Jeff Gorton aura des pistes de réflexion intéressantes cette semaine.

En trois matchs, une bande de joueurs mal-aimés, rappelés par défaut, nous a montré plus de hargne et de soif de vaincre qu’une majorité de réguliers.

À défaut de victoires, on a senti un groupe plus homogène, plus structuré, plus à l’aise, ou du moins, mieux à l’écoute du plan de match proposé par Dominique Ducharme.

Ne soyons pas dupes. Le Canadien ne redeviendra pas un club de premier plan avec ce groupe, quoique certains mériteront sans doute une promotion.

Mais il y a des constats à relever. D’abord, la vitesse. La mobilité de certains de ces jeunes joueurs promus, entre autres Lukas Vejdemo et surtout Jesse Ylönen, nous a rappelé le manque flagrant de vitesse de la formation régulière.

Nick Suzuki, Brendan Gallagher, Tyler Toffoli, Christian Dvorak et Joel Armia ont tous des attributs indéniables propres à chacun, mais ils ne se démarquent pas avec leur vitesse. Cole Caufield est vif, très agile sur patins, mais il ne gagnerait pas de concours de vitesse.

On peut en compter quelques-uns, évidemment, mais pas six des neuf premiers attaquants. Suzuki, entre autres, a besoin d’ailiers rapides.

Au cours de la morte saison, Marc Bergevin a embauché les Québécois Cédric Paquette et Mathieu Perreault pour compléter le quatrième trio. La vitesse ne constitue pas leur force.

Un quatrième trio constitué de Vejdemo, Ylönen et Rafaël Harvey-Pinard pour conclure la saison, une fois certains vétérans sacrifiés, constituerait déjà un pas vers la nouvelle identité de l’équipe.

Et quand viendra le temps de décider du sort d’attaquants plus importants, il faudra garder en tête ce souci d’améliorer la vitesse du club et aussi, surtout, retenir ceux qui veulent contribuer à la relance des Canadiens et se rompre les os pour l’équipe et son entraîneur Dominique Ducharme.

En défense, on a accueilli ce qui nous tombait sous la main en l’absence de Jeff Petry, Ben Chiarot, Joel Edmundson, Chris Wideman et, plus récemment, d’Alexander Romanov.

Le hasard a donc fait atterrir à Montréal des défenseurs plus mobiles et offensifs, mais un peu moins fiables en défense ou sur le plan de la robustesse : Kale Clague, Sami Niku et Corey Schueneman.

Dans un monde normal, il faut un meilleur équilibre. L’an dernier, les Canadiens comptaient sur des mastodontes peu habiles offensivement pour protéger Carey Price. La relance ne constituait pas la force de l’équipe, mais ainsi était construite cette formation finaliste de la Coupe Stanley, ne l’oublions pas.

Mais l’incertitude entourant Price et les préférences du nouveau patron hockey Jeff Gorton amènera sans doute des changements à cet égard.

Il faudra garder des défenseurs à caractère plus défensif, évidemment, mais les petits défenseurs offensifs ne seront peut-être plus écartés d’emblée comme on le faisait auparavant.

Il sera intéressant de voir le sort réservé au jeune défenseur de 23 ans Kale Clague, ancien membre de l’équipe junior canadienne sous Dominique Ducharme, réclamé au ballottage au début du mois de décembre par Jeff Gorton, dont c’était la première acquisition.

Clague a joué 27 min 34 s contre les Panthers samedi, un sommet chez les joueurs des deux équipes. Un seul joueur chez les Canadiens a atteint ce sommet cette saison, Ben Chiarot, à deux reprises.

Le CH est peut-être écarté des séries éliminatoires. Mais un nouveau patron, avec de nouvelles idées, vient d’arriver. Un directeur général sera nommé sous peu. Et on assistera, ces prochaines semaines, mois, à la mutation d’une équipe construite par un homme, Marc Bergevin, à la philosophie bien différente de celle de Gorton.

Bergevin, 56 ans, un défenseur de soutien à caractère défensif, a joué dans la LNH pendant presque 20 ans et il a bâti un club à sa manière. Gorton, 53 ans, originaire du Massachusetts, détenteur d’un diplôme universitaire en éducation physique et d’une maîtrise en gestion du sport, n’a jamais joué dans la Ligue nationale et aime les clubs plus offensifs.

Si le manque de victoires n’affecte pas trop votre moral, nous entrerons sous peu dans une ère fort stimulante chez le CH, avec des vétérans à échanger, un choix au repêchage dans le top-4 et un changement de culture imminent.

Mais soyez prévenus, ça risque de prendre quelques années…

Zegras, l’employé du mois

Sans surprise, le jeune centre des Ducks d’Anaheim, Trevor Zegras, a été nommé recrue du mois dans la LNH. Le grand ami de Cole Caufield, à qui il avait d’ailleurs prédit une récolte de 40 buts à l’aube de la saison, a amassé 11 points en 9 matchs, pour porter son total à 25 en 30 rencontres. Le jeune homme de 20 ans est désormais bien implanté au centre du premier trio des Ducks. Zegras a pourtant entamé la saison bien discrètement avec une aide à ses six premiers matchs, mais il a amassé 24 points à ses 24 dernières rencontres.

Huit joueurs ont été repêchés avant Zegras en 2019 : Jack Hughes (New Jersey), Kaapo Kakko (New York), Kirby Dach (Chicago), Alex Turcotte (Los Angeles), Moritz Seider (Detroit), Dylan Cozens (Buffalo) et Philip Broberg (Edmonton). Quatre ou cinq de ces recruteurs en chef doivent commencer à s’en mordre les pouces.

À ne pas manquer !

  1. Certains jeunes joueurs rappelés récemment par les Canadiens pourraient profiter d’une situation inhabituelle pour s’établir dans la LNH. Stéphane Robidas avait profité d’une occasion semblable en 2001. Guillaume Lefrançois lui a parlé.
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