Lorsque les défenseurs du Canadien sont sortis de leur torpeur et ont inscrit six points lors du premier match de la série contre les Jets de Winnipeg, l’entraîneur-chef Dominique Ducharme avait modéré les attentes en prévenant, en substance, que ce ne serait pas comme ça tous les soirs.

Lundi, c’était au tour des arrières des Golden Knights d’unir leurs efforts pour six points, dont trois buts. Or, cette fois, on peut s’attendre à ce que la menace des arrières soit constante au sein de cette équipe au cours des prochains jours. Peut-être pas à hauteur de six points par match, mais tout de même de façon appréciable.

En comptant cette rencontre, les défenseurs de Vegas ont totalisé 37 points en 14 matchs éliminatoires, ou 2,64 points en moyenne. Dans le camp tricolore, on parle de 13 points en 12 matchs (moyenne de 1,08). L’écart est énorme.

Même Nick Holden, qui avait récolté 2 solides mentions d’aide en 17 joutes cette saison, a ajouté un deuxième but et un septième point à sa fiche des présentes séries, lundi soir.

Ironiquement, le seul défenseur des Knights à avoir été blanchi a été Alex Pietrangelo, grande vedette de cette brigade. Il a toutefois conclu la rencontre avec 13 tentatives de tir, dont 7 ont touché la cible.

C’est d’ailleurs lui qui, selon son coéquipier Shea Theodore, a donné des ailes à son équipe en première période en décochant des tirs à répétition. « Ça a placé [le Canadien] sur les talons, et le groupe a commencé à l’imiter », a-t-il estimé.

Le but de Theodore a aussi pesé lourd dans la balance, car avant qu’il n’ouvre la marque à mi-chemin de l’engagement initial, le Tricolore semblait seul sur la glace.

Le boulet de canon qu’il a décoché tout de suite après une mise au jeu a trouvé son chemin jusqu’à Carey Price, dont la vue était savamment obstruée par Erik Gustafsson, incapable d’écarter Mark Stone de l’avant du filet. Il s’agissait d’un premier but en 14 matchs pour Theodore, lui dont les 42 points en saison l’avaient placé parmi les meneurs de la ligue chez les défenseurs.

« Il peut maintenant relaxer, a souri son entraîneur-chef Peter DeBoer. Il est comme tous les joueurs à caractère offensif : tout est une question de confiance. Il a bien paru au deuxième tour, mais ça ne cliquait pas. Le fait qu’il marque aussi tôt [dans cette série] est un bon signe. »

Polyvalence

Theodore, de fait, n’a pas seulement marqué. Il a aussi servi une passe parfaite à son partenaire Alec Martinez, en début de deuxième période, alors que ce dernier avait été laissé complètement seul à la gauche de Carey Price pendant d’interminables secondes.

Theodore, du haut de l’enclave, a fait mine de décocher un tir avant de remettre à son coéquipier au dernier instant. Price n’a rien pu y faire.

« J’allais tirer, mais il me criait après vraiment fort ! », s’est esclaffé Theodore.

L’apport des défenseurs à l’attaque a par ailleurs contrebalancé le fait que, dans un match outrageusement dominé par les Knights sur le plan offensif, les cinq meilleurs marqueurs du club avant la rencontre n’ont récolté ensemble qu’un maigre point – une mention d’aide de William Karlsson.

« Je crois qu’en avançant en séries, tout le monde doit contribuer, et que si tu peux avoir des gars qui marquent en appui à tes gros canons, tu vas gagner des matchs », a résumé Nick Holden.

DeBoer est allé plus loin : cette tâche partagée a été « fondamentale » aux succès et à l’« identité » de son équipe cette saison.

« Des gars comme Mark Stone ou Max Pacioretty n’ont pas la pression de savoir que s’ils ne marquent pas, l’équipe ne marquera pas », a fait remarquer l’entraîneur.

« Ce soir, c’étaient les défenseurs. Mais un autre soir, ce sera le troisième ou le quatrième trio. C’est comme ça qu’on gagne à ce temps-ci de l’année. »

La démonstration ne pouvait pas être plus claire que ça.