déjà plus dans la LNH à 25 ans et en rétrospective, la cuvée 2012 a constitué l’une des plus faibles de l’histoire récente.

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Nail Yakupov

Les Blue Jackets de Columbus ont repêché le défenseur Ryan Murray au deuxième rang, le Canadien Alex Galchenyuk par la suite et les Islanders ont jeté leurs espoirs sur le défenseur Griffin Reinhart.

Malgré tous ses travers, et déjà à son sixième club, Galchenyuk est toujours au troisième rang des compteurs de cette cuvée derrière Filip Forsberg et Tomas Hertl. Ça en dit long sur la qualité des espoirs cette année-là…

Si on leur avait donné le choix, les Oilers auraient sauté sur l’occasion pour échanger leur premier choix en 2012 pour celui de 2013, avec un groupe de joueurs nettement plus intéressant.

Les Oilers ont repêché au septième rang en 2013. Ils ont quand même déniché un solide défenseur, Darnell Nurse. Mais ce n’est ni MacKinnon, le premier choix par l’Avalanche, ni Barkov, deuxième choix par les Panthers, ni le défenseur Seth Jones, repêché au quatrième rang par les Predators de Nashville, derrière Jonathan Drouin, le choix du Lightning de Tampa Bay.

Les Oilers ont finalement remporté le gros lot en 2015 avec Connor McDavid. Ils ne sont toujours pas devenus une puissance, mais on comprend désormais pourquoi ils ont pataugé si longtemps dans la médiocrité malgré une flopée de premiers choix au total tels Taylor Hall (2010), Ryan Nugent-Hopkins (2011) et Yakupov (2012) : ils ne sont pas tombés sur les bonnes années.

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Ryan Nugent-Hopkins (93)

Et le Canadien dans tout ça ?

Avec cette autre défaite, mercredi à Boston, le Canadien se retrouve désormais seul au dernier rang du classement général, un point derrière les Coyotes de l’Arizona.

Si le repêchage avait lieu aujourd’hui, Montréal aurait 25,7 % de chances d’obtenir le premier choix. Or, il n’y a malheureusement pas de Connor McDavid, d’Auston Matthews ou de Nathan MacKinnon à l’horizon.

Le centre droitier Shane Wright demeure le premier choix consensuel, mais il en laisse plusieurs sur leur appétit cet hiver. Certains comparent son style de jeu à celui de Patrice Bergeron, en raison de sa fiabilité dans les trois zones, mais c’est mettre la barre haute, et on s’attendait à une meilleure production offensive de Wright cette saison.

En 2019-2020, à seulement 15 ans (il a eu 16 ans à la mi-saison), Wright avait amassé 66 points, dont 39 buts, en 58 matchs à Kingston. Deux ans plus tard, Wright, 18 ans, a 30 points, dont 11 buts, en 22 matchs, au 33e rang des compteurs de la Ligue junior de l’Ontario.

Ce n’est pas vilain, mais on s’attend à ce qu’un éventuel premier choix au total produise davantage au niveau junior. Sur une saison de 65 matchs, ça correspond à 24 buts et 87 points.

À leur année d’éligibilité, Taylor Hall, Ryan Nugent-Hopkins et Tyler Seguin, qui ne sont pas des McDavid ou des MacKinnon, avaient tous amassé plus de 105 points sur une saison d’environ 65 matchs. Nick Suzuki, 13e choix au total, en avait obtenu 96, dont 45 buts, en 65 rencontres.

Après Wright, il n’y a pas de consensus. Logan Cooley, un centre de 5 pieds 10 pouces, a 34 points en 24 matchs au sein du programme de développement américain. Matthew Savoie produit à un rythme intéressant dans la Ligue junior de l’Ouest, 52 points en 34 matchs, mais c’est un centre de 5 pieds 9 pouces.

On ne sait pas qui de Simon Nemec, Joakim Kemell, Connor Geekie, David Jiricek se faufilera dans le top 3.

En bref, Montréal mettra sans doute la main sur un joueur de qualité en juillet, mais pas un sauveur. Le gros joueur s’appelle Connor Bedard, il a seulement 16 ans, et il ne sera pas disponible avant 2023. Et l’attaquant russe Matvei Michkov n’est pas piqué des vers non plus. Le Canadien sera-t-il aussi misérable l’an prochain ?

Quand Dominique Ducharme se fâche

PHOTO BOB DECHIARA, USA TODAY SPORTS

Michael Pezzetta a marqué son deuxième but de la saison et il a été l’un des meilleurs joueurs du Canadien, mercredi soir.

À un certain moment, mercredi soir, Dominique Ducharme en a eu assez. Sans doute nostalgique de sa bande de joueurs de la Ligue américaine qui se démenaient comme des diables dans l’eau bénite avant les Fêtes (on ressort un vieux cliché sportif ici!), et devant l’inertie de certains de se vétérans de retour au jeu, le coach du Canadien a décidé d’y aller au mérite. Il a rétrogradé Joel Armia au sein du quatrième trio et promu Michael Pezzetta avec Christian Dvorak et Jonathan Drouin. Pezzetta, 23 ans, un modeste choix de sixième ronde en 2016, a marqué son deuxième but de la saison et il a été l’un des meilleurs de son club. Pour un joueur qui affiche 25 points en 115 matchs en carrière dans la Ligue américaine et qui a même dû passer brièvement par l’ECHL, ce n’est pas normal. Mais si on veut instaurer une nouvelle culture axée sur l’éthique de travail et la soif de vaincre, il faut prendre de telles décisions.

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3- Kristopher Letang explique à Katherine Harvey-Pinard les secrets de sa longévité.