(Winnipeg) Il y a de ces formules convenues qu’on entend si souvent que leur sens exact finit par se noyer dans le bruit ambiant.

Ainsi, après qu’un coup douteux, si ce n’est carrément dangereux, a été asséné par un joueur de la LNH, on apprend que l’assaillant est convoqué à une audience par le département de la sécurité des joueurs du circuit. Mark Scheifele s’y est d’ailleurs plié jeudi à la suite de la mise en échec qui a valu une commotion cérébrale à Jake Evans.

Rapidement, comme c’est le cas dans ce genre de situation, les réseaux sociaux se sont enflammés, créant du même coup de la confusion autour de ce processus qui, bien que strict, n’échappe pas à la controverse. Le point en cinq questions.

En personne ou pas ?

Selon la gravité du geste ou la nature de la sentence qui attend le joueur fautif, celui-ci sera convoqué à une audience en personne ou au téléphone. En temps de pandémie, « en personne » signifie en réalité que la rencontre aura lieu par le truchement d’une visioconférence. Dès qu’il a été déterminé que Scheifele serait entendu au téléphone, il est devenu certain que la peine qui lui serait imposée serait d’au maximum cinq matchs de suspension. Si le joueur s’expose à six matchs et plus, il sera automatiquement reçu en personne. Lors d’une rencontre en personne, davantage de documentation est fournie au joueur et à son entourage afin d’illustrer son geste et la peine à laquelle il s’expose.

Qui assiste à l’audience ?

Le joueur fautif assiste bien sûr à l’audience à laquelle il est convoqué. L’accompagnent le directeur général de son équipe ainsi que son agent ou son conseiller juridique. Un représentant de l’Association des joueurs (AJ) participe également à la rencontre, tout comme un représentant de haut rang du département de la sécurité des joueurs (DSJ).

Comment l’audience se déroule-t-elle ?

En fait, une audience disciplinaire vise principalement à interroger le joueur fautif et ses représentants. Ainsi, le représentant du DSJ fait valoir son point de vue au joueur, et celui-ci prend ensuite la parole. Son directeur général et son agent peuvent ensuite ajouter leur opinion sur la situation. Une fois l’entrevue terminée, le DSJ peut rendre son verdict.

Le joueur victime du geste fautif peut-il exposer son point de vue ?

Non. Et c’est ici que le processus prête flanc à la critique. Alors que les deux joueurs impliqués dans un incident sont membres de l’AJ, le représentant de l’Association sur place est chargé de s’assurer que tout se déroule conformément à la convention collective liant la ligue aux joueurs, a rappelé sur Twitter, jeudi, l’influent agent Allan Walsh. Par contre, le joueur victime du geste répréhensible et son directeur général n’ont pas voix au chapitre. « Ce n’est pas une question de défendre l’un ou l’autre. On n’est pas un procès criminel », précise à ce sujet Paul Byron, représentant du Canadien au sein de l’AJ. Byron s’est lui-même soumis au processus en janvier 2019 à la suite d’un assaut sur MacKenzie Weegar, des Panthers de la Floride. Le joueur du Canadien avait alors écopé d’une suspension de trois matchs.

Un joueur puni peut-il interjeter appel ?

Oui. Récemment, Nazem Kadri, de l’Avalanche du Colorado, s’est prévalu de ce droit après avoir écopé de huit matchs de suspension pour un coup à la tête de Justin Faulk, des Blues de St. Louis. Le dossier atterrit alors sur le bureau du commissaire de la LNH, Gary Bettman, ou bien il peut être confié à un arbitre indépendant si la peine est supérieure à six parties – c’est ce qui s’est produit dans l’appel de Kadri, dont la suspension initiale a finalement été maintenue. C’est l’AJ qui l’a représenté dans cette partie du processus.