(Brossard) Le voyage qu’amorce le Canadien à Las Vegas apportera forcément son lot de références au jeu et aux casinos. Alors aussi bien se mettre dans le bain tout de suite.

Involontairement (ou non), le directeur général du CH, Marc Bergevin, a touché à cette thématique, samedi matin, au cours d’un point de presse succinct organisé à l’initiative de la LNH.

« Il y a toujours des risques » à changer de manière aussi drastique le visage de son équipe, comme il l’a fait au cours de la saison morte. « Des fois ça marche, des fois ça ne marche pas. » N’empêche, « aujourd’hui, ça porte ses fruits », estime-t-il.

Cela n’empêche pas que pour amener le Tricolore là où il est aujourd’hui, « ça prend aussi de la chance, il ne faut pas se le cacher ».

On sait tous que Bergevin a misé gros sur cette mouture 2021 du Canadien. Voyant les cartes tomber en sa faveur au cours des séries éliminatoires de l’été, il a été agressif au possible en acquérant Josh Anderson, Jake Allen, Joel Edmundson, Tyler Toffoli et Corey Perry, sans pour autant vider ses réserves — seul Anderson a « coûté » un joueur d’importance en Max Domi. Puis à l’approche de la date limite des transactions, il a ajouté Eric Staal, Jon Merrill et Erik Gustafsson à sa formation.

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Josh Anderson

Le DG est passé bien près de perdre toute sa cagnotte il y a quelques jours : avec un retard de 3-1 dans la série de premier tour contre les Maple Leafs de Toronto, personne ne donnait cher de la peau du Tricolore ni de celle de Bergevin, que d’aucuns voyaient écoper pour la déconfiture de son club.

Le vent a toutefois tourné et le Canadien n’a plus perdu un match depuis. Sept victoires consécutives ont permis d’écarter les Leafs puis les Jets de Winnipeg. Voilà maintenant le CH en demi-finale pour la première fois depuis 2014.

Calme

L’air particulièrement sérieux alors que son équipe nage dans le bonheur, Bergevin a rappelé qu’il était « calme » lorsque son équipe avait un pied dans le vide, à Toronto. « J’ai cru en cette équipe dès le début », a-t-il dit, rappelant que dès janvier, il avait affirmé avoir bâti un club « pour les séries éliminatoires ».

Malgré les hauts et les (nombreux) bas de la saison, les « obstacles » et les « périodes difficiles », les succès des dernières semaines confirment ce que lui-même rappelle depuis des années : en séries, tout peut arriver.

Je suis très fier de notre équipe.

Marc Bergevin

La dernière fois qu’il s’était adressé aux membres des médias, à la date limite des transactions, le 12 avril, Bergevin avait avoué que son équipe pouvait être « déroutante » (confusing) dans sa manière de jouer. Capable du meilleur comme du pire, elle lui avait donné raison ce soir-là en vainquant les Maple Leafs de Toronto, à peine deux jours après avoir subi une dégelée de 5-0 face aux Jets de Winnipeg. Le surlendemain, le Canadien s’inclinait 4-1 contre les Flames de Calgary. Déroutant, en effet.

Deux mois plus tard, qu’est-ce qui a tant changé ? « Je n’ai pas de réponse exacte », a concédé Bergevin. Selon lui, la réponse se trouve tout simplement sur la glace. Depuis sept matchs, on voit en effet à l’œuvre une équipe qui affiche « beaucoup de confiance en ses moyens, un bon mélange de jeunes et de vétérans qui ont du plaisir à jouer ensemble ».

« Ça paraît sur la patinoire, ça paraît dans le vestiaire », a-t-il ajouté.

À la hauteur

Cet enthousiasme transparaît jusque chez Carey Price, qui affiche sa tenue des beaux jours devant son filet et qui, d’une manière générale, semble plus détendu qu’à son habitude. « Ce n’est pas si différent qu’à l’habitude, mais oui, il est calme, il est confiant, il s’amuse, a confirmé l’entraîneur-chef Dominique Ducharme. C’est le genre de situation dans laquelle il veut se retrouver. »

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Carey Price

Price en est un autre qui fait bien paraître Bergevin. Le DG a subi toutes les critiques imaginables après avoir accordé à son gardien une prolongation de contrat de 8 ans et 84 millions au cours de l’été 2017. Le numéro 31 présente aujourd’hui la combinaison de statistiques la plus impressionnante de toute la ligue.

Pour avoir du succès en séries, il faut un gardien à la hauteur. On avait [Price] à Montréal, il n’y avait aucune raison de le laisser partir pour qu’il connaisse du succès dans une autre organisation. C’était une décision réfléchie, et c’est encore la meilleure qu’on a prise.

Marc Bergevin

Même si tout roule pour son équipe en ce moment, le DG n’est pas encore « satisfait » de ce qui a été accompli. Le Canadien n’est qu’à mi-chemin de sa route vers la Coupe Stanley, a-t-il rappelé. « On a un travail à finir. »

Les Montréalais arriveront dans le désert du Nevada avec le statut de négligés, ce qui ne leur a « pas nui du tout » dans leur parcours jusqu’à présent.

Ses joueurs, croit encore Bergevin, doivent être conscients du « privilège » qu’ils ont de se retrouver en demi-finale. Et il le leur a exprimé le plus honnêtement du monde.

« Ce n’est pas parce qu’ils sont [en demi-finale] ou en finale de la Coupe Stanley qu’ils vont y revenir l’an prochain ou dans deux ans. Ça prend du temps, y retourner. Il faut donc saisir le moment et en tirer le maximum. Jusqu’ici, ç’a bien été. »

Marc Bergevin sur…

Le fait que l’entraîneur des Jets n’a pas serré la main des joueurs du CH

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Paul Maurice, entraîneur-chef des Jets de Winnipeg

« Paul Maurice n’a aucunement manqué de respect à notre organisation. C’est une option qu’il a de serrer la main des joueurs, ça appartient aux entraîneurs de le faire ou non. Il a serré la main de Dominique Ducharme. Pour nous, il a été parfait dans son comportement. »

L’invitation faite à Bob Gainey de s’adresser aux joueurs

« Bob Gainey représente l’image de notre équipe. C’est une personne calme, qui a joué un rôle important dans l’organisation [par] la façon dont il se comportait sur la patinoire. Compétitionner sans flasher. Un joueur d’équipe. Pour nous, c’était le meilleur exemple. »

Ce qu’il voyait chez le jeune Nick Suzuki avant de l’acquérir

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Nick Suzuki

« Je me souviens de lui pendant les séries éliminatoires à Owen Sound [dans la Ligue junior de l’Ontario]. Il y a des joueurs qui croulent sous la pression. Nick, depuis longtemps, augmente son niveau de jeu lorsque l’enjeu est élevé. À la Coupe Memorial, il nous a impressionnés en disputant de gros matchs. Aujourd’hui, c’est ce qu’on voit. Il a encore beaucoup de potentiel pour s’améliorer. Mais vu la façon dont il pense et ses habiletés, on est vraiment fiers de l’avoir avec nous. »

Le niveau de compétition dans la division Nord

« Il n’y a pas eu une soirée facile dans notre division. Le voyagement a été difficile. N’eût été leur départ difficile, les Sénateurs d’Ottawa [avant-derniers de la division] se seraient battus pour une place en séries. Qui a dit que c’était une division facile ? Demandez-le aux joueurs. Ils étaient sous les projecteurs chaque soir, c’était le hockey à son meilleur. »